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Mare-Chicose : l’octroi d’un contrat de Rs 136 M à Sotravic/Eneotech fait tiquer

Une crise écologique est fortement redoutée à Mare-Chicose.

Le centre d’enfouissement de déchets de Mare-Chicose fait l’objet d’une énième controverse. Un contrat de Rs 136 millions a été accordé au consortium Sotravic/Eneotech. L’attribution s’est toutefois faite via l’Emergency Procurement, ce qui suscite des interrogations. La gestion du site et les contrats alloués pour améliorer l’efficacité de ce lieu déjà saturé suscitent de plus en plus d’inquiétudes. 

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Le centre d’enfouissement de déchets de Mare-Chicose ne cesse de faire couler de l’encre. Un contrat pesant Rs 136 819 090,89 a été accordé à un consortium composé de la firme mauricienne Sotravic et de la société britannique Eneotech. C’est le moyen de son attribution qui suscite de nombreuses interrogations. Raison : cela s’est fait à travers un exercice d’Emergency Procurement. 

Le recours à un tel procédé soulève des questions car il est généralement considéré comme une pratique susceptible de conduire à la corruption. Cela a été observé lors de la pandémie de COVID-19, où des contrats attribués sous le couvert de l’Emergency Procurement ont fait l’objet d’enquêtes de l’Independent Commission against Corruption.

En novembre dernier, le ministère de l’Environnement était sur le point d’attribuer un contrat de Rs 3 milliards pour l’expansion verticale du centre d’enfouissement. Deux entreprises avaient été présélectionnées : Sotravic Limitée et Serveng Ltd avec des offres respectives de 
Rs 3 398 481 539 et de Rs 3 431 875 856,05. 

Le 28 décembre 2023, soit à peine un mois plus tard, le ministère de l’Environnement a décidé cette fois de confier un autre contrat au consortium Sotravic/Eneotech. La mission, cette fois, est d’entreprendre des travaux visant à créer un « void space » à Mare-Chicose. 

Diverses recherches indiquent que la création d’un « void space » dans un centre d’enfouissement de déchets implique la préparation et la mise en place d’une zone spécifique, souvent creusée dans le sol, où les déchets peuvent être déposés et stockés de manière organisée. L’objectif est de maximiser l’utilisation de l’espace disponible tout en minimisant l’impact environnemental et en respectant les normes et réglementations. 


Saturation

Or, une question se pose dès lors : de quelle marge de manœuvre dispose-t-on au centre d’enfouissement de Mare-Chicose pour la création d’espaces additionnels, sachant que le site est en état de saturation depuis plusieurs années déjà ? La problématique a fait l’objet de plusieurs études au fil des années. Tous les rapports produits ont unanimement souligné la situation dangereuse à laquelle est confronté le centre d’enfouissement en raison de sa gestion défaillante. 

Une des premières institutions à avoir alerté les autorités du danger écologique auquel était exposé le site est le bureau de l’Audit. Ce dernier avait publié un rapport intitulé « Environment Protection - Ensuring Proper Disposal of Hazardous Wastes ». En mai 2017, lors d’une visite, il avait vivement critiqué la manière dont les déchets électroniques étaient exposés en plein air et sur le sol. 

De plus en septembre 2022, un « Special Rapporteur » des Nations unies ainsi que le ministère de l’Environnement avaient collaboré pour préparer un rapport conjoint. Ce document avait mis en lumière la situation alarmante en matière de gestion des déchets. La Division de la gestion des déchets solides et du changement climatique avait signalé que c’était un défi immense pour Maurice. Elle avait même parlé d’une « waste disposal crisis » si les autorités n’agissaient pas. 


Sunil Dowarkasing : « Échec de la gestion des déchets » 

S’exprimant sur les travaux qui seront entrepris pour créer de nouveaux espaces à Mare-Chicose, Sunil Dowarkasing, ancien Global Strategist de Greenpeace, indique que cette pratique est monnaie courante dans le contexte des centres d’enfouissement de déchets. Cependant, il ne s’explique pas pourquoi l’attribution du contrat s’est faite à travers l’Emergency Procurement. 

« Ce projet de création d’espaces additionnels permettra de générer davantage d’énergie à partir des déchets organiques. Quand on sait que Sotravic est responsable de la production d’électricité à partir de déchets, on est en droit de se demander si le contrat qui lui a été attribué lui fournira davantage de sources d’énergie, lui permettant ainsi de produire plus d’électricité. Si c’est le cas, ce sera un véritable jackpot pour Sotravic », explique l’ancien député. Depuis que Kavy Ramano a pris en charge le ministère de l’Environnement, le dossier de la gestion des déchets à Maurice « connaît un échec total ». Il souligne que bien que le ministre ait initialement évoqué le projet d’économie circulaire, avec des millions de roupies investies dans la préparation de rapports et le recrutement de consultants, la réalité est que le projet n’a toujours pas vu le jour.

 


Joanna Bérenger : « Un hidden agenda » 

« Le recours à un Emergency Procurement laisse entrevoir un hidden agenda », estime Joanna Bérenger. La députée du Mouvement militant mauricien, qui porte un vif intérêt à la situation de Mare-Chicose et à sa saturation, est d’avis que la solution la plus efficace pour gérer les déchets à Maurice réside dans leur ségrégation. « Dans le Masterplan du ministère de l’Environnement, ce projet avait été évoqué comme une solution à court terme pour soulager Mare-Chicose. Mais la réalité est que nous sommes arrivés à mi-mandat et ce projet n’a toujours pas été concrétisé », fait-elle ressortir.texte

 

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