Le pays compte 41 087 travailleurs étrangers. Si certains sont bien logés et nourris, d’autres sont quasi réduits à l’esclavage. Le ministère du Travail a enclenché la réforme pendant que les syndicalistes grognent.
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«Esclave enn lot esclave. » C’est la situation de certains travailleurs étrangers sur notre sol. Plusieurs plaintes ont été déposées au ministère du Travail et les syndicalistes appellent à plus d’ordre dans le secteur. Certains ouvriers sont logés dans des conditions déplorables, tandis que d’autres sont battus et séquestrés.
En 2017, le ministère du Travail a reçu 603 plaintes concernant 1 279 travailleurs. Parmi : les plaintes du syndicaliste Faizal Ally Beegun. Il a dénoncé les agissements d’un boulanger de la région portlouisienne pour maltraitance sur un employé bangladais.
Un employé d’une boulangerie du centre a accepté de nous rencontrer. « À chaque fois que je fais mal un travail, je prends des coups », témoigne Muktar. Le Bangladais dénonce l’attitude inhumaine de certains patrons.
Outre le fait d’être mal logé, le jeune homme dit qu’il est agressé par son patron. « Il est en colère quand je prends un congé. Je travaille dans son entreprise, mais je dois aussi nettoyer sa cour, laver les voitures ou porter ses courses. » Il est à Maurice depuis trois ans et dit respecter son patron. « Je dois travailler pour rembourser mes dettes. J’ai payé Rs 350 000 à un agent pour me faire embaucher à Maurice. »
L’histoire d’Islam est encore plus tragique. Après trois ans passés à Maurice, son agent l’a renvoyé au Bangladesh, car il a refusé de changer de patron. Islam, 33 ans, travaillait pour un boulanger depuis décembre 2017. En février, son agent a voulu le transférer chez un autre boulanger, mais il a refusé. Il lui a alors fait comprendre que son patron n’avait pas de permis pour l’employer. Islam a résisté et son agent l’a fait déporter le lendemain. Ce dernier a quitté le pays avec pour seuls bagages ses vêtements et son passeport. Faizal Ally Beegun indique qu’il existe de nombreux cas de ce type dans le pays. Il en a rapporté certains, mais d’autres demeurent cachés.
Dans une maison des Plaines-Wilhems transformée en dortoir, les matelas datent de plus de dix ans et sont infestés de parasites. Quant aux vieux ustensiles de cuisine, ils n’ont pas été remplacés. « Dans certains dortoirs, 15 ouvriers s’entassent dans une chambre », affirme Faizal Ally Beegun. Ces ouvriers travaillent nuit et jour. Muktar raconte qu’il travaille pour son patron nuit et jour et il travaille secrètement pour un laveur de voitures. Les dimanches, il se rend à Port-Louis pour transférer ou verser ses gains à la banque. Son salaire, il l’envoie au Bangladesh et il vit des seuls revenus obtenus du lavage de voitures.
Une source au ministère souligne que les inspecteurs du département des travailleurs immigrés sont intervenus dans 603 cas. Un accord est en préparation entre Maurice et le Bangladesh pour réguler davantage le secteur. La façon d’opérer des agents sera réglementée et les normes d’accueil revues et surveillées de plus près.
«Je me suis attaché à eux»
Yogesh Munohur, un boulanger de Triolet, dit qu’il tient à ses ouvriers étrangers. L’un d’eux a dû rentrer au pays le mois dernier et il est à sa recherche pour lui demander de revenir travailler pour lui. « Ce sont de bons travailleurs. Ils sont honnêtes et gentils », affirme l’entrepreneur. Yogesh Munohur loue une maison de plus de 150 m2 à Rs 5 000 par mois pour ses quatre ouvriers. Il paie pour leur nourriture et leurs heures supplémentaires. L’entrepreneur dénonce l’abus des agents qui recrutent et renvoient à leur guise des travailleurs étrangers dans leur pays.
Présents dans tous les secteurs
Les travailleurs étrangers se retrouvent dans tous les secteurs d’activité du pays : secteur manufacturier, services de livraison, supermarchés et restaurants, entre autres. Nombre de permis par secteur :
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Nombre de permis par pays
(le Bangladesh a le plus de ressortissants à Maurice avec 23 673 travailleurs, suivi de l’Inde)
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