Quand le mauvais temps persiste, plusieurs personnes sont contraintes au chômage technique. Comment font-elles face à la situation ?
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« Des pêcheurs déplorent que leurs démarches auprès du ministère de la Pêche soient restées vaines »
Qu'ils soient pêcheurs, maçons, jardiniers, peintres en bâtiment et autres, ils sont liés par un même destin. Ils sont au repos forcé chaque fois que Dame Nature fait des caprices. Maçon, Jean-Noël ne travaille pas depuis décembre dernier à cause du mauvais temps. Si cette situation persiste, il risque de se retrouver à court d'argent. « Heureusement que j'ai mis un peu d'argent de côté pour les jours difficiles. » C’est la même situation chaque année.
Pourquoi les maçons ne peuvent travailler quand le temps est inclément ? Jean-Noël évoque plusieurs raisons dont l’accumulation d'eau dans les tranchées si les travaux sont toujours au stade de la fouille. « Il faut attendre qu'elles soient asséchées pour pouvoir travailler. Quand il pleut, on ne peut non plus poser des briques car il y a un grand risque que l’eau de pluie dilue le mortier, fragilisant ainsi l'ossature du bâtiment. De même, il est impossible de faire des travaux de crépissage, surtout à l'extérieur. Ce qui fait que les maçons se retrouvent au chômage technique quand il pleut à verse », dit-il.
D'autres petits boulots
Jean-Noël concède qu'il redoute la saison pluviale, d'autant qu'il est père de famille et qu'il a des engagements à respecter. « Dans le temps, pour me faire un peu d'argent, je n'ai pas hésité à travailler comme marchand ambulant pour le compte d'un ami. Aujourd’hui, je ne peux le faire car la loi est plus sévère. » Il confie qu'à un certain moment, il voulait se lancer dans la pâtisserie mais après mûre réflexion, il a décidé de se tourner vers la menuiserie. Et d'expliquer que c'est plus facile d'autant qu'il pourra travailler en collaboration avec des entrepreneurs en construction.
Peintre en bâtiment, Henri se retrouve aussi au chômage technique quand il pleut. Pour faire face à cette situation, il travaille avec son cousin dans un atelier de menuiserie mais le travail n'est pas régulier, car ce dernier fait lui aussi face à des périodes difficiles, faute de commandes. Il fait part que, dans le passé, il a opéré comme taxi marron pour faire vivre sa famille. « Kan ou dans difé, ou bizin faire tout pou trace ou la vie pou capav nourri ou fami. » À l’avenir, il envisage de se lancer dans la vente de boulettes.
Le précieux document
La vie n'est pas plus facile pour Nazma, femme pêcheur qui n'a pas pris la mer depuis octobre dernier. Elle est d'autant plus affectée, car son mari et son fils sont aussi pêcheurs. Elle confie qu'il ne leur reste que quelques centaines de roupies pour leurs dépenses. Une situation pénible car ses deux filles sont au collège. « Je n'ai même pas les moyens de payer des leçons particulières de ma fille aînée qui est en HSC », se plaint cette mère de famille.
De plus et malgré toutes ses démarches, elle n'a toujours pas sa carte de pêcheur. Ce qui lui aurait permis de toucher une allocation pour le mauvais temps. Elle a suivi un cours de formation à l'école de pêche de Pointe-aux-Sables en vue d'obtenir sa carte. Elle s’insurge contre le fait que quatre mois après, elle ne l'a toujours pas eue.
Tout comme elle, une quinzaine d’autres pêcheurs, dont son fils Jason, qui ont suivi ce cours de formation, attendent toujours ce précieux document. Ils ne comprennent pas ce retard et déplorent que toutes leurs démarches auprès du ministère de la Pêche soient jusqu'ici restées vaines. Cette carte leur aurait permis non seulement de toucher l'allocation due aux pêcheurs en cas de mauvais temps mais d'obtenir aussi des emprunts bancaires pour l'achat de pirogues.
Les forces de la nature
Rakesh, pêcheur de Mahébourg, est lui aussi immobilisé sur terre depuis le début de l'année. Il explique qu'il est très dangereux de prendre la mer durant cette période de grosses vagues. En plus de vingt ans de carrière, il avoue qu'il a failli se faire prendre par la mer à plusieurs reprises. « L'homme ne peut indéfiniment lutter contre les forces de la nature », dit-il.
Des pêcheurs de sa connaissance ont pris la mer pour ne plus revenir. Rakesh bénéficie de l'allocation de pêcheur quand il ne peut prendre la mer en raison des conditions climatiques. Il avoue que ce n'est pas suffisant pour nourrir sa famille. Ce qui explique qu'il cumule de petits boulots comme aide-maçon, jardinier et autres pour gagner quelques sous.
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