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Mastectomie : la chirurgie reconstructive pour retrouver la féminité

Subir une ablation du sein peut être doublement douloureuse pour une femme. Grâce à la chirurgie plastique et reconstructive, il est possible d’avoir un « nouveau » sein.

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Afin de prévenir un cancer ou à la suite d’un cancer du sein, une mastectomie (ablation) est pratiquée, afin de retirer les cellules cancéreuses. Dans certains cas, c’est uniquement un sein qui est concerné et dans d’autres, il faut enlever les deux. Ce qui peut affecter la femme psychologiquement. Elle peut se sentir physiquement « diminuer », selon le Dr Kheeldass Jugun, chirurgien plastique et reconstructif qui exerce dans le privé.

« En cas d’ablation à cause d’une prophylaxie ou cancer du sein, il y a des patientes qui cherchent à se sentir “femmes” à nouveau. Elles souhaitent alors subir une chirurgie reconstructive », explique-t-il. Dans d’autres cas, c’est pour une raison esthétique ou psychologique, car elles estiment qu’elles ont subi une mutilation qu’il faut réparer.
« C’est assez grave pour une femme de perdre un ou deux seins. C’est comme perdre sa féminité ou un organe », ajoute le chirurgien.

Diverses possibilités s’offrent à elles : l’implant mammaire en silicone ; le lambeau pédiculé (artère et veine) aussi connu comme le lambeau de rotation du grand dorsal (le muscle et la peau qu’on prend au niveau du dos avec lequel on fait une rotation pour couvrir le sein). Cette méthode peut aussi être accompagnée d’une prothèse si le sein manque de volume.

Une troisième option est aussi possible, mais elle n’est pas pratiquée à Maurice. Il s’agit du lambeau libre. Cette méthode est aussi plus lourde pour la patiente et nécessite la présence d’une équipe spécialisée. Elle consiste à faire un prélèvement de la peau et de la graisse au niveau de l’abdomen avec l’artère et la veine pour le connecter au niveau de l’artère et la veine dans la région du sein. C’est une grosse opération qui se pratique dans les grands centres de santé et peut durer de huit à douze heures.

Il est aussi possible de reconstruire un sein, mais tout dépend de l’autre sein. « Si c’est un bonnet E, F, G, c’est-à-dire que c’est un gros sein, il n’est pas facile de pratiquer une reconstruction », fait ressortir le Dr Jugun. Une intervention est pratiquée afin que les deux seins soient de la même taille. La taille du sein sain est diminuée après la reconstruction du sein qui a subi une ablation. Sa taille dépend alors du résultat obtenu à la suite de cette reconstruction afin que les deux seins soient de la même taille.

Comme toute intervention chirurgicale, le risque zéro n’existe pas. Parmi les risques majeurs, il y a l’hématome qui est l’accumulation de sang dans la poche qui a été créée pour la prothèse. Il y a aussi le risque d’une infection en raison du corps étranger qui a été implanté ou encore le rejet qui est rare cependant avec la silicone.

Le Dr Jugun précise que le risque d’infection est plus élevé quand on fait une reconstruction immédiate. La durée de l’intervention est plus longue, la cellule cancéreuse qui a été enlevée n’est pas « propre » en raison du cancer qui a été enlevé. Une infection peut aussi surgir au cas où les ganglions infectés sous les aisselles ont été enlevés ce qui peut représenter une porte d’entrée pour les infections. Quand la reconstruction est différée et que l’intervention est bien planifiée, il y a moins de risque d’infection selon le chirurgien plastique.

La pratique d’une chirurgie de reconstruction du sein passe par plusieurs étapes de préparation et de consultation entre l’oncologue, le chirurgien qui va pratiquer la mastectomie et celui qui va pratiquer la chirurgie plastique. Cette rencontre est indispensable, afin de déterminer les traitements qui seront dispensés à la patiente : chimiothérapie ou radiothérapie en cas de cancer. Le type de reconstruction du sein est défini à partir de là en tenant en ligne de compte les volontés de la patiente également

Dr Kheeldass Jugun

Selon le Dr Jugun, les femmes qui ont subi une ablation ne sont pas assez au courant des possibilités de reconstruction du sein qui existent. C’est un avis que partage Noëlla Leste de l’organisation non gouvernementale Link to Life.

Un implant mammaire nécessite un suivi médical annuel s’il n’y a aucun problème et la prothèse doit être changée au bout de huit à dix ans. Ce type d’intervention coûte entre Rs 100 000 à 120 000.

L’organisation non gouvernementale Link to Life propose des prothèses mammaires aux femmes qui ont subi une ablation du sein, à la suite du cancer du sein. Cela se fait en consultation avec leur médecin traitant. Selon Noëlla Leste, membre de l’organisation, elles ne sont pas nombreuses à être au courant de cette facilité ou n’osent pas en parler en raison du tabou qui entoure encore le cancer du sein. Les prothèses mammaires sont en silicone et se portent sous le soutien-gorge. Il faut prendre rendez-vous au préalable pour pouvoir bénéficier de ce service.

Breast Cancer Care, une autre ONG qui milite auprès des femmes atteintes du cancer du sein, propose des prothèses mammaires également qui sont aussi accompagnées de soutien-gorge.

Pour cela les membres de l’ONG vont à la rencontre des femmes dans les hôpitaux, explique Shamima Patel Teeluck, présidente de l’organisation. Elle ajoute qu’avec la collaboration du centre esthétique de l’océan Indien et le soutien de la fondation Joseph-Lagesse du groupe IBL, une opération de reconstruction mammaire est proposée à quelques malades.

 

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