Shaheen Banu, âgée d’une quarantaine d’années, souhaite obtenir une pension de veuvage. Le bureau de la Sécurité sociale lui a demandé de produire son certificat de mariage. Or, le nikkah qu’elle a contracté avec son défunt mari n’aurait pas été enregistré. Du coup, sa demande de pension est en suspens.
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Au décès de son époux Mohamud Ehsan Uddin S. le 7 juillet 2019, Shaheen Banu a entamé des démarches à la Sécurité sociale dans l’espoir d’obtenir une pension de veuve. Sa demande n’a toutefois pas été agréée car elle n’a pas pu fournir le certificat de mariage que lui demandait la Sécu. Raison : le nikkah que son défunt mari et elle ont contracté le 16 mai 1998, n’a pas été enregistré. Information qu’elle a obtenue en se rendant au bureau du Muslim Family Council (MFC).
« On ne voit ni votre nom ni celui de votre époux. Par contre on voit le nom de l’imam Abdullah Noorani Sayfoo. Chaque imam nous transmet un code pour que nous puissions enregistrer chaque mariage célébré. Or, nous n’avons pas reçu le vôtre », aurait expliqué le MFC à l’habitante de Curepipe.
À qui la faute ? Shaheen Banu trouve injuste qu’elle soit pénalisée pour une erreur qu’elle n’a pas commise. Elle dit ne pas comprendre pourquoi son mariage n’est pas reconnu par le MFC alors que la banque avait accepté de lui accorder un prêt, son époux et elle, reconnaissant ainsi leur nikkah.
«Pas de formulaire à l’époque»
Le MFC indique que seul l’imam concerné peut répondre à cette question. Abdullah Noorani Sayfoo est aujourd’hui à la retraite. Sollicité, il avance que Shaheen Banu a une part de responsabilité dans ce qui lui arrive. « Ce qu’on lui demande c’est un formulaire d’enregistrement pour qu’elle puisse entamer ses démarches pour obtenir une pension de veuve. À l’époque où j’ai célébré leur mariage religieux, je n’avais reçu aucun formulaire sous le sceau du MFC. J’ai célébré plusieurs mariages religieux, mais je n’ai jamais rencontré de problème comme celui de Shaheen Banu », déclare-t-il.
« Si Shaheen et son défunt mari étaient revenus vers moi, même plus tard, j’aurais enregistré le mariage et envoyé le code au MFC qui l’aurait alors dûment enregistré. Mais ils ne sont jamais venus », allègue l’ancien imam. Il précise qu’il s’est entretenu avec le MFC au sujet de ce cas. « On m’a dit que tous les oulema, les imam et autres maulana devraient se réunir entre eux avant d’approcher le ministère concerné pour voir ce qui peut être fait pour toutes celles qui sont dans la même situation que Shaheen Banu. »
Me Bala Mukan : «La loi a été modifiée»
Pour connaître la marche à suivre dans un tel cas de figure, Explik ou Ka a sollicité l’avis de Me Bala Mukan. « Le mariage religieux était reconnu pendant un certain temps. Puis la loi a été modifiée. Le recours pour la plaignante, dont le mariage n’a pas été enregistré auprès du MFC, est de jurer un affidavit. L’imam qui a célébré le mariage doit lui aussi en jurer un. Elle devra ensuite remettre les affidavits au MFC. »
L’homme de loi ajoute qu’il appartiendra ensuite au MFC d’accepter ou de rejeter la demande. « S’il l’accepte, la Sécurité sociale prendra alors la demande de la plaignante en considération », a-t-il expliqué.
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