Entre le non-renouvellement du contrat de l’ex-CEO de la MauBank Sridhar Nagarajan, l’interdition bancaire qui pèse sur son successeur Anoop Nilamber et la démission du chairman Said Lalloo. Sans compter la reprise avortée de la banque par Hinduja. La situation à la MauBank laisse perplexe de nombreux cadres de la haute finance.
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Il y a d’abord eu le départ de l’ex-Chief Executive Officer (CEO) de la banque, Sridhar Nagarajan, fin septembre. « La raison exacte de son départ n’a pas été révélée. Certains estiment que c’est lié à la santé financière de la banque alors que d’autres évoquent des pressions venant d’en haut », indique un cadre de la MauBank.
Sridhar Nagarajan avait été recruté en septembre 2016 pour diriger les opérations de la MauBank, suivant des recommandations faites par le cabinet d’audit Ernst & Young. De Rs 1,7 milliard de pertes en 2015, la MauBank s’était refaite une santé en affichant des profits de Rs 176 millions en 2017. Mais, son bilan financier pour les neuf premiers mois de l’année financière 2017/2018 démontrait que la MauBank avait fait une rechute, enregistrant des pertes, après impôts, de Rs 47,3 millions.
Exit Sridhar Nagarajan, enter Anoop Nilamber, ou presque. Membre du Board de la Maubank, celui-ci a été choisi par le conseil d’administration pour remplacer Sridhar Nagarajan au poste de CEO. Le trentenaire est aussi conseiller économique au ministère des Finances. À peine nommé, des éléments troublants ont fait surface. Il est interdit bancaire en France jusqu’en 2020, ayant émis un chèque sans provision d’un montant de 1 000 euros en mars 2015. Cela lui a valu une enquête initiée par la Banque de Maurice (BoM), comme l’a confirmé Renganaden Padayachy, First Deputy Governor de la BoM. Anoop Nilamber est soupçonné de ne pas avoir été tout à fait franc lors de l’exercice de « fit and proper ».
Semaine mouvementée
Alors que l’incertitude règne autour de l’arrivée éventuelle d’Anoop Nilamber au poste de CEO, le président du conseil d’administration de la MauBank, Said Lalloo, a, quant à lui, soumis sa démission cette semaine. Dans sa lettre, il aurait invoqué des raisons personnelles. Toutefois, dans l’entourage du démissionnaire, on affirme que les problèmes de santé de Said Lalloo ne seraient pas la seule cause ayant motivé sa décision. « C’est vrai qu’il a des problèmes de santé, mais l’affaire Anoop Nilamber y serait aussi pour quelque chose », indique-t-on.
De sources bien informées, on apprend que les membres du conseil d’administration ont tenté d’avaliser, une première fois, le recrutement d’Anoop Nilamber le jeudi 4 octobre. « Cependant, en l’absence de quorum, la décision n’a pu être prise », confie-t-on.
Il y a eu une deuxième tentative le lendemain, soit le vendredi 5 octobre. « Bien que, cette fois, le quorum nécessaire avait pu être atteint, le Board a préféré jouer la carte de la prudence en choisissant d’attendre la conclusion de l’enquête initiée par la BoM avant de décider de la marche à suivre », poursuit notre interlocuteur.
Cette situation aurait-elle un impact sur la banque ? À cette question, une source de la banque répond par la négative. « Les opérations de la banque ne sont nullement affectées. Il y a des procédures établies pour chaque opération, scénario et situation que la banque pourrait rencontrer. Le personnel n’a qu’à les appliquer », soutient ce haut cadre.
Un deuxième cas de « not fit & proper » ?
La MauBank pourrait être secouée par un deuxième cas suspect de « not fit and proper ». La Mauritius Revenue Authority (MRA) a inscrit un attachment order contre un haut cadre de cette banque après la mise en liquidation d’une compagnie dont il était un des directeurs.
Cette affaire a été abordée lors de la réunion du conseil d’administration de la MauBank, tenue le vendredi 28 septembre dernier. Convoqué pour des explications, le haut cadre aurait fait ressortir, pour sa défense, qu’il avait juré un affidavit au courant de la semaine écoulée pour déclarer qu’il n’a plus rien à faire avec la compagnie dont il était jadis le directeur.
Si aucune décision n’a été prise ce jour-là quant au sort de ce haut cadre, déjà, deux courants au sein du conseil d’administration s’affronteraient sur la question. L’un considère que le haut cadre aurait enfreint la Banking Act en ayant omis de divulguer à la BoM qu’il a occupé un poste de directeur lors de l’exercice de « fit and proper ». Alors qu’un autre courant serait pour qu’un avertissement soit infligé à ce haut cadre.
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