Interview

Maud Scorbiac : «Il faut avoir des systèmes de production agricole plus efficients»

Maud Scorbiac

Coordinatrice de projets à la Chambre d’Agriculture, Maud Scorbiac explique les vertus de la « smart agriculture ». Celle-ci permet une meilleure production, des retombées financières plus intéressantes pour les planteurs et garantit des produits conformes aux normes pour les consommateurs.

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En quoi consiste le projet ‘smart agriculture’ ?
C’est un projet initié en 2015 suite à plusieurs constats et a priori concernant l’agriculture, et plus particulièrement l’agriculture vivrière. Le projet se décline en deux phases. La première est un état des lieux des pratiques agricoles et phytosanitaires en vue d’établir des axes de travail et un plan pour améliorer les pratiques agricoles. La seconde est un accompagnement des producteurs dans le changement de leur système de culture afin d’aller vers une agriculture plus agro-écologique, donc plus durable et saine. La seconde phase est déjà en cours. Elle s’appuie sur la mise en réseau des maraîchers mauriciens à travers une vingtaine de fermes pilotes. Le but est d’augmenter les échanges pour répondre durablement aux problématiques rencontrées sur le terrain. C’est une approche collaborative pour améliorer les pratiques avec l’apport de connaissances à travers des formations et d’expertises locales, régionales et internationales.

Quels en sont les avantages ?
Il s’agit de créer des systèmes de production plus efficients face au changement climatique, plus durables, ayant moins d’impact sur l’environnement et la santé, mais aussi de créer et diffuser de la connaissance pour l’ensemble de la communauté agricole.

Le planteur sera moins seul face à des objectifs et des problèmes agronomiques communs au réseau.»

Est-ce que la « smart agriculture » coûte plus cher que l’agriculture traditionnelle ?
Le projet de smart agriculture ne correspond pas à un mode de production particulier comme on parle d’agriculture conventionnelle ou biologique. On cherche à mettre en pratique des techniques réfléchies et raisonnées selon les particularités de chaque agriculteur. Ainsi, selon ses possibilités et ses contraintes, chacun mettra en place les techniques qu’il souhaite implémenter. Selon les techniques adoptées, le coût de la mise en place d’une agriculture plus agro-écologique peut être plus ou moins important. Par exemple, les investissements de base pour la mise en place d’une serre sont élevés. Cependant, à long-terme, l’agriculture mise en place dans ce projet devrait s’avérer aussi, voire plus, rémunératrice qu’une agriculture conventionnelle. En effet, on cherche à optimiser l’utilisation d’intrants (eau, pesticides, engrais), on travaille sur la rotation des légumes pour assurer une productivité rémunératrice tout le long de l’année, on augmente l’efficience des systèmes de production.

Concrètement, quels sont les bénéfices pour le planteur ?
Être moins seul face à des objectifs et des problèmes agronomiques communs au réseau, avoir un accès privilégié, un soutien technique et des méthodes innovantes sans oublier un intérêt économique pour le long terme, par des changements qui assurent le revenu des producteurs et la productivité agricole.

Qu’est-ce que l’acheteur de produits, provenant de la « smart agriculture » y gagne ?
La smart agriculture permet la production de légumes selon les bonnes pratiques agricoles et offre à l’acheteur de produits une traçabilité stricte permettant de garantir des taux de résidus de pesticides dans les normes de la Use of Pesticide Act. Mais, pour que le consommateur soit touché directement, il faut encore trouver un moyen de différencier les produits issus de ces systèmes de culture. Actuellement, la Chambre d’Agriculture travaille conjointement avec l’Association of Mauritian Manufacturers en vue de mettre au point un cahier des charges valorisable sous un label auquel les participants du projet pourront adhérer.

 

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