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Marlène Rioux, 80 ans : «Je peux enfin lire mon livret de prières»

À 80 ans, Marlène Rioux peut maintenant lire ses prières.

Marlène Rioux avait deux ans lorsque sa mère est décédée. Son père, fonctionnaire, se remarie et Marlène continue à vivre avec lui. Après le Std II, elle quitte l’école. Qu’a-t-elle fait ensuite ? « Sa lepok-la ti pe bizin ed mo fami pou nouri zanimo ek al ramas dibwa pou kwi manze lor foye », se souvient-elle. C’est ainsi qu’elle passe ses journées à aider à la maison. 

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À l’âge de 26 ans, elle épouse un mécanicien. De cette union naissent quatre enfants. Femme au foyer, Marlène veille à ce que ses enfants soient scolarisés. Ils terminent leurs études et fondent leurs propres familles. Puis, elle perd son époux, décédé à l’âge de 63 ans.

Ne sachant ni lire ni écrire, chaque papier qu’elle tenait en main lui semblait n’être que des lignes noires et blanches. À 68 ans, elle décide de prendre son destin en main et suit des cours d’alphabétisation offerts par Caritas Île Maurice à la chapelle St Michel de Grand-Gaube.

Aujourd’hui, à 80 ans, Marlène confie à Le Dimanche/L’Hebdo qu’elle sait lire un peu. « Maintenant, je peux lire mon livret de prières », s’exclame-t-elle avec joie. Un rêve qu’elle n’aurait jamais cru possible. 

Bien que l’écriture reste un défi, elle est fière de pouvoir remplir des formulaires bancaires pour effectuer des dépôts ou des retraits, inscrivant son nom complet, son adresse et son numéro de téléphone, ce qui lui était impossible avant ses 68 ans. « Mo ti bizin demann led dimounn kan mo al labank. Aster, mo kav ranpli form-la mo em e sign mo non », souligne-t-elle. Si elle n’est pas encore à l’aise pour écrire des messages sur son téléphone, elle sait répondre aux appels sur WhatsApp.

L’analphabétisme a profondément marqué sa vie. Avec nostalgie, Marlène se remémore l’époque où son époux travaillait à l’étranger. « Sa lepok-la, pa ti ena telefonn. Mo ti pe bizin demann mo papa ekrir mo bann let pou demann mo misie so nouvel », raconte-t-elle. Devait-elle confier à son père les mots d’amour qu’elle voulait transmettre à son mari ? Marlène éclate de rire : « Wi, mo ti pe dir mo papa pou li met sa dan let, me mo pa kone si li ti pe ekrir mo pou mo parski mo pa ti konn lir mwa. Mo ti pe nek pran let pou al poste. » 

Aujourd’hui, peut-elle écrire une lettre ? Marlène explique qu’en classe d’alphabétisation, il y avait un exercice où elle devait écrire une lettre à une amie de sa classe, mais elle éprouve encore beaucoup de difficultés à le faire. Elle raconte qu’elle avait suivi un autre cours d’alphabétisation pour approfondir ses connaissances, mais elle a dû arrêter après une chute en rentrant chez elle après les cours du soir, qui avaient lieu de 17 heures à 19 heures dans la paroisse de son village. « Avek laz ki mo ena, mo nepli kav marse bien. Mo bann zanfan anpes mwa sorti tousel. Mo bien tris ki mo pann kapav terminn kour-la », regrette-t-elle.

Grand-mère de neuf petits-enfants, Marlène Rioux est la preuve vivante qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre à lire et à écrire. Selon elle, les cours d’alphabétisation offerts par Caritas Île Maurice ont changé sa vie. À l’occasion de la Journée internationale de l’alphabétisation 2024, son message est : « Bann dimounn ki pa konn lir ek ekrir, mo konsey zot swiv sa bann klas alfabetizasion-la, sa pou ed zot bokou dan zot lavi. »

 

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