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Marie-Ange : une mère courage

Elle s’appelle Marie-Ange, elle a 60 ans et elle est veuve. Son mari est décédé en 2007 à l’âge de 50 ans. Elle vivait séparée de lui, mais ils restaient en contact. Quand il est mort, elle a découvert à quel point ses enfants n’avaient aucun sentiment pour elle.

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À  quoi peut bien penser une mère qui s’est montrée dévouée à ses enfants lorsque son fils ne l’invite pas à son mariage et fait appel à une autre personne pour représenter sa mère à sa cérémonie nuptiale ?
Marie-Ange (prénom modifié) a vécu cela. « J’ai senti comme si on me transperçait l’âme avec une arme tranchante », lâche-t-elle. Elle raconte que son fils l’a ignorée pour une question d’argent.

Il voulait savoir combien d’invités allaient accompagner sa mère à la réception de mariage. N’ayant pas eu de réponse, il s’est marié sans elle. Il a fait appel à une autre femme pour l’accompagner à l’église pour remplacer sa mère. On imagine combien cela a dû être blessant pour sa véritable mère.

Marie-Ange raconte qu’elle a tout fait pour que ses enfants ne manquent de rien, même quand cela n’allait plus au sein de son couple. Mais elle dit que ses enfants lui demandaient toujours de l’argent, encore et encore, à mesure qu’ils grandissaient. Elle affirme avoir fait de son mieux pour satisfaire leurs demandes, mais, après un certain temps, la situation est devenue insupportable pour elle.

«Moi, je n’ai jamais abandonné mes enfants. J’ai veillé sur eux plus que sur ma propre vie. Mais ils m’ont rejetée. Je souhaite de tout cœur que les autres mamans ne vivent pas ce que je vis, ne souffrent pas comme moi»

Premier choc

« Quand leur père est décédé, mes enfants, j’ai un garçon et une fille, m’ont dit qu’il n’y avait pas d’argent pour effectuer les funérailles. J’ai donné Rs 12 000 (mes économies). Mais des proches m’ont dit que le cercueil dans lequel on avait mis mon mari était un vieux cercueil. Il semble qu’ils ont pris une partie de l’argent », raconte Marie-Ange.

« De son vivant, mon mari avait pris une assurance-vie chez SICOM. Elle était à mon nom. Ma fille a commencé à me harceler tous les jours, à n’importe quelle heure, même au petit matin, pour que je touche l’argent et que je le lui donne. Devant mon refus, elle a commencé à me maltraiter, à m’injurier », poursuit-elle.

Finalement, elle a cédé et elle lui a remis Rs 50 000. Sa fille a acheté une moto avec cet argent. Plus tard, quand elle a demandé à sa fille d’aller lui acheter des médicaments, elle a prétexté qu’il n’y avait pas de carburant. Marie-Ange devait aussi payer pour l’essence...

Sa fille a aussi commencé à lui prendre la moitié de la pension de veuve qu’elle touchait. « Cela ne suffisait jamais pour elle. Elle me disait toujours qu’elle manquait de ceci ou de cela. Elle gardait ma carte d’identité avec elle. Un jour, exaspérée, je lui ai demandé de me retourner ma carte. Je lui ai dit qu’elle devait cesser de me donner des ordres, que j’étais sa mère et non le contraire », relate Marie-Ange.

Retraits

Après s’être séparée de son mari, Marie-Ange a eu un autre homme dans sa vie et ils ont commencé à vivre ensemble. Ce qui n’a pas empêché sa fille, qui s’était entre-temps mariée et vivait séparément, de venir chaque fois chez eux pour se quereller avec elle. Ou de l’offenser au point de la faire pleurer le jour de son 50e anniversaire.

Elle n’est pas allée à l’école. À cause de son analphabétisme, elle a dû accepter d’ouvrir un compte conjoint avec sa fille. Ce qui a joué contre elle. Pour son malheur, elle n’a pas notifié le changement de son adresse après qu’elle soit allée habiter avec son compagnon et tout le courrier a continué à aller à l’ancienne adresse où habitait sa fille.

Maintenant, Marie-Ange a son compte personnel sur lequel est versée sa pension. Elle ne sait pas ce qui est advenu du compte conjoint qu’elle avait avec sa fille à la Mauritius Commercial Bank. Sur le dernier document qu’elle possède, daté de 2008, on note qu’il y avait une somme de Rs 61 487,51 au 21 avril. À cette date-là, on a versé sur ce compte-là un chèque d’un montant de Rs 37 767,54. Quatre jours plus tard, le 25 avril, on a retiré l’intégralité de cette somme. Après le versement de sa pension de veuve (Rs 2 348 à l’époque), le compte se chiffrait à Rs 23 768,51 après le retrait de la pension, le 27 mai 2008.

Soutien

Aujourd’hui, Marie-Ange avance que sa fille ne vient plus chez elle et ne lui adresse plus la parole. Quant à son fils... « Moi, je n’ai jamais abandonné mes enfants. J’ai veillé sur eux plus que sur ma propre vie. Mais ils m’ont rejetée. Je souhaite de tout cœur que les autres mamans ne vivent pas ce que je vis, ne souffrent pas comme moi. Qu’elles restent sur leurs gardes pour ne pas être abusées par leurs enfants. De par mon expérience, je dirai même de ne pas trop faire confiance aux enfants. Vous risquez de subir un vrai choc à cause de leur ingratitude », lâche-t-elle, la voix brisée par des sanglots. Elle ajoute qu’elle a eu la chance d’être soutenue par un étranger et sa belle-sœur.

Tout compte fait, Marie-Ange reconnait qu’elle a encore de la chance, comparée à d’autres mamans. Elle a un toit sur la tête, touche une pension, a un compagnon et une belle-sœur sur lesquels elle peut compter. Il y a d’autres femmes qui sont battues, terrorisées par leurs enfants... Mais l’ingratitude a plusieurs facettes et chaque mère la vit à sa manière.

 

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