
À l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, plusieurs voix se sont élevées au Plaza pour dénoncer la persistance des inégalités et des discriminations. Robert Hungley et Cassam Uteem ont appelé à une refonte des valeurs et à plus de respect humain.
Publicité
La pauvreté a pris de nouvelles dimensions, sans doute plus persistantes et plus difficiles à surmonter. Pour y remédier, il faut repenser l’éducation de l’ensemble de la société, en favorisant le civisme et le respect d’autrui, sans discrimination liée au milieu social ou au lieu de résidence. Ce message a marqué le temps de réflexion et de témoignages organisé à la salle des fêtes du Plaza, à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère.
Présent pour l’occasion, le vice-président de la République, Robert Hungley, s’est dit interpellé par le fait que plus de 100 000 personnes, soit 10 % de la population, sont considérées comme pauvres à Maurice. Il a mis en garde contre une aggravation de cette situation, qui pourrait accentuer les difficultés sociales déjà présentes. Selon lui, la hausse du coût de la vie a été partiellement compensée par les aides de l’État, sans lesquelles la situation aurait été encore plus critique. Toutefois, il a déploré une redistribution inéquitable des richesses dans le pays. « Il faudrait revoir la Corporate Social Responsibility (CSR) afin qu’il soit plus efficace et qu’un maximum de personnes puissent en bénéficier », a-t-il plaidé.
Reprenant les propos du père Joseph Wresinski, fondateur du mouvement ATD Quart Monde – « Là où les hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits humains sont violés » –, Robert Hungley a rappelé que ce combat reste d’actualité. Selon lui, cette journée offre une tribune à ceux qu’on n’entend pas assez. « Chaque personne mérite dignité, peu importe ses conditions de vie. Aucun pays ne peut prétendre à la justice s’il accepte l’exclusion, la faim et la misère », a-t-il affirmé.
Le vice-président a ajouté que, si la pauvreté absolue a été déclarée éliminée sur le papier, elle demeure bien réelle dans la vie quotidienne. En 2023, 7,3 % de la population, soit 29 800 foyers représentant 101 900 personnes, vivaient encore dans la pauvreté, selon Statistics Mauritius. « La situation aurait été plus grave sans les aides sociales », a-t-il souligné.
Maltraitance institutionnelle
De son côté, l’ancien président de la République, Cassam Uteem, a dénoncé la persistance de discriminations territoriales. « Il est inconcevable qu’en 2025, un responsable d’établissement puisse dire à un parent que son enfant ne mérite pas une école huppée et devrait se contenter d’une école rurale », a-t-il lancé. Pour lui, ce type de comportement constitue une forme de maltraitance institutionnelle.
Il a appelé à agir pour la dignité humaine et contre toute forme d’exclusion. « Une personne n’a pas seulement besoin d’argent pour sortir de la pauvreté, mais aussi de dignité », a-t-il insisté. L’ancien président a évoqué plusieurs formes de maltraitance : des enfants relégués au fond de la classe « parski zot santi pi », des patients laissés des heures dans les hôpitaux, ou encore des familles contraintes d’attendre 10 à 15 ans pour obtenir un logement social. « Une des caractéristiques des pauvres, c’est l’attente systématique à tous les niveaux pour bénéficier d’un service », a-t-il résumé.
La mairesse de Beau-Bassin/Rose-Hill, Gabriella Batour, a, pour sa part, souligné son engagement auprès des personnes vulnérables, qu’elle considère comme des « amis ». « La misère touche aujourd’hui tout le monde, sous différentes formes. Elle se manifeste aussi quand les droits fondamentaux sont bafoués », a-t-elle déclaré. Elle a plaidé pour une refonte du rôle de la famille, afin qu’elle ne soit pas dépassée par la misère sous toutes ses formes.
Enfin, le président du Comité 17 Octobre, Shyam Rajendra, a rappelé que cette journée mondiale est avant tout une célébration de la dignité et du respect des personnes marginalisées par un développement économique qui les a laissées de côté.

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !