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Mary Joyce : «Mwa ki ti bizin mor, pa mo garson»

Mary Joyce est anéantie par la mort de son fils Kayron et de son compagnon Mathieu.
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La mère du petit Kayron et compagne de Mathieu Russie a vu son monde s’effondrer du jour au lendemain. Une semaine après le tragique accident qui a emporté ces deux êtres chers, elle n’arrive toujours pas à accepter le cauchemar éveillé dans lequel elle se retrouve plongée.

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Le petit Kayron était aimé de tous ceux qui le connaissaient.

Ses larmes ruissellent sur ses joues, telle une fontaine intarissable. En un rien, son monde s’est écroulé, alors qu’elle nageait en plein bonheur. « Mo nepli ena kouraz… » murmure, brisée, Mary Joyce Mardaymootoo, 29 ans. Dimanche dernier, elle a perdu son fils unique, Kayron Fricain, 5 ans, et son compagnon, Mathieu Russie, 29 ans, dans un terrible accident survenu sur l’autoroute à Mapou. La jeune femme se trouvait elle aussi à bord, ainsi que le fils de son compagnon, Donzelli, également âgé de 5 ans. Ils sont les seuls rescapés. 

« Mwa ki ti bizin mor dan sa aksidan-la, pa mo garson, li ti ena zis sink an… » pleure Mary Joyce, meurtrie dans son cœur de maman, dans son cœur de femme. Assise dans le salon chez ses parents à Cassis, la jeune femme a le regard perdu. Pour elle, rien ne sera jamais plus comme avant. Son fils unique était la prunelle de ses yeux. Kayron, confie-t-elle, était sa joie de vivre. « Li mem ti mo lor. » 

Cette mère éplorée affirme que son fils était aimé de tous. « Tout le voisinage et tous ceux qui ont connu Kayron l’aimaient profondément. Mon fils était un petit qui aimait jouer et était très amical. Les voisins étaient fous de lui. » 

Aujourd’hui, sa petite voix d’enfant et ses rires innocents se sont tus à tout jamais. Et dans ce silence assourdissant, son absence se fait cruellement sentir. « Mon père exerce comme soudeur. Quand il est à la maison, Kayron avait pour habitude d’aller le voir dans son atelier. Il s’installait et, avec ses jouets, il faisait comme s’il travaillait également avec son grand-père », révèle-t-elle. 

Du haut de ses cinq ans, le petit aimait s’exprimer en anglais. « Il était très rusé. Il me décrivait les objets en anglais. Des fois, il plaisantait, lorsque je lui demandais son nom en anglais, il me répondait en m’indiquant son âge. Il savait parfaitement quoi répondre. Cela m’amusait de le voir aussi à l’aise de s’exprimer ainsi », poursuit-elle.

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Mathieu Russie a connu une fin tragique.

Après s’être séparée du papa de Kayron, Mary Joyce avait refait sa vie avec Mathieu Russie. « Il y a trois ans, Mathieu est entré dans ma vie. Il était lui aussi séparé et avait un fils de cinq ans comme le mien », explique-t-elle. Ils étaient devenus inséparables. « Nous sortions en couple avec nos enfants », dit-elle. 

En octobre 2023, ils ont pris la décision de se mettre en ménage. « J’habite à Cassis et avec mon fils, nous avons déménagé pour partir vivre chez Mathieu à Pamplemousses », précise-t-elle. « Mon compagnon apportait à mon fils tout ce dont il avait besoin. Il s’occupait de lui comme si c’était son propre fils. Il lui donnait beaucoup d’affection et d’amour », partage Mary Joyce. 

Mathieu Russie aimait faire la cuisine. « Lorsqu’il était à la maison, je n’avais aucunement à me soucier du repas. Il aimait préparer des petits plats pour nous. Il plaisantait souvent dessus. Il disait que les enfants finissaient toujours leur assiette quand il cuisinait, alors que quand c’était moi qui cuisinait, ils avaient du mal à le faire », se rappelle-t-elle en esquissant un sourire. 

Mais tous ces moments de bonheur se sont brusquement arrêtés pour cette maman et femme comblée. « Avant le cyclone la semaine dernière, mon fils est parti quelques jours chez ses parents à Cassis. Ce n’est que dimanche que moi, Mathieu et Donzelli sommes allés récupérer Kayron. Nous devions nous rendre à la plage de Péreybère pour rejoindre quelques membres de la famille. »

C’est en chemin, sur l’autoroute de Mapou, que tout a basculé pour cette famille recomposée. La voiture que conduisait Mathieu Russie a fait une violente sortie de route. Il a heurté la structure métallique séparant les voies. Le jeune papa et son beau-fils sont morts sur place. Mary Joyce et Donzelli sont les deux rescapés. Ce n’est que le lendemain à l’hôpital que la jeune femme a appris la terrible nouvelle. « Monn perdi mo garson, mo misie, sa bann dimoun-la ti rann mwa erez », lâche-t-elle en sanglots. 

Elle n’a pas de mots pour décrire ce qu’elle vit actuellement. « Li pa fasil pou explike. Enn konsey mo donn tou paran, kan ou zanfan la, donn li tou zot lamour, fer tou pou li pa mank nanye. Fer li santi saler ou lekor, fer li mank ou, ou pa kone ki kapav arive dime », dit-elle le cœur lourd. « Ziska aster mo pa gagn somey. Mo ankor tann mo garson, mo senti so prezans… » 

Les funérailles du petit Kayron ont eu lieu lundi à Cassis, et celles de Mathieu Russie se sont tenues à Pamplemousses. Les cortèges funèbres sont sortis à 14 h 30. Ils étaient nombreux à avoir fait le déplacement pour les adieux émouvants à ces deux êtres partis trop tôt.

Roger Russie : « Mathieu voulait coûte que coûte avoir son permis de conduire » 

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Roger Russie, le père de Mathieu, est dévasté par cette douloureuse perte.

À Pamplemousses, où habitait Mathieu Russie, c’est le cœur en miettes que son père, Roger, a accepté de se confier. Selon lui, Mathieu voulait avoir son permis de conduire coûte que coûte. 

« Depi lane dernier tann dir li pe al lor tes. Monn dir li ki tes to pe ale, okip lakaz. Li dir mwa li pou rod enn ti loto pou kav al promne inpe, pa kass latet. Apre enn sel zour tann dir linn gagne. Li bon », explique le père de la victime. Mathieu Russie était issu d’une fratrie de trois enfants, dont une sœur. Il était l’aîné. « Il était un bon travailleur et quelqu’un de bien. Il voulait compléter la rénovation de la maison. Il avait déjà commencé. Je lui ai dit d’installer une main courante à cause des enfants. Il m’a répondu de ne pas m’inquiéter car il avait déjà fait le nécessaire et qu’à la fin du mois, un ouvrier allait s’en occuper », se souvient Roger Russie. 

Dimanche, il a vu son fils qui s’en allait avec sa petite famille. « Il a pris place dans une voiture et est parti récupérer son beau-fils à Cassis. Il était prévu qu’ils se rendent à Grand-Gaube et à Péreybère. »

Dans l’après-midi, il est informé que son fils a fait un accident. « J’ai pensé à une mauvaise blague. Mon épouse s’est mise à pleurer. Je suis parti à l’hôpital SSRN, à Pamplemousses. J’ai vu le fils de Mathieu qui était aussi dans la voiture, il m’a dit qu’il y avait du sang sur son papa. »

Lorsqu’on lui indique que Mathieu a été conduit à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, Roger Russie comprend alors qu’il est trop tard. « J’ai su que mon fils n’était plus avec nous. La morgue me l’a confirmé. J’ai alors appris que son beau-fils avait aussi trouvé la mort. C’était horrible… Apprendre leur décès m’a dévasté », lâche-t-il les larmes aux yeux. 

Cela fait quelques mois, poursuit Roger Russie, que Mary Joyce et Kayron s’étaient installés chez eux. « Le petit était sage et tout se passait bien. Maintenant, le fils de Mathieu ne cesse de le réclamer. J’ai deux autres petits-enfants qui veulent voir mon fils », confie avec peine Roger Russie. 

 

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