C’est dans la simplicité que se sont déroulées les funérailles de Marie-Cléa, l’une des jumelles siamoises qui n’a pas survécu à l’opération visant à la séparer de sa sœur Marie-Cléanne. La dépouille a été exposée au domicile de la famille à Lolotte Street, Vieux-Grand-Port, où proches et amis sont venus nombreux se recueillir et prier pour le repos de l’âme d’un petit être parti trop tôt.
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Dans un message de Ian Papillon, lu par son épouse Marie-Hélène lors de la cérémonie funèbre en la chapelle Notre-Dame du Grand Pouvoir, il a remercié tous les Mauriciens qui les ont soutenus dans cette épreuve. « N’arrêtons pas de prier et continuons cet élan de prière pas que pour Cléanne, mais pour tous les malades qui souffrent », a-t-il écrit. Il a aussi souhaité que la petite Cléa veille sur sa sœur Cléanne de là où elle est. Ian Papillon a aussi écrit qu’à travers Cléanne, ce sont les deux bébés qu’il voit en elle.
Marie-Hélène Papillon, encore sous le coup de l’émotion, a eu du mal à trouver les mots pour exprimer ce qu’elle ressent. Elle a cependant tenu à remercier tout le monde pour leur encouragement et leurs prières. Elle a dit accepter la volonté de Dieu. « Je souhaite que Cléa repose en paix et que Cléanne retrouve sa santé au plus vite. »
Le père Alex Têtu, qui a présidé la cérémonie, a souligné lui aussi qu’une partie de Cléa vit en Cléanne. Pour lui, c’est quelque chose de profond qui témoigne de l’amour et de la profondeur de Dieu et de la grâce qu’il a faite à la famille et à toute la communauté. La petite Cléa a été inhumée au cimetière de Mahébourg.
La dépouille de la défunte est arrivée de Bangalore sur le même vol que sa maman. L’avion a atterri à l’aéroport de Plaisance aux alentours de 12h10. Les formalités accomplies, le corps a été transporté dans un cercueil blanc au domicile de la famille à Vieux Grand-Port.
C’est d’abord tout sourire que Marie-Hélène a retrouvé ses proches, ses trois fils et sa sœur Marie-Ange, entre autres, après plusieurs semaines passées en Inde aux côtés de son époux Ian Papillon qui avait accompagné les jumelles siamoises afin qu’elles puissent être séparées.
Marie-Hélène Papillon n’a pu retenir ses larmes par la suite avant de s’engouffrer dans la voiture d’un proche pour rentrer chez elle et se préparer pour les funérailles.
Priscille : « Le départ de Marie-Cléa a fédéré la famille »
Le départ prématuré de la petite Marie-Cléa a fédéré la famille et la nation mauricienne. C’est ce que retient Priscille, une des cousines de Ian Papillon. Pour elle comme pour tous les autres membres de la famille, Marie-Cléa vit encore à travers Marie-Cléanne avec qui elle a tout partagé au cours de sa brève existence quand les deux étaient collées l’une à l’autre par le thorax.
D’un événement heureux, le 4 janvier dernier, la famille Papillon et leurs proches ont vécu dans la tourmente pendant plus de deux mois. Nul ne s’attendait que Marie-Hélène accouche de bébés siamois, ce qui n’était jamais arrivé dans la famille. « Cela a bouleversé la famille, mais en même temps nous a permis de nous rapprocher avec le soutien que nous leur avons apporté », explique Priscille.
Elle affirme qu’elle a ainsi découvert un autre Ian Papillon qui a su faire preuve de maturité pour gérer une telle situation. « J’ai senti que sa foi a grandi. Dans toutes les conversations que nous avons eues depuis la naissance des bébés, il y avait Dieu dans tout ce qu’il me disait », ajoute-t-elle. En se laissant guider par sa foi et la prière, elle estime qu’il a su prendre les décisions qui s’imposaient quand il le fallait. « Bien que croyant, il n’était pas un grand pratiquant. Mais avec l’événement qu’il a traversé, il a été comme « transformé ». Il s’est rapproché du Seigneur et je considère que c’est une bénédiction », fait ressortir Priscille.
Ainsi, malgré le bouleversement que les membres de la famille ont vécu, ils ont connu beaucoup de grâce à travers le renforcement de leur foi, mais aussi cette synergie que cela a engendrée parmi les proches et cet élan de solidarité que cela a, par la suite, suscité au sein de la population avec les témoignages de soutien de nombreux anonymes.
Priscille note aussi que le papa ne s’est pas renfermé sur son problème, mais en a parlé ouvertement tout en ayant une pensée pour ceux qui souffrent, comme il en en a fait état à travers le message laissé à son épouse et qu’elle a lu lors des funérailles en la chapelle Notre-Dame du Grand Pouvoir à Vieux Grand-Port. (voir encadré). « à travers sa souffrance il a aussi eu une pensée pour les autres. Je remercie Dieu pour cela. Je prie qu’il continue sur cette voie. Même si Marie- Cléa n’est pas avec nous, elle est avec le Seigneur, où elle est un ange, comme nous le dicte notre foi chrétienne », dit-elle. Pour Priscille, dans le négatif il y a toujours un événement positif qui émerge.
Le «sacrifice» de Marie-Cléa
Nées le 4 janvier dernier, Marie-Cléa et Marie-Cléanne étaient des jumelles siamoises. Liées par le thorax, elles partageaient le même cœur, ce qui laissait peu d’espoir pour que les deux puissent survivre à une opération visant à les séparer. C’est ce qui s’est effectivement passé le lundi 18 mars dernier, après plus de 10 heures d’intervention. Mais une partie de Marie-Cléa vit en Marie-Cléanne, la survivante, car c’est d’elle que sa sœur dépendait pour vivre. Ainsi, à travers le « sacrifice » de Marie-Cléa, Marie-Cléanne a obtenu plus de chances de survie. Une partie de la peau de sa sœur lui a été greffée afin de refermer la plaie laissée par l’intervention pour les séparer. Ce sacrifice n’a pas été facile pour les parents, Marie-Hélène et Ian Papillon, qui ont dû prendre la douloureuse décision d’accepter l’intervention de les séparer, tout en sachant qu’ils allaient perdre l’une des jumelles. Une décision qu’ils assument pleinement grâce à leur foi en Dieu à qui ils rendent désormais grâce de permettre à Marie-Cléanne la chance de vivre.
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