Le Budget 2022-23 sera présenté ce mardi. le pays attend de voir de quoi sera composé cet exercice comptable. Cette année encore, les mesures seront élaborées dans un contexte difficile.
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En l’absence de visibilité sur l’avenir, le Budget 2022-23 sera difficile, a fait comprendre le Premier ministre, Pravind Jugnauth, la semaine dernière. La question se pose dès lors : l’exercice comptable auquel se prêtera le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, le mardi 7 juin, sera-t-il austère, populiste ou en dessous des attentes ?
D’ores et déjà, le contexte économique ne se prêterait pas à un Budget « labous dou ». Les répercussions de la contraction d’environ 15 % de l’économie mauricienne en 2020 se font toujours sentir. La faible croissance de 4 % enregistrée l’année dernière n’a pas comblé le retard et les pertes.
Pour ne rien arranger, le mécanisme de croissance a pris un nouveau coup dur avec la guerre russo-ukrainienne bousculant la chaîne d’approvisionnement mondiale, ce qui empiète davantage sur le pouvoir d’achat. Les chiffres de Statistics Mauritius indiquent un taux d’inflation en glissement annuel de 11 % en avril 2022 alors que le prix du panier de la ménagère continue de flamber.
Trouver un équilibre
Renganaden Padayachy aura la lourde tâche de trouver le bon équilibre dans le Budget 2022-23. Divers aspects devront être pris en considération, dont une dette publique estimée à Rs 465 milliards en décembre 2021, ce qui représente 76,2 % du Produit intérieur brut (PIB) et des revenus récurrents qui selon les « estimates » du dernier Budget oscilleraient à Rs 133 milliards pour l’année fiscale 2021-22 et à Rs 138 milliards pour 2022-23. L’agence Moody’s table, quant à elle, sur un déficit budgétaire autour de 4 % du PIB pour Maurice en 2022.
Fareed Jaunbocus, CEO de Strategos Ltd, estime que la situation est d’autant plus difficile en raison d’un manque de visibilité. « La capacité de prévision du gouvernement est réduite. La population souffre et le gouvernement a la responsabilité d’apporter une stabilité et de faire redémarrer l’économie. Le défi est énorme », dit-il.
Néanmoins, il se veut optimiste. « Je pense que ce sera un budget équilibré où le ministre des Finances tentera de trouver des moyens pour augmenter les revenus de l’État. »
La dépendance du pays aux subsides demeure toutefois un sujet de préoccupation, poursuit le CEO de Strategos Ltd. Ce qui est loin d’être soutenable dans le long terme, prévient-il.
Il ajoute que les recettes attendues par le biais de la TVA étaient d’environ Rs 25 milliards lors du budget précédent. Un montant qui dépend grandement de la consommation, alors que 75 % de la population touche un salaire inférieur à Rs 20 000 par mois, rappelle Fareed Jaunbocus.
Marge de manœuvre
D’où l’importance selon Paul Baker, CEO d’International Economics Consulting, de proposer un budget expansionniste. Il est difficile pour le gouvernement de fermer les yeux sur ce qu’il se passe dans le monde, souligne-t-il. « C’est dans l’intérêt de l’État de trouver des solutions. Il y a des gouvernements à l’étranger qui ont, par exemple, essayé de réduire la taxe sur le pétrole », indique Paul Baker.
En dépit des incertitudes qui planent, tout semble indiquer que le père Noël ne devrait pas passer plus tôt cette année, poursuit Fareed Jaunbocus.
« Je pense que le gouvernement a entendu le message envoyé par la population à travers les récentes manifestations. Cependant, ce sera difficile de répondre à toutes les attentes », fait-il comprendre.
Paul Baker est, lui, cependant d’avis que la marge de manœuvre devrait être boostée par la dette si besoin est. Car dit-il, « je ne vois pas d’autres solutions que de s’endetter davantage. Les autres pays le font et la tolérance de dépassement pour Maurice a augmenté. »
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