Elle a la jambe gauche de deux centimètres de moins que la droite, depuis qu’elle est bébé. Mariane Arlanda a surmonté cette épreuve et a pris ce handicap comme un défi de la vie et a partagé son amour avec des enfants nécessiteux.
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Après sa naissance, alors qu’elle n’avait qu’un an, Mariane était partie pour perdre la bataille contre la polio. Elle avait une jambe plus courte que l’autre. « Ma jambe gauche était de deux centimètres de moins que la droite et je me devais de m’adapter et c’est ce que j’ai fait », nous dit-elle. Aujourd’hui, elle porte une prothèse qui ne se remarque même pas.
Il suffit de peu de choses, d’un peu d’amour et de compassion et les jeunes sauront alors qu’il ne faut pas prendre le mauvais chemin»
Âgée de 78 ans et après 38 ans de vie commune avec Lewis, qui lui a donné trois enfants, une fille et deux garçons, de neuf petits-enfants, elle a tout fait pour surmonter cette épreuve. « Jamais ce handicap ne m’a bloquée. Au contraire, j’y ai puisé ma force que j’ai partagée avec les plus nécessiteux », lâche Mariane, tout sourire. C’est ainsi qu’elle a mené une vie normale et s’est mise au service des autres à travers le Service d’écoute de la paroisse Ste-Marie Madeleine, à Pte-aux-Sables. Puis, elle a été aidée par trois personnes qui lui sont chères : Jacques Lim Kee, de la FMMH, Sylvette Pari-Devi pour la formation et Jean-Noël Adolphe, et elle a passé une dizaine d’années au sein de la FMMH.
« Vous savez, écouter les autres et leur permettre de s’épancher sur leurs problèmes sont une bonne chose et on apporte notre soutien moral autant que faire se peut », nous dit la septuagénaire.
Chez elle à Morcellement Rey, elle vit seule, quoique ses enfants viennent lui rendre visite très régulièrement. « J’aime être là seule, à regarder la télé ou à lire et préparer à manger ».
Est-ce à dire qu’elle a cessé toute activité caritative comme elle le faisait auparavant, ce durant des années ? « Je suis de moins en moins active, mais je puis vous dire que j’ai pris sous mes ailes des dizaines d’enfants du quartier. Ceux-ci auraient sans doute rencontré diverses difficultés dans leur parcours scolaire et dans la vie. Ces jeunes ne demandent souvent pas grand-chose : un peu d’attention, d’amour, de compréhension et les canaliser vers un but qui est de réussir, pas nécessairement académiquement, mais pour qu’ils se prennent en main comme de vrais adultes responsables », souligne Mariane.
Elle-même issue d’une fratrie de neuf enfants, avec un père cuisinier, elle se dit reconnaissante envers eux : « J’ai eu beaucoup d’amour dès mon enfance et c’est pour cela que je me fais un devoir de le partager avec des jeunes. Je milite à ma façon pour ceux qui souffrent d’un handicap à travers la Fraternité des malades et handicapés, dont je suis un membre du Comité central. Et en tant qu’aide éducatrice, j’apporte mon expérience pour alléger la souffrance des autres autour de moi ».
Ne pas avoir de préjugés
Quel regard jette-t-elle sur les jeunes d’aujourd’hui ? « Maurice s’est développé trop vite et cela a fait des dommages collatéraux, en laissant plusieurs de nos jeunes en bordure de route. On reproche à certains d’être des assistés, mais ce n’est pas de leur faute. Il y a les aléas de la vie, certains n’arrivent pas à suivre le rythme effréné, d’autres ont un souci d’encadrement ou d’environnement familial et social. Il ne faut pas pour autant leur jeter la pierre. Au contraire, il faut leur tendre les bras. »
J’ai eu beaucoup d’amour dès mon enfance et c’est pour cela que je me fais un devoir de le partager avec des jeunes»
Pour elle, quand un jeune se sent aimé, entouré et encadré, automatiquement, il fera l’effort nécessaire pour s’en sortir et réussir son parcours. « Il suffit de peu de choses, d’un peu d’amour et de compassion et les jeunes sauront alors qu’il ne faut pas prendre le mauvais chemin », dit-elle encore.
Dans sa paroisse, Mariane se donne à fond, tantôt à donner des conseils, tantôt à faire des causeries sur plusieurs thèmes de société. Surtout, elle est à l’écoute et apporte des solutions à son niveau.
Mariane est d’avis que les jeunes peuvent éviter le piège de la drogue synthétique : « Ces jeunes peuvent éviter les travers de la drogue synthétique, ils doivent prendre sur eux-mêmes pour dire non à ce poison. Pour cela, il faut l’encadrement parental, qu’ils choisissent leurs amis et mènent une vie saine. »
Sa vie « est comme une mission, je la mène à mon rythme et avec passion ; aider l’autre, écouter l’autre et lui apporter réconfort est mon fort ».
Pieuse, elle croit avant tout dans l’homme, dans tout être qui se tourne vers elle, « car dans la vie, il faut être miséricordieux, attentionnée, donner même le peu de ce qu’on a ».
Au fond d’elle, Mariane sait qu’elle peut encore aider, partager son amour, donner des conseils aux jeunes du quartier, apporter son aide à la paroisse, aller à la messe tout en menant une vie simple, seule dans sa maison aux deux cocotiers. Le handicap qui pèse sur elle depuis son enfance lui a forgé un caractère de battante et de fer. Sacrée Mariane !
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