Actualités

Maurice : à la conquête des productions étrangères

Tere Intezaar Le film Tere Intezaar, avec Sunny Leone et Arbaaz Khan, a été partiellement tourné à Maurice l’an dernier.

L’île Maurice se positionne comme la destination privilégiée des grosses productions cinématographiques. Le Film Rebate Scheme et d’autres initiatives du Board of Investment, de la Mauritius Film Development Corporation, de la Mauritius Tourism Promotion Authority, etc. attirent les tournages sur notre sol.

Publicité
Nanda Narrainen,
du Board of Investment, avance des chiffres.

Le Board of Investment (BoI) a approuvé treize projets à hauteur de Rs 1,3 milliard, rien que pour l’année 2017. Les chiffres sont avancés par Nanda Narrainen, Officer in Charge du département Film Industry du BoI.

« Le Film Rebate Scheme (FRS) a été introduit en 2013. Depuis, nous avons validé 76 projets pour un investissement de Rs 2,8 milliards. Parmi, 55 films sont déjà complétés et leurs producteurs ont investi pas moins de Rs 800 millions à Maurice », ajoute Nanda Narrainen.

Il explique que le BoI agit comme un régulateur et un facilitateur depuis la mise en place du FRS. Le but étant d’attirer des tournages internationaux à Maurice. Le BoI se positionne également comme un one-stop shop.

« Le film hollywoodien Serenity nous a permis de tester l’efficacité de nos services one-stop shop. Nous avons fait de notre mieux pour leur accorder les permis, les autorisations de tournage et l’extension de visas, entre autres, en moins de 48 heures », dit-il.

Les meilleures conditions possibles

Serenity sera tourné entièrement à Maurice et le tournage devrait durer plus de 90 jours. Pour offrir les meilleures conditions de travail possible aux Américains, le BoI, avec l’appui du bureau du Premier ministre, a revu certains règlements.

D’après l’Officer in Charge, le BoI s’attendait à recevoir environ Rs 900 millions avec les tournages internationaux cette année. « Les chiffres officiels seront communiqués d’ici octobre, mais nous pouvons dire que nous avons largement dépassé notre objectif. Les nouvelles mesures adoptées depuis l’année dernière, ainsi que la hausse du FRS de 30 % à 40 %, ont commencé à porter leurs fruits », confie-t-il.

Le Premier ministre Pravind Jugnauth, entouré de Diane Lane et Matthew McConaughey lors du lancement du film « Serenity ».

De plus, la rapidité avec laquelle le BoI approuve l’éligibilité au FRS séduit les producteurs. « L’équipe de tournage de Serenity est venue chez nous après s’être documentée. Elle est impressionnée par notre façon de faire les choses, alors que, dans d’autres pays, le décaissement des fonds peut prendre plusieurs mois. Ici, l’approbation est donnée en quelques jours. La confiance s’installe peu à peu entre Maurice et Hollywood », fait comprendre notre interlocuteur.

L’Inde occupe la plus grosse part des tournages à Maurice, soit 44 %. Selon Nanda Narrainen, un lien spécial entre la Grande péninsule et Maurice a toujours existé.

« De nombreux films indiens contiennent des séquences romantiques et les paysages de notre île se prêtent parfaitement au jeu. À partir du lundi 17 juillet, une équipe du BoI se rendra à Mumbai, Chennai et Hyderabad pour une campagne de promotion », annonce-t-il. Il explique que ces deux dernières destinations commencent à se délocaliser pour les tournages et qu’il est important que Maurice soit sur place pour se faire remarquer.

Si Maurice continue à attirer des productions étrangères, l’industrie cinématographie s’imposera rapidement comme un pilier de l’économie. « Les banques locales aident déjà au financement de Serenity. Elles ont mis en place de nouveaux produits, tout comme des compagnies d’assurance. Le développement se fait aussi avec le recrutement des talents locaux. Environ 80 Mauriciens sont sollicités pour la réalisation de Serenity. C’est une première ! D’ailleurs, nous avons dû repousser le tournage de certains projets, car nous avons peu de ressources humaines », dit d’emblée l’Officer in Charge. Il indique que les dernières mesures budgétaires promettent de remédier à cette situation. Des mesures sont aussi à prévoir pour la postproduction.

Outre les films, des séries, des téléréalités et des documentaires sont tournés sur notre sol. « Nous nous attendons à accueillir d’autres grosses productions entre août et décembre prochain. Cela pour une somme de Rs 400 millions. Pour l’instant, je ne peux pas en dire plus », poursuit-il.

Vikram Jootun, directeur de MFDC : « Deux autres films de Bollywood sont attendus »

« Pas moins de trois longs-métrages mauriciens sortiront en salle cette année »

La Mauritius Film Development Corporation (MFDC) est constamment sous les feux de projecteurs, depuis que Vikram Jootun assure le poste de directeur. Il annonce que deux grosses productions de Bollywood seront bientôt à Maurice, mais il n’est pas en mesure de divulguer les titres. En ce moment, trois tournages ont lieu : Island Doctor (film allemand), Jhootha Kahin Ka (Bollywood) et Serenity (Hollywood). D’après Vikram Jootun, c’est la première fois qu’un film de Hollywood est tourné sur l’île.

« Nous sommes heureux d’accueillir toutes ces équipes de tournage à Maurice. C’est le fruit d’un travail de longue haleine », dit Vikram Jootun. Il explique que la MFDC tient à participer régulièrement dans les festivals de film, les campagnes de promotion ou encore les cérémonies de remise des prix. Le but étant de promouvoir et de vendre Maurice comme une destination cinématographique.

« Outre la publicité, la communication est également importante. Pendant plusieurs années, j’ai travaillé en Inde en tant que réalisateur. De ce fait, je comprends la langue et la façon dont les cinéastes indiens travaillent. Ils nous font ainsi confiance », soutient le directeur de la MFDC. La corporation agit aussi comme facilitateur. Le BOI et la MFDC facilitent, en effet, les procédures et l’octroi de permis pour les tournages sur le territoire mauricien.

La MFDC va plus loin. Elle se concentre également sur la promotion des talents locaux. Des techniciens et des artistes sont repérés et sont formés. « Le développement de l’industrie cinématographique à Maurice pousse à la création d’emploi. Une équipe de tournage ne vient pas chez nous avec toute sa main-d’œuvre, car cela coûte cher. Elle va donc solliciter des talents locaux et nous sommes fiers de pouvoir leur fournir cela. Bientôt, nous pourrons également mettre des équipements à leur disposition », fait observer notre interlocuteur.

Vikram Jootun fait ressortir qu’une production internationale peut investir entre Rs 30 et 40 millions à Maurice, notamment sur l’hébergement, le transport et la rémunération des talents locaux. Il tient à préciser que l’industrie du cinéma à Maurice compte aussi sur les projets locaux. « Pas moins de trois longs-métrages mauriciens sortiront en salle cette année », annonce le directeur.

Kevin Ramkalaon : « Nous allons organiser des excursions pour les vedettes de Serenity »

« Nous mettons à la disposition des producteurs, une panoplie de facilités pour les aider lors du tournage »

Kevin Ramkalaon, le directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), révèle que l’instance apporte également son soutien aux équipes de tournage. « Quand les producteurs choisissent notre pays pour y tourner leurs films, nous leur indiquons les meilleurs spots, afin de sublimer leurs réalisations, mais aussi pour mettre la destination Maurice en valeur. »

Par ailleurs, l’équipe de la MTPA s’arrange pour aider la production pour le tournage. « Nous mettons à la disposition des producteurs, une panoplie de facilités pour les aider lors du tournage. Ce coup de pouce est toujours très apprécié par l’équipe. »

La MTPA travaille également avec les Line Producers sur la réalisation du tableau du film. Elle met aussi à la disposition des célébrités un autocar pour des excursions. « À chaque fois que des pointures du cinéma international débarquent à Maurice, nous mettons à leur disposition un car, qui leur fait visiter les sites intéressants de l’île. L’objectif, c’est qu’ils repartent chez eux et parlent de Maurice comme d’une destination de rêve. Nous allons organiser des excursions pour les vedettes de Serenity. »

Lindsay Noé : « Il nous faut former plus de Mauriciens dans ce secteur »

« J’ai vite compris que l’île Maurice avait un potentiel énorme. Et notre studio est venu répondre aux besoins techniques des productions qui commençaient à venir au pays »

Lindsay Noé est certainement l’un des premiers à avoir cru dans l’industrie cinématographique mauricienne. Et il avait bien raison, puisque ce secteur générera, d’ici peu, deux écoles de formation, un studio international et des productions hollywoodiennes.

Nous sommes en 1997. Lindsay Noé est alors président de la Mauritius Film Development Corporation (MFDC). À l’époque, il avait déjà une vision. « Dès le départ, j’ai senti que l’industrie cinématographique mauricienne pouvait être porteuse. Sauf qu’à ce moment et contrairement à aujourd’hui, le gouvernement n’y croyait pas trop. »

Un peu plus tard, il émet l’idée d’un Film Rebate Scheme (FRS) : « Au départ, nous avons commencé avec un FRS de 25 %, puis de 30 %. Puis, nous avons compris que, pour être compétitif sur le marché, il fallait monter jusqu’à 40 %, à condition de dépenser jusqu’à un million de dollars pour la production du film à Maurice. »

Croyant dur comme fer dans cette industrie, il fonde, en 2009, Tropikana Studios. « J’ai vite compris que l’île Maurice avait un potentiel énorme. Et notre studio est venu répondre aux besoins techniques des productions qui commençaient à venir au pays. On n’en était, certes, qu’aux balbutiements, mais nous allions vite atteindre notre vitesse de croisière, parce que le secteur a évolué très rapidement. »

Et Tropikana commença vite à louer ses services pour les grosses productions. « Nous avons travaillé avec les Chinois, parce que c’est un très gros marché. Puis, il y a eu des productions britanniques, le dernier en date étant la série Killing the Cure. Nous avons aussi travaillé pour des productions sud-africaines. »

Cependant, il note qu’il y a un manque de professionnels sur le marché pour répondre efficacement aux demandes des réalisateurs. « Avec la production du film Serenity, nous avons dû retarder une production étrangère pour permettre à nos techniciens de travailler sur cette réalisation hollywoodienne. C’est pour cette raison qu’il nous faut former plus de Mauriciens dans ce secteur. »

Là encore, Tropikana Studios peut prendre les devants. « D’ici peu, nous allons lancer une académie de formation de l’industrie cinématographique. Ce sera le premier en son genre dans le sens qu’en trois mois, les apprentis pourront être parfaitement efficaces sur une production. De plus, la Mauricienne Françoise Pascal, qui a eu une riche carrière en Angleterre et aux États-Unis, lancera avec nous la Françoise Pascal Acting Academy. Comme son nom l’indique, cette institution viendra assurer la formation des acteurs mauriciens. »

Selon Lindsay Noé, le pays aurait besoin de plusieurs milliers de professionnels pour répondre aux exigences des réalisations. « Dans les mois à venir, les productions cinématographiques connaîtront une nette croissance. Il nous faut plusieurs milliers techniciens pour mener à bien ces productions. »

Voyant les choses en grand, les ambitions de Lindsay Noé ne s’arrêtent pas là. Il veut voir l’implantation d’un studio international à Maurice. « Pour ce projet, nous allons travailler avec la compagnie Omnicane. Nous avons déjà repéré un bâtiment et nous avons signé avec l’Agency for Performing Art, des États-Unis. Ce studio international proposera aussi une plate-forme maritime dans le sud-est du pays pour permettre aux réalisateurs de tourner sur ou sous la mer. Ce sera une grande première dans la région océan Indien », explique-t-il.

Et ce n’est pas tout, parce que Lindsay Noé annonce le tournage d’une autre grosse production hollywoodienne en 2018. « Ce sera une production aussi grosse que Serenity. Par souci de confidentialité, je ne peux en dire plus. Toutefois, c’est clair que Serenity va nous ouvrir les portes d’Hollywood. »

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !