Elle est catégorique : elle ne roule pour personne, mais agit selon ce que lui dictent les règlements du Parlement. La Speaker Maya Hanoomanjee avance qu’elle a dû consulter le Leader of the House pour qu’il enclenche les procédures menant à l’expulsion du leader de l’opposition pour deux séances consécutives.
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Après de longues vacances, vous attendiez-vous à une rentrée parlementaire aussi houleuse mardi dernier ?
La Speaker travaille toujours dans un cadre bien défini, soit selon les règlements et les pratiques qui régissent les travaux parlementaires. Reprise ou pas, une séance parlementaire peut devenir houleuse si les élus font fi des règlements et ne respectent pas l’autorité de la présidente. En tant que Speaker, je me dois de faire face à toute éventualité, y compris le risque de me retrouver confrontée à un Parlement houleux, comme cela a été le cas mardi dernier.
Venons-en à l’expulsion du leader de l’opposition. Qu’est-ce qui vous a mise hors de vous pour lui ‘order out’ ?
D’abord, permettez-moi de dire que la question à l'effet qu’il y a eu quelques chose qui m’a mise hors de moi lors de cette séance ne se pose nullement. À un certain moment, lors de la Private Notice Question (PNQ), j’ai informé le leader de l’opposition que je lui accordais deux questions additionnelles afin d’équilibrer le temps réparti, ce à quoi il a exprimé sa désapprobation, tout en restant debout.
Selon les ‘standing orders’ du Parlement, quand un(e) Speaker ‘is on his/her feet’, les parlementaires se doivent de rester en position assise…
Je me suis levée pour m’adresser au leader de l’opposition. Ce dernier est resté debout. Je lui ai demandé de reprendre sa place - comme stipulé par le Standing Order 39 - en pas moins de neuf occasions. Pendant cet échange, j’ai aussi rappelé au leader de l’opposition qu’en tant que parlementaire chevronné, il devrait connaître les règles et, qu’en restant debout, il se mettait en situation de confrontation avec la présidence.
Et le leader de l’opposition n’en a eu cure…
Sur l’insistance du leader de l’opposition de ne pas se résoudre à reprendre sa place, je lui ai lancé un ultime appel pour qu’il ne se confronte pas à la présidence, sinon je serais dans l’obligation de prendre les mesures qui s’imposent.
Il vous a quand même défié en conservant la position debout ?
Le leader de l’opposition a, à ce moment-là, lancé : « Je n’ai pas de respect pour vous, madame la présidente ». À la suite de cette remarque, je n’avais d’autre choix que de l’expulser. Je tiens à souligner le fait que j’ai dû répéter cet ordre à six reprises. En vue du refus du leader de l’opposition de se soumettre à cet ordre, en plus de l’irrévérence démontrée à l’égard de l’autorité de la présidence, j’ai été contrainte de suspendre la séance.
Dans un tel cas de figure, la décision de 'naming' était devenue inévitable»
Au sein de l’opposition si, sur le principe du comportement, ses membres condamnent le leader de l’opposition pour ce qu’ils qualifient de manque de respect à l’égard de la présidence, ils arguent cependant qu’il y a eu concertation avec la majorité pour prendre une telle décision qualifiée de télécommandée. Que leur répondez-vous ?
Selon les procédures, je me devais de considérer toutes les options possibles pour résoudre cette situation. J’ai alors eu des consultations avec les membres du personnel de l’Assemblée nationale. La solution dans une telle situation était d’avoir recours aux provisions du Standing Order 48, qui consistent à name le leader de l’opposition, ce qui débouche sur une suspension du parlementaire comme stipulé par le Standing Order 49.
Le couperet est donc tombé…
Cela dit, avant de prendre une telle mesure, considérée comme drastique, et vu que je suis pertinemment consciente de l’importance du rôle d’un leader de l’opposition au sein de l’hémicycle, j’ai entamé la démarche de le convaincre de mettre fin à cette attitude de confrontation et je l’ai donc convoqué à mon bureau.
Les choses se sont-elles tassées après ce tête-à-tête ?
À la suite d’une longue réunion, le leader de l’opposition a affirmé qu’il n’avait nullement l’intention de présenter des excuses à la présidence, mais qu’il était d’accord pour quitter l’hémicycle. Par la suite, j’ai été informée par le Sergeant-at-Arms que le leader de l’opposition a signifié son intention de ne pas quitter l’hémicycle. Dans un tel cas de figure, la décision de naming était devenue inévitable. Cette décision doit être immédiatement suivie d’une série de motions procédurales du Leader of the House pour réclamer la suspension. Vu la complexité de cette procédure, il a fallu que j’informe le Leader of the House, en l’occurrence le Premier ministre, et l’inviter à se préparer pour présenter les motions appropriées, selon le Standing Order 49.
L’opposition avance que c’est pour protéger la majorité des PNQs et autres PQs de sa part que vous avez renvoyé le leader de l’opposition. Commentaires…
Cette affirmation n’est nullement crédible. Je ne peux prévoir le comportement ou la conduite d’un parlementaire, y compris celui du chef de l’opposition. Quitte à me répéter, j’agis strictement dans le cadre des règlements de la Chambre. Je vous fais remarquer que j’ai essayé par tous les moyens possibles d’éviter cette situation qui a mené à l’expulsion et la suspension du chef de l’opposition. Je vous rappelle aussi que, lors de ma prise de fonction comme Speaker, je me suis engagée à servir la Chambre en toute impartialité, garantissant les droits de tous les parlementaires, sans distinction. D’ailleurs, depuis le début de la session parlementaire, il n’y a eu aucune restriction quelconque sur les droits des parlementaires de poser des questions. Je tiens aussi à faire ressortir, qu’à chaque fois que le besoin s’est fait sentir, j’ai toujours accordé du temps additionnel au leader de l’opposition en ce qui concerne les PNQs.
Le député travailliste Shakeel Mohamed avance que les Standing Orders stipulent que vous pouvez ‘name’ un élu s’il y a un brouhaha, mais pas quand le calme est revenu. Serait-ce le cas ?
Je pense que ce député se trompe dans son interprétation des Standing Orders. Si un député qui a été expulsé choisit de demeurer dans l’hémicycle, cela en lui-même constitue un outrage à l’autorité de la Speaker et au règlement régissant la Chambre. Dans un pareil cas, même si le calme est revenu, les Standing Orders autorisent la Speaker de name le député fautif. Et tel a été le cas pour le chef de l’opposition.
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