Marie-Lourdes Lam Hung : «Maurice a les attraits pour attirer les investisseurs chinois»

Le livre « Faire des affaires à l’île Maurice » a été traduit en chinois. Son auteure Marie-Lourdes Lam Hung, avocate, affirme que l’objectif est de renforcer davantage les liens entre Maurice et la Chine, tout en facilitant les intérêts commerciaux. La publication chinoise est une initiative lancée à la demande de l’université de Technologie de Guangzhou, en Chine. 

Vous lancez une quatrième édition du livre « Doing Business in Mauritius ». À qui s’adresse-t-il et quel en est l’objectif ?
Le livre en est effectivement à sa 4e édition. C’est une mise à jour par rapport à l’édition précédente, car les lois changent chaque année. Le livre s’adresse principalement aux investisseurs, l’idée étant de les attirer à Maurice. La deuxième édition de ce livre a été primée dans l’océan Indien. L’université de Technologie de Guangzhou avait choisi ce livre et l’a traduit en chinois afin de le mettre sur le marché en Chine. Le processus a été retardé avec la pandémie de Covid-19. Cette quatrième version sera donc vendue en Chine. En parallèle, le livre sera lancé à la fin de novembre 2023 à Maurice. L’éventualité que le livre soit traduit en russe par la suite n’est pas à écarter. 

Avant d’aborder ce que renferme votre livre, de manière générale, quel constat faites-vous de l’économie mauricienne ?
Je n’ai pas de chiffres précis, mais l’impression qui se dégage est qu’il y a un nombre croissant d’investisseurs étrangers sur le sol mauricien. Nous avons le Premium Visa et différents types de permis qui aident en ce sens. Il est expliqué, dans ce livre, toutes les façons de s’installer à Maurice.  

Maurice se positionnait au 13e rang mondial du dernier classement du « Ease of Doing Business », publié par la Banque mondiale. Selon les éléments que vous avez rassemblés pour rédiger votre livre, que faut-il pour que Maurice s’améliore sur le plan de la facilité de faire des affaires ?
En tant qu’écrivaine, il m’est difficile de savoir si c’est facile ou pas d’avoir l’Occupation Permit, par exemple. Le but de ce livre est d’expliquer à un étranger qui envisage d’investir dans notre juridiction la marche à suivre de A à Z. Le livre renferme notre climat, la culture, les différentes possibilités d’investissements ou encore comment monter un business à Maurice. 

Il y a également des explications sur la procédure pour l’immigration. Plusieurs couples à Maurice sont composés d’une femme chinoise. La loi pour rester à Maurice a changé, passant de 4 à 2 ans pour le permis de résidence. Les démarches pour obtenir la nationalité mauricienne sont également comprises dans le livre. 

Du point de vue d’un investisseur étranger, les démarches pour lancer un business à Maurice sont-elles lourdes ?
Avec l’évolution technologique, je pense que les démarches se sont bien améliorées. La demande pour un Occupation Permit peut, par exemple, être faite en ligne. La FSC One Platform a également été mise en place avec l’objectif de faciliter les démarches. 

Suivant l’inclusion de Maurice sur la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) et la liste noire de l’Union européenne, l’exercice de « due diligence » a, selon les autorités mauriciennes, été renforcé. Cela peut-il être un frein dans le choix de juridiction de certains investisseurs ?
Nous sommes parvenus à sortir de ces listes préjudiciables et la vigilance est désormais de mise. Il se peut que l’exercice de « due diligence » soit plus lourd, mais nous devons être plus rigides. La présence de Maurice sur ces listes était synonyme de répercussions et il convient désormais de suivre toutes les procédures. Il ne faudrait pas que des compagnies tombent dans la complaisance, avec des risques non mesurés pour notre pays. Par ailleurs, je pense que la sécurité à Maurice joue en notre faveur. D’ailleurs, nous voyons que cela se reflète sur le nombre de touristes accueillis à Maurice. 

À ce propos, votre livre compte-t-il des éléments sur la stabilité ou l’instabilité politique et économique de Maurice ?
N’étant pas une économiste, je ne peux conseiller des investisseurs sur ces sujets. Le livre comprend, par contre, quelques lignes sur des facteurs économiques comme le taux de chômage à Maurice. 

Le livre ayant été traduit dans une version chinoise, doit-on déduire qu’il y a des investisseurs chinois qui lorgnent notre juridiction ?
Je pense que oui. Le livre est lancé en Chine, qui compte une population énorme. Si nous parvenons à attirer des investisseurs chinois, ce serait bien. Maurice a les attraits pour ce faire. Maurice a commémoré une étape significative de 74 ans de relations solides et mutuellement bénéfiques avec la Chine. C’est une réalisation historique, une ligne d’amitié durable. La récente signature d’un accord commercial avec la Chine a marqué un moment décisif dans le paysage économique à la fois de Maurice et de la Chine. Elle a ouvert la voie à de nouvelles opportunités de croissance et de prospérité. 

Par ailleurs, la version chinoise de cette publication vise à servir de ressource pour les investisseurs chinois souhaitant explorer les perspectives commerciales non seulement à Maurice, mais aussi en Afrique. Le continent africain est un marché prometteur. L’idée est que Maurice soit utilisé comme plateforme pour des investissements chinois en Afrique.