À l’approche de la période festive, Marie, 47 ans, ne sait plus à quel saint se vouer pour subvenir aux besoins de sa famille. Dans le rouge depuis que son époux a perdu son emploi et la fermeture de son snack, elle affirme sans détours que « 2020, enn extra move lane ». « Nou pe pas par boukou difikilte », dit-elle.
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Pendant 27 ans, Marie a tenu un snack en bordure de route à Bambous-Virieux. Ce lieu était populaire auprès des habitants de la localité ainsi que les Mauriciens et les touristes de passage dans le quartier, notamment pour ses « dipin kari » avec des fruits de mer fraîchement pêchés. Ou encore pour manger « enn bon mine bwi ourit » ou du halim.
Cependant, avec le confinement lié à la crise sanitaire du coronavirus et après la fuite d’huile lourde du navire MV Wakashio dans le lagon, la mère de famille a été contrainte de fermer boutique. Depuis, elle peine à faire bouillir la marmite.
« Mon mari est cuisinier. Il a toujours travaillé dans le secteur de l’hôtellerie. Avec la fermeture des frontières, il a perdu son emploi. En ce moment, nous sommes criblés de dettes. Pire, nous peinons à nourrir notre famille », renchérit-elle.
Le couple a cinq enfants dont quatre qui sont encore à l’école. La quadragénaire soutient que bien que son mari fasse des petits boulots ici et là, l’argent obtenu ne suffit pas. « Quand le snack était ouvert, j’avais une rentrée d’argent. Cela aidait beaucoup pour les dépenses à la maison et la scolarité des enfants », confie-t-elle.
Vivre au jour le jour
De plus, faute de moyen en 2020, elle a été contrainte de mettre fin au cours de cuisine que suivait sa fille à Quatre-Bornes. « Nous ne pouvions même pas lui payer le transport. Cette décision a été difficile, car chaque parent souhaite un avenir meilleur pour son enfant. J’espère que notre situation financière s’améliorera et qu’elle pourra reprendre ses cours l’an prochain. Mais là, c’est impossible », se désole-t-elle.
Marie ne cache pas que l’étau se resserre de plus en plus. « Durant le confinement, nous avons puisé dans nos économies pour acheter des provisions. Très vite, nous nous sommes retrouvés à sec. Nous approvisionnions à crédit auprès du boutiquier du coin, histoire d’avoir de quoi manger à la maison. Nous avons aussi pu compter sur l’aide d’un de nos proches qui venait de Blue Bay pour nous donner des provisions. Nous les partagions avec nos voisins qui, eux, n’avaient rien. Malgré le déconfinement, cette situation persiste. Souvent on frappe à ma porte pour de l’aide et c’est de plus en plus fréquent. J’aide quand je peux. Comme moi, il y a environ une cinquantaine de femmes avec des enfants à nourrir », indique-t-elle.
Témoin quotidien de cette tragédie humaine à Bambous-Virieux, Marie partage son souhait que le gouvernement fasse un effort pour les aider financièrement, comme il l’a fait pour les pécheurs après le naufrage du MV Wakashio. En attendant de sortir de cette impasse, Marie avec le cœur gros, se serre la ceinture et délie les cordes de sa maigre bourse, juste pour acheter l’essentiel. « Leker fermal pou refiz nou ban zanfan kitchoz ek pa donn zott manze kouma abitie », avoue-t-elle.
En ce qu’il s’agit des fêtes, elle indique que cette année, il n’y aura pas le traditionnel barbecue en famille dans la joie et dans la bonne humeur. « En ce moment, nous vivons au jour au jour. Nous ne savons même pas si demain, on aura de quoi se mettre sous la dent », conclut-elle, tout en contenant maladroitement ses larmes.
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