Après l’enregistrement des premiers cas de Covid-19 à Maurice, le pays est passé en confinement national, rendu effectif à 6 heures le vendredi 20 mars. Ce ‘lockdown’ de deux semaines a pour but de limiter les risques de contamination. Ainsi, les Mauriciens doivent revoir leurs habitudes quotidiennes. Entre distanciation sociale, télétravail et confinement, chacun essaie d’y trouver son compte. Le Dimanche/L’Hebdo donne la parole à quelques Mauriciens.
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« Depuis un an, je travaille à distance de façon constante. Donc, le Work-from-Home est devenu une habitude. Toutefois, je ne cache pas que de gérer mon équipe par rapport à la crise sanitaire causée par le Coronavirus à Nairobi est assez difficile d’ici »
Lohinee Parmessur : « Le télétravail, ma seule option pour gérer mon équipe à Nairobi »
Avoir du désinfectant pour les mains sur elle n’est pas une chose nouvelle pour Lohinee Parmessur, une jeune directrice de Scale Up Operations. La nature de sa profession consiste à rencontrer de nouvelles personnes et d’aller dans de nouveaux endroits au quotidien. Établie au Kenya, elle est rentrée à Maurice il y a quelques jours. « J’avais déjà envisagé de rentrer à la maison pour voir mes parents. Mais, lorsque le président Kenyatta a imposé la distanciation sociale et a mis le pays en confinement, mon voyage à Maurice ne pouvait mieux tomber. Je me suis dit que dès le premier cas du Covid-19 apparaît au Kenya, je saute dans le premier avion pour Maurice. Je fais plus confiance au système de santé de mon pays natal », renchérit Lohinee Parmessur. La jeune femme de 27 ans avoue qu’elle s’est aussi posée la question si elle devait rester au Kenya pour soutenir son équipe au boulot.
Mais une fois à Maurice, la jeune cadre indique que cette appréhension s’est envolée. Car pour elle, c’est plus rassurant d’être entourée de sa famille à la maison pour faire face à cette pandémie mondiale que de rester seule dans son appartement à Nairobi. « Depuis un an, je travaille à distance de façon constante. Donc le Work-from-Home est devenu une habitude. Toutefois, je ne cache pas que de gérer mon équipe par rapport à la crise sanitaire causée par le Coronavirus à Nairobi est assez difficile d’ici », poursuit-elle.
La jeune femme vante aussi les avantages du travail à domicile. « Je suis très heureuse que nous soyons à un stade où les progrès technologiques rendent la vie beaucoup plus facile. Ainsi, de Maurice, je peux passer des appels et suivre le travail de mon équipe à Nairobi », affirme Lohinee Parmessur. Et de partager dans un éclat de rire que cela ne lui prend que cinq minutes pour se préparer pour commencer à travailler contrairement à des heures pour se rendre à son bureau à Nairobi. Mais le plus fun, dit-elle, est de pouvoir travailler… de son lit. Ainsi, en développant un rythme de travail plus cohérent, la jeune professionnelle indique qu’elle trouve aussi plus de temps à passer en famille ou pour faire du jogging, contrairement à sa vie à Nairobi. « Les choses sont plus pratiques lorsqu’on est en mouvement, mais c’est en changeant ma façon de penser et de me comporter que j’arrive à travailler à distance », dit-elle.
« Je ne suis pas vraiment anxieuse. Compte tenu de la façon dont le virus s’est propagé à travers le monde, ce n’était qu’une question de temps pour Maurice »
Quid de l’anxiété ?
« Je ne suis pas vraiment anxieuse. Compte tenu de la façon dont le virus s’est propagé à travers le monde, ce n’était qu’une question de temps pour Maurice. Mais je m’inquiétais plus pour mes parents et ma sœur à cause de la nature de leur travail. Mais là avec le lockdown, je suis plus rassurée », dit Lohinee Parmessur. Et d’ajouter : « La distanciation sociale est une pratique nouvelle, elle est essentielle à l’heure actuelle si nous voulons contenir le virus. Au lieu de faire un stockage fou de nourriture et d’autres produits qui n’aident pas vraiment, tout un chacun devrait en tant qu’adulte responsable continuer à respecter les règles d’hygiène. À ceux qui pensent qu’ils ont pu avoir été en contact avec des personnes infectées, je leur demande de considérer l’auto-quarantaine ou avoir recours aux soins de santé afin de ne pas mettre d’autres personnes en danger ».
Pour finir, elle dira aussi qu’au lieu de partager de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux, tous devraient partager plus d’histoires positives en ce moment pour créer de l’espoir chez les gens et réduire la panique qui s’est installée lorsque la pandémie a touché Maurice.
Nitin Hurry : « En mode distanciation sociale, j’essaie de rester productif »
Âgé de 22 ans, Nitin Hurry est un développeur Web pour une compagnie française. Depuis peu, sa vie au boulot a changé de décor de midi à 21 heures. Et ce n’est plus en tenue classique, assis à son bureau, qu’on le retrouve mais plutôt sur son sofa. Effectivement, face à l’urgence sanitaire, la compagnie privilégie le Work-from-Home depuis le lundi 16 mars 2020. Pour Nitin Hurry, c’est une façon de rester productif, tout en appliquant la règle de la ‘Social Distancing’ aussi bien pour sa propre sécurité que pour celle des autres. Bien que le télétravail soit une toute nouvelle expérience pour lui, le jeune homme indique qu’il y a certainement moins de pression pour faire son boulot. « Plus besoin de courir pour rattraper l’autobus afin d’être à l’heure au bureau. En sus, étant dans mon propre environnement, je me sens plus à l’aise, car tout est à ma disposition à n’importe quel moment et je peux également aménager mon espace de travail à ma manière », exprime-t-il.
Ashley Nunkoo : « Ma santé, encore plus ma priorité »
La pandémie du coronavirus à Maurice exige que tout un chacun y mette du sien pour limiter les risques de contamination. Mais encore de développer des capacités mentales et physiques plus fortes pour renforcer son système immunitaire, affirme Ashley Nunkoo (23 ans). Au lieu d’aller au stade ou au gymnase, il a décidé, lui, de faire ses exercices physiques de façon régulière à la maison. « D’une part, pour rester en bonne santé et, de l’autre, pour éviter tout contact humain ». Le jeune homme, qui vit dans le Sud, ajoute qu’il a revu son alimentation en consommant plus d’aliments riches en vitamines, potassium, fibres et agents anti-inflammatoires. « Ce sont des mesures que j’ai adoptées après avoir lu quelques rapports d’experts sur le coronavirus et son fonctionnement », renchérit-il. Il dit aussi accorder une importance particulière à la réhydratation de son corps, en buvant beaucoup d’eau au quotidien. Cela plus que d’habitude. « Ne cédez pas à la psychose ou à la panique. Évitez les achats compulsifs, pensez aux autres. Suivez également les règles d’hygiène pour protéger les autres autant que vous-même », conclut-il.
Masqué, Ashish Rughoobur maintient la ‘positive attitude’
Ce jeune Make-up Artist, habitant Bramsthan, travaille avec le public au quotidien. Mais pandémie oblige, Ashish Rughoobur (20 ans) a revu ses habitudes en redoublant d’attention à la maison et au boulot. Ainsi, il multiplie l’usage de désinfectants pour les mains après chaque séance de maquillage. En public, il le fait davantage. « Pour ma santé, je bois beaucoup plus d’eau et je prends encore plus de vitamines que d’habitude », renchérit le jeune homme. Il essaie aussi autant que possible de ne pas paniquer face à l’éclosion de la pandémie à Maurice. Il conseille aux autres d’en faire autant et de maintenir un état d’esprit positif. Par ailleurs, la vidéo d’Ashish Rughoobur avec son masque faisant état des consignes d’hygiène n’est pas passée inaperçue sur les réseaux sociaux. Connu pour son look unique en son genre au quotidien, le jeune homme met la protection à la page tendance pour éviter tout risque de contamination.
Darsheena Kowlessur : « Je vois l’éducation virtuelle autrement »
Si le concept des cours enregistrés n’est pas totalement nouveau pour les élèves de Curtin Mauritius, c’est bien la première fois que ces étudiants accèdent à leur cours en ligne. Étudiante en Banking & Finance à Curtin Mauritius, Darsheena Kowlessur (22 ans) indique qu’elle suit ses cours en ligne depuis la fermeture des écoles et des universités en réaction au Covid-19. « Notre première classe virtuelle s’est faite sur une plateforme différente. J’étais impressionnée car il n’y a aucune différence avec une classe normale. J’avais des appréhensions au départ par rapport à l’interaction sur cette plateforme. Mais en voyant que les classes en ligne nous permettent d’interagir et de poser des questions à nos lecturers, ma vision de l’éducation virtuelle a totalement changé », souligne-t-elle. Cependant, elle concède qu’il manque quelque peu l’élément émotionnel et social. Toutefois, elle et les autres étudiants feront de leur mieux pour s’adapter à cette nouvelle forme d’apprentissage pour le rattrapage des cours. « Ces classes en ligne, spécialement durant cette pandémie, nous protègent et nous permettent d’apprendre. En ce moment de crise, il faut juste être compréhensif et faire avec jusqu’à ce que la situation s’améliore », conclut Darsheena Kowlessur.
En Angleterre - Droussila Vythelingum : « Je risque de me retrouver sans le sou »
D’origine mauricienne, Droussilla Vythelingum (38 ans) travaille dans une école primaire, à travers une agence de recrutement en Angleterre. Comme les écoles fermeront dès ce lundi 23 mars 2020, l’enseignante de 38 ans, mère de deux enfants, se retrouve dans une situation doublement difficile. « Comme les enfants seront à la maison à partir de ce lundi et que les sorties sont restreintes, il va être difficile de trouver des activités pour les divertir. Je vais entendre des « je m’ennuie » à longueur de journée. Même, si pour l’instant, Londres n’est pas confinée, on s’y prépare. Ne pas pouvoir rendre visite aux proches va être une grande contrainte », dit-elle. Sur le plan financier, cela va être difficile pour elle, du fait qu’elle travaille dans une école à travers une agence. « Pas de revenu donc pour moi. Les temps seront durs. Il y a également le côté psychologique. Mais je n’ai pas d’autre choix que de me réadapter du mieux que je peux aux circonstances », conclut-elle.
En France - Dany Candasamy : « Je m’improvise enseignant pour mes enfants »
Actuellement en phase trois de la pandémie du Coronavirus, la France est à l’étape du confinement exigé par l’État. D’origine mauricienne, Dany Candasamy a 40 ans. Père de famille, il explique qu’il n’a pas le choix que de s’improviser enseignant afin que ses enfants puissent continuer à suivre leur programme scolaire. « Nous avons aussi un document à imprimer si nous voulons sortir de la maison pour les motifs suivants : aller chez le médecin, faire des courses d’aliments de base ou aider nos proches en cas de besoin. Confinés, nous en avons tous assez. Mais nous prenons notre mal en patience et essayons de notre mieux de modifier nos habitudes quotidiennes », conclut-il.
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