Sept ans. C’est le temps qu’aura duré le procès intenté à Michel de Ravel de L’Argentière. De longues années pendant lesquelles Marine, âgée de 28 ans, a patiemment attendu que l’homme, qui lui a fait du mal alors qu’elle n’avait que cinq ans, soit puni. Si elle n’a pas parlé de cette affaire jusqu’ici, elle ressent, aujourd’hui, le besoin d’exprimer sa révolte. Car Michel de Ravel de L’Argentière est un homme libre. Qu’il habite à quelques pas de chez elle. Et qu’elle le croise souvent au village dans lequel ils vivent…
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« Il est libre ! » Ces mots ne cessent de résonner dans la tête de Marine. Cette jeune femme tient à préciser qu’elle est « une ex-victime de Michel de Ravel de L’Argentière ». Le 24 avril, elle ressent, pour la première fois, une grosse colère. Elle estime que ce n’est pas à elle de se taire. Elle ne souhaite pas rester dans l’ombre à se morfondre. Elle ne veut pas avoir honte de ce qu’elle a subi entre les mains de cet homme.
Révoltée par la sentence, elle ne compte pas baisser les bras. Elle veut qu’on l’entende. Avec l’association Pédostop, elle veut se battre pour que la justice triomphe. « Ma bataille a commencé le 24 avril. Si on ne nous a pas bien écoutés, maintenant on va entendre notre colère », lance-t-elle. Elle remercie le Directeur des poursuites publiques (DPP) d’avoir fait appel du jugement prononcé par la cour intermédiaire le 24 avril 2019. Décision de justice infligeant trois cautions de bonne conduite à Michel de Ravel de L’Argentière.
Marine avait aussi poursuivi ce dernier au civil. Il avait été reconnu coupable sous cinq chefs d’accusation sur sept. Pendant toute la durée du procès, la jeune femme a assisté à de nombreuses séances. « Quand je ne pouvais pas me rendre au procès, je suivais l’affaire de loin. Pendant toutes ces années, je n’ai pas voulu faire de bruit. J’ai attendu patiemment car j’avais confiance en la justice. Je me suis dit que nous étions huit à l’avoir dénoncé et qu’il paierait certainement pour les souffrances qu’il nous avait infligées. Voilà qu’il se retrouve libre comme si de rien n’était. Ce jugement est un coup dur pour nous. Déjà qu’il a fallu attendre sept longues années.… et il s’en sort même s’il est coupable. Nos voix ne comptent-elles pas ? »
Des excuses aux parents de la jeune femme
Cet homme, elle le croise en chemin, au supermarché… « Depuis le début il jouit d’une grande liberté. J’ai un mental d’acier mais tout le monde ne réagit pas de la même manière. Aujourd’hui nous sommes plus qu’indignés de savoir qu’il peut se promener dans le village en toute quiétude. »
Entre 5 et 12 ans, Marine a été agressée par Michel de Ravel de L’Argentière. C’est d’ailleurs ce dernier qui, bien plus tard, a appelé le père de la jeune femme pour présenter des excuses. « Quand mes parents m’ont interrogée, je ne comprenais pas leur colère. Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris ce qu’il m’avait fait subir. »
Marine regrette que de nombreuses personnes aient une mauvaise interprétation du déni et qu’elles ne cessent de demander pourquoi les ex-victimes ont dénoncé leur agresseur après tant d’années. « Tout d’abord, nous n’étions que des enfants. À cinq ans, on ne savait pas que ce qu’il nous faisait était mal. C’est un grand manipulateur. C’était l’ami de mes parents qui avaient une grande estime pour lui. Il était extrêmement gentil avec moi. Je n’avais donc aucune raison de me dire qu’il me ferait du tort. »
« Le silence est l’ami du pédophile »
La jeune femme, qui s’est beaucoup documentée depuis, a compris que le déni est un sentiment commun chez les victimes. « Dans la plupart des cas, les victimes prennent du temps à réaliser ce qui leur est arrivé. Il y a bien souvent un grand décalage entre les faits et la dénonciation. » Marine a un message pour les victimes : « Il faut parler de la pédophilie. Il ne faut pas avoir honte de porter ces histoires sur la place publique. C’est le silence des victimes qui permettent aux pédophiles de perpétuer leurs actes. »
Marche pacifique
L’association Pédostop organise une marche pacifique le 8 mai, à partir de midi, au Champ de Mars. Elle veut faire entendre la voix des victimes aux institutions et exprimer son indignation de la sentence infligée à Michel de Ravel reconnu coupable de pédophilie.
Benoît, proche d’une des victimes : «La sentence ne fait pas honneur à la justice»
Benoît, proche d’une des victimes, se dit choqué par la sentence : « On a été tous choqués par la sentence. Cela ne fait pas honneur à la justice. C’est chagrinant. » Il est d’avis que le seul recours est d’attendre l’appel du DPP. « Nous espérons que justice sera rendue », conclut Benoît.
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