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Mauritius Society Renewal : le Think Tank passe à l’action

Lancé en mars, le Mauritius Society Renewal entame ses premiers pas. En cinq mois, le Think Tank pour la promotion de l’engagement citoyen a lancé son site Web, constitué son Advisory Board et dressé un calendrier d’activités. Autant d’actions pour encourager le citoyen à prendre son destin en main.

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L’engagement citoyen : comment et pourquoi ? C’est sur ce thème que le Mauritius Society Renewal (MSR) a tenu sa première d’une série de rencontres et de dialogues le 17 août sur le campus de Réduit. « L’idée est d’avoir une conversation ouverte sur des thématiques très pointues, surtout dans le sillage des 50 ans de l’indépendance du pays », explique Roukaya Kasenally, fondatrice du MSR, avec Sheila Bunwaree et Manisha Dookhony.

Une trentaine de personnes – étudiants, académiciens, anciens politiciens, chefs d’entreprise, chroniqueurs et travailleurs sociaux – ont répondu présent à cette première invitation. Ils ont eu droit à deux interventions édifiantes de deux fervents défenseurs de la démocratie : le Dr Balasubramaniam Ramaswami de l’Inde et Saffiyah Chady Edoo.

« Démocratie bafouée »

Le Dr Balasubramaniam Ramaswami, médecin de formation, qui se consacre désormais à la promotion de l’engagement citoyen, est revenu sur son expérience indienne pour expliquer comment engager le citoyen. Il a souligné la nécessité de le faire. « Dans ce monde où la démocratie est trop souvent bafouée, il n’y aura pas d’amélioration tant que le citoyen ne s’engagera pas », a-t-il indiqué. Selon lui, en Inde, comme partout ailleurs, les gouvernements ont trop souvent tendance à décider des policies sans penser aux citoyens, peu importe si cela répond ou non aux aspirations et aux besoins du peuple. « Democracy is an animal that we need to tame », a martelé le médecin.

Il incite le citoyen à ne plus tout accepter docilement et à demander des comptes aux dirigeants. Questionner les décisions, faire entendre sa voix, réclamer justice… « C’est important de réagir et de rétablir le jeu du pouvoir. Dans une démocratie, nous devons avoir le pouvoir sur le gouvernement. » Le conférencier a ajouté que tout citoyen étant un Tax Payer – sur le salaire ou à la consommation – c’est de sa poche que provient le salaire des dirigeants. « Le gouvernement nous est donc redevable. Il est là pour nous servir. Tant qu’on n’aura pas compris cela, rien ne changera. »

« Concentisation »

Psychologue de formation, professionnelle de la communication, activiste et chroniqueuse, Saffiyah Chady Edoo, a abondé dans le sens du Dr Balasubramaniam Ramaswami. Elle estime que le Mauricien doit prendre conscience du fait qu’il est grand temps qu’il cesse de rester dans son coin en espérant qu’un autre se chargera de changer les choses. « On se complaît dans un système sans être conscient que nous avons le pouvoir de changer les choses. » Pour changer la donne, dit-elle, la conscientisation doit commencer dès le plus jeune âge, soit sur les bancs de l’école.

La conférencière note aussi un « malaise latent » au sein de la société, largement caractérisé par la manière dont on est gouverné. « On n’aime plus la façon dont on est gouverné mais on n’arrive pas à sortir de ce marasme. » Face à ce constat, Saffiyah Chady Edoo rappelle au citoyen  qu’il possède « le grand outil » qui est le vote. « C’est notre pouvoir et  le moyen d’expression pour ceux qui ne peuvent pas s’exprimer ouvertement. C’est un argument puissant. Nous ne pouvons pas avoir peur de ceux que nous avons nous-mêmes mis au pouvoir pour nous servir…Ce sont eux nos employés, pas le contraire. »

Roukaya Kasenally : «Nous organiserons des Town Hall Meetings à travers l’île»

■ En cinq mois d’existence, le Think Tank a pensé à quoi ?
Nous ne nous sommes pas contentés de penser. Nous avons créé notre site Web avec une série de vidéos sur le « système ». Il s’agit en quelque sorte d’un moyen de debunking of the traditional wisdom. Ce sont des vidéos de questionnement, d’explications et d’information sur la démocratie, la Constitution, l’évolution de la politique à Maurice, la République, le Parlement… Nous avons aussi constitué notre Advisory Board qui comprend dix membres, des activistes locaux et internationaux ainsi que de la diaspora mauricienne, présidé par l’ancien président de la République Cassam Uteem. Nous prévoyons aussi, le 2 septembre, une demi-journée de réflexion sur la Constitution.

■  Proposer des réflexions, quelle que soit leur pertinence, ne serait-il pas qu’un divertissement intellectuel, si elles ne touchent  pas la masse ?
Justement pour toucher le plus grand nombre et d’ici la fin de l’année, nous organiserons des Town Hall Meetings à travers l’île. Avec le soutien des Citizens Advice Bureaux, nous réunirons les gens pour diversifier et démocratiser l’information. Nous sommes conscients du fait que tous les gens ne connaissent pas leurs droits fondamentaux et les tenants de la société mauricienne. Cette décentralisation s’inscrit dans une logique visant à toucher le plus grand nombre pour dessiner cette vision collective qui sera un peu le Blue Print de la société civile initié par le MSR.

■  Vous pensez que le citoyen lambda serait prêt à se mobiliser en ce sens, sans briani ni pique-nique ?
Les gens sont dégoûtés des promesses non tenues et des grandes annonces jamais concrétisées. Un ras-le-bol du musical chair de la classe politique avec les mêmes partis et des coalitions avec les mêmes têtes. La population est frustrée et une grande partie, surtout les jeunes, ne se sent plus partie prenante de la chose politique. Et ce n’est pas qu’à Maurice.

Il faut donc voir notre démarche comme l’occasion de claim back la politique. Car finalement, si on se désintéresse, c’est le politics as usual qui perdurera. Je pense que bon nombre de partis politiques traditionnels, à travers le monde, ont reçu ce wake-up call. On l’a vu en Grande-Bretagne, en France, le Black Crash avec Trump. Il y a un espace à prendre. C’est le moment de le faire pour les jeunes. Il faut agir. Je pense que tout citoyen  responsable doit se demander comment il peut faire partie de ce changement. Ce n’est qu’avec l’implication du citoyen que la transformation va se faire.

 

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