Martyrisée par un mari possessif: Juliana, 23 ans : « Il m’a piquée avec une seringue contaminée »

Il était marié et père de deux enfants. Elle vivait le martyre avec un toxicomane séropositif. Puis, il y a eu un déclic entre eux. Depuis, ils affrontent la maladie et l’extrême pauvreté pour vivre leur amour. L’amour transcenderait, selon poètes, philosophes et chanteurs, les barrières de l’âge, de la couleur de peau, de la maladie… C’est un peu l’histoire de Juliana et de Nizam (prénoms modifiés), respectivement âgés de 23 ans et de 35 ans, qui doivent surmonter le pire pour savourer le meilleur : leur amour. Outre le fait de vivre dans une extrême pauvreté avec un enfant de deux ans, le couple, habitant un faubourg de la capitale, doit composer avec la séropositivité de la jeune femme. Comme un soupçon de chance dans ce chapelet de malheurs, Nizam et son fils n’ont pas contracté la maladie. Mais Juliana fait peine à voir. La jeune femme, qui n’a plus que la peau sur les os, fait beaucoup plus jeune que son âge. Elle souffre aussi d’une hépatite. Selon ses proches, elle était une très belle femme avant qu’elle ne tombe malade. Les larmes aux yeux, elle nous raconte son histoire. À 16 ans, relate-t-elle, elle tombe amoureuse d’un habitant de la localité bien que le sachant toxicomane. « Je l’aimais. » Elle fugue pour aller vivre chez son amoureux, attendant sa majorité pour l’épouser civilement. Elle est, toutefois, loin de se douter du calvaire qui l’attend. Son époux étant d’une jalousie maladive, il la tabassera régulièrement « pou enn wi pou enn non ».   « Mo so propriyete » « Kan mo ti gagn dizwit’an, mo ex-mari dir mwa ki monn fini tase. Letan mo demann li kifer, li dir mwa ki li ena sida ek li fini met sa ar mwa pou mo res ar li. Linn mem deza pik so sering sal dan mo lame kan li fini droge. Li dir ki koumsa, mo oblize gagn sida », raconte Juliana. Elle s’est toujours tenue loin de la drogue et n’a jamais monnayé ses charmes ; c’est une « erreur de jeunesse » qu’elle paie toujours aujourd’hui et ce, jusqu’à sa mort, dit-elle. Son époux ira jusqu’à lui couper ses longs cheveux. « Kan li ti al fer prizon trwa mwa, an 2010, mo ti sove ek al met enn depozisyon lapolis. Mo ti amenn sering sal la ek seve li ti koupe. Kan li sorti prizon, li demann pardon. Me letan mo retourne, li rekontigne bate. Li mem fors mwa pou tatwe so nom lor mo likou ek mo lebra. Li dir mo so propryiete », poursuit la jeune femme. L’année suivante, n’en pouvant plus, Juliana décide de le quitter définitivement et entame une procédure de divorce. « Monn osi montre ziz-la sering ki li ti pik mwa-la, seve ki li ti koupe ek bann tatwaz linn obliz mwa fer. Li ti al kondane pou sa osi. De tout fason, li rantre, sorti dan prizon li. Erezma mo pena zanfan ar li », déclare Juliana. Bien que son époux lui ait annoncé qu’il avait le sida, la jeune femme espérait, tout de même, ne pas avoir contracté le virus. L’année précédant sa séparation, elle dit avoir constaté de « drôles de boutons » sur le corps. Elle se rend au dispensaire du coin où elle suivra un traitement. Mais l’éruption cutanée continue. Les médecins lui feront alors des prélèvements sanguins. C’est en 2011 que le couperet tombe : elle est séropositive. « Mo santi mo lemond ekroule. Pa ti rest nanye dan mo lavi kan dokter-la dir mwa ki mo finn gagn sida », lance Juliana en larmes. C’est durant cette période que la jeune femme rencontre Nizam, qui opère alors comme chauffeur de « taxi marron ». Juliana trouve un confident et lui parle de sa maladie. L’amitié se transforme rapidement en amour et ils se voient en secret. Jusqu’au jour où l’épouse de Nizam a vent de cette relation. « J’avais le choix entre mon épouse et ma maîtresse. Mais j’ai choisi Juliana pour plusieurs raisons. Déjà, je n’ai pas eu le courage de l’abandonner vu son état et, plus important, je l’aime », soutient le trentenaire.   « C’est un choix que j’ai fait » Nizam laissera tout derrière lui par amour pour sa belle. Il quitte sa femme et ses enfants et s’installe avec Juliana, « jusqu’à ce que la mort les sépare ». « Je prends beaucoup de précautions pour ne pas attraper la maladie. C’est un choix que j’ai fait. Chaque mois, notre fils et moi faisons des tests sanguins », confie Nizam. Depuis presque un an, le couple vit chez la grand-mère de la jeune femme, dans une modeste pièce en tôle. D’ailleurs, au moment de notre visite, Juliana préparait le repas du soir. Au menu : du custard car ils ne peuvent s’offrir autre chose. Nizam, qui vivote de petits boulots, se retrouve souvent sans emploi. Juliana touche, elle, une allocation de Rs 2 500 par mois. « Ena zour kot nou pena nanye pou manze. Parfwa, ena enn pros ki ofer nou enn repa », lâche Juliana entre deux sanglots. Elle demande à ceux qui voudraient leur venir en aide de leur procurer à manger, mais surtout des couches, du lait et des vêtements pour leur fils. « Mem si dimounn pa kapav ed nou, zot kapav ed mo zanfan. Nou ti swete osi ki gouvernma ed nou gagn enn lakaz pou nou reste », lance la jeune femme.