Mariamah Françoise toujours fringante à 103 ans 

Née le 26 février 1920, Mariamah Françoise fête ses 103 ans ce dimanche, entourée des siens. Un anniversaire que ses proches espèrent célébrer avec faste car elle est la première de la famille à atteindre cet âge. 

Sa longévité force l’admiration. Sa spontanéité suscite la bonne humeur. Mariamah Françoise fait la joie de la Marie Augustine Home des sœurs du Bon et Perpétuel Secours (BPS) de Rose-Belle. Et ce dimanche 26 février se veut spécial pour la doyenne de l’établissement. Granny, comme la surnomment ses proches, soufflera ses 103 bougies. 

À Rose-Belle où nous l’avons rencontrée, Mariamah Françoise suscite à la fois admiration et respect. Malgré son âge avancé qui fait qu’elle ne peut se déplacer qu’en fauteuil roulant, elle ne rate pas les activités qui sont proposées régulièrement. Et notamment les sessions avec les physiothérapeutes qui visent à assurer la motricité et la mobilité des résidentes. Encore suffisamment autonome malgré sa cécité et sa surdité, elle prend seule ses repas, affirment les employées pour qui c’est un privilège de la compter parmi les pensionnaires. 

Bien qu’elle répande autour d’elle sa joie de vivre, Mariamah Françoise n’a pas connu une enfance heureuse, confie l’une de ses filles, Josiane Virasamy. Née à Chemin-Grenier, elle a grandi à Centre-de-Flacq au sein de la famille qui l’avait adoptée quelque temps après le décès de sa mère. Mariamah n’était alors qu’une toute petite fille. Ce départ prématuré a été suivi par celui de son père quelques années après. 

Bien qu’issue d’une grande fratrie de huit enfants, Mariamah Françoise n’a grandi aux côtés que d’une seule de ses sœurs. C’est bien des années après, durant son adolescence, qu’elle a fait la connaissance des autres. Toutes sont cependant mortes assez jeunes, comme leurs parents.

Aux petits soins

Elle se marie à l’âge de 21 ans et quitte le village de l’est pour s’installer à Riche-en-Eau dans un premier temps, puis à Plaine-Magnien. De son union avec Renault Françoise naîtront deux filles, Sylvie et Josiane. Devenue veuve à 36 ans, Mariamah Françoise travaille dans les champs de canne et comme femme de ménage pour subvenir aux besoins de ses enfants. Elle est aussi réputée pour avoir été une bonne cuisinière. 

Dans le quartier, à Plaine-Magnien, Granny était connue comme étant une personne ayant le coeur sur la main. Elle était comme une « concierge » dans sa demeure où les voisins venaient déposer les clés de leur maison jusqu’à ce que leurs enfants viennent les récupérer en rentrant de l’école dans l’après-midi. En l’absence de boîtes aux lettres, c’est chez elle que le facteur déposait aussi le courrier de ses plus proches voisins. « Elle a tout le temps bénéficié de la confiance du voisinage », explique Josiane Virasamy. 

Vivant paisiblement chez sa fille Josiane qui, contrairement à sa sœur Sylvie, a pu poursuivre ses études grâce à la « grande bourse » qu’elle a pu obtenir à la fin de son cycle primaire, Mariamah Françoise s’est à la fois occupée de l’entretien de la maison et de ses enfants.

Avant de perdre la vue et d’être atteinte de surdité il y a quelques années, Mariamah Françoise aimait beaucoup regarder les émissions télévisées dont Questions pour un champion, ainsi que les films en hindoustani. Et parmi ses chanteurs préférés, il y a l’incontournable Luis Mariano et Tino Rossi dont son époux Renault lui chantait des refrains. Josiane Virasamy souligne, dans la foulée, que sa maman ne souffre d’aucune maladie chronique. 

Arrivée à l’âge de 92 ans, elle a décidé, contre toute attente, d’aller s’installer dans une résidence pour personnes âgées. C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée à la Marie Augustine Home des religieuses du BPS à Rose-Belle. Pensant qu’elle ne s’y adapterait pas, Josiane Virasamy s’attendait à ce que sa mère demande à rentrer après quelque temps. Mais elle s’est trompée. Sa maman s’est rapidement acclimatée et a continué ses petites habitudes. Elle s’est faite de nouvelles amies et remarque à chaque fois « l’absence » des employées qui travaillent à la résidence selon un système de rotation.

Lucide et joviale

Figurant dans le club très select des centenaires, Mariamah Françoise est choyée à la résidence où elle réside depuis une dizaine d’années maintenant. Babita Sookye et Dolores Gabriel affirment qu’elles n’ont jamais de problème avec Mariamah Françoise qui est très coopérative et joviale. Même si elles doivent parler fort à son oreille pour se faire entendre, elles se réjouissent de sa bonne humeur. Elles soutiennent aussi qu’elle est encore assez lucide et comprend tout ce qu’on lui dit. 

« Elle aime faire son chapelet tous les jours », ajoute Babita Sookye. La centenaire passe également du temps parmi les autres résidentes durant la journée et aime être entourée à toute heure de la journée. 

« Elle aime quand on lui frotte le dos et fait un baisemain à la personne qui le fait en guise de remerciement ou d’appréciation. » Babita Sookye révèle qu’elle est heureuse de pouvoir s’occuper d’une personne de cet âge ainsi que des autres résidentes.

Mariamah Françoise n’a pas besoin d’assistance pour prendre ses repas, ajoute Dolores Gabriel. Elle aime manger du riz écrasé et tous les accompagnements qui vont avec. « Quand nous ne sommes pas là en raison du système de rotation pour le travail, elle demande où on est et demande où nous étions à notre retour », dit-elle. L’employée considère qu’elle est active pour ses 103 ans. 

Le secret de la longévité de Granny

Le secret de la longévité de Mariamah Françoise réside en peu de chose : une alimentation saine, la pratique d’une activité physique régulièrement et la consommation d’eau au quotidien. Josiane Virasamy indique que sa mère mange de tout et privilégie les légumes. Elle ne consomme rien qui soit trop salé, trop gras ou trop sucré. De plus, elle ne grignote jamais entre les repas et boit de l’eau régulièrement tout au long de la journée. « Elle n’a jamais été fan des boissons gazeuses ou alcoolisées », affirme sa fille. 

Comme le recommandent les médecins, elle a toujours pratiqué une activité physique qui se résume pour elle à faire la lessive « lor ros lave », le ménage, le repassage, la cuisine et la garde de ses petits-enfants dont elle s’est occupée jusqu’à ses 80 ans.

Et parmi toutes ses activités du quotidien, celle qu’elle préfère c’est soigner sa spiritualité en priant et récitant le chapelet matin et soir.