Marlène Juliette rhabille Barbie à la mauricienne

Pour ses soirées mauriciennes, notre Barbie locale s’habille chez Marlène Juliette au Caudan Waterfront à Port-Louis. Une maison de couture pour poupées dont la réputation a dépassé nos frontières.

Peut-être garde-t-elle toujours une trace de son enfance ou par instinct maternel, mais toujours est-il que Marlène habille ses poupées avec grand soin. On y trouve Barbie en robe de séga, en sari et en robe de mariée. Une véritable attraction pour les touristes visitant le « craft market. » La preuve qu’avec un soutien plus poussé des autorités, l’artisanat mauricien est capable de faire une percée au niveau mondial.

 Notre Barbie mauricienne a la peau foncée. Marlène explique que les touristes préfèrent les poupées qui reflètent la réalité mauricienne. « Une poupée blanche en robe de mariée que j’avais exposée a pris très longtemps pour trouver preneur », dit-elle

La conversation est interrompue. Des touristes, parmi lesquels se trouve une petite fille, se sont approchés. Ils sont visiblement émerveillés par ce qu’ils voient et interrogent Marlène. Une dame trouve que les poupées reflètent bien la diversité de la culture mauricienne et veut offrir une à sa fille. La petite a un véritable embarras de choix. Ses yeux écarquillés se promènent sur toutes les poupées. Après de longues minutes, elle choisit une danseuse de séga.

Marlène habille aussi Barbie avec des feuilles de banane. C’est un art qu’elle a appris des Seychellois, durant une exposition des artisans des îles de l’océan Indien au Palais des Sports à Madagascar, il y a quelques années de cela. La feuille séchée est enduite d’une couche de vernis pour la conserver. La robe est confectionnée suivant la forme de la feuille. Secret oblige, elle n’en dira pas davantage. Elle peut aussi utiliser la feuille de ravinal, mais c’est une plante qui se fait de plus en plus rare.

C’est auprès de sa mère qu’elle a appris le métier depuis son jeune âge. « Elle a aussi initié mes sœurs et mes cousines mais finalement, c’est moi seule qui ai suivi ses traces », dit-elle. Ces dernières n’ont pas démérité pour autant, fait-elle comprendre, car elles se sont lancées dans d’autres activités commerciales.

Marlène est fière de son travail. « Je le fais avec amour, car il m’a permis d’assurer l’avenir de mes enfants », dit-elle. Une de ses filles a ouvert un
« snack » et l’autre un salon de coiffure. Aujourd’hui, elle initie sa belle-fille à cet art.

Elle avoue que ses débuts n’ont pas été faciles. « C’est un métier qui exige patience et persévérance », explique-t-elle. Elle a aussi bâti une réputation dans la confection des gerbes de mariée pour filles d’honneur. Cette fois-ci pour des jeunes filles bien en chair et en os. C’est un travail qu’elle entreprend chez elle durant ses heures libres. Elle fabrique aussi ses propres boîtes pour l’emballage de ses poupées.

Pour Marlène, on ne peut devenir artisan  sans  avoir de l’imagination. « Le produit fini est le fruit d’une image qu’on fait dans la tête et on la concrétise  par la suite  ». C’est ça son secret.