
Face à la réforme repoussant l’âge de la pension à 65 ans, une mobilisation citoyenne s’est tenue à Rose-Hill. Les organisateurs annoncent des actions internationales et une éventuelle contestation en justice, si le gouvernement ne recule pas.
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Ce samedi 21 juin, sous un ciel voilé par la brise hivernale, Rose-Hill a vibré au rythme d’une marche de protestation d’envergure. Une foule nombreuse s’est rassemblée à l’appel de la plateforme Pa Touss Nou Pansion 60 an, initiée par Deonarain Lokee (Pran Kont Lepep) et Bruneau Laurette (Ansam Sitwayin). L’objectif ? Exprimer un refus collectif face à la réforme du Budget 2025-26 présenté par le Premier ministre et ministre des Finances Navin Ramgoolam, qui prévoit de repousser progressivement l’âge de la pension de 60 à 65 ans.
À 11 h 30, un cortège se forme à l’ancienne foire d’Arab Town. Pancartes en main, au rythme des tambours et vuvuzelas, les manifestants entonnent « Manter nou pa le », exprimant leur colère contre cette mesure perçue comme une atteinte à un acquis social fondamental.
Bruneau Laurette, vêtu d’un T-shirt blanc floqué du slogan de la marche, mène le cortège. Habitué des mobilisations citoyennes depuis la manifestation d’envergure suivant la marée noire du MV Wakashio en août 2020, il lance : « C’est juste un ‘warming up’. Si le gouvernement ne comprend pas le message aujourd’hui, nous allons continuer. Nous irons plus loin, même en nous rassemblant avec ceux qui participent à la marche de Port-Louis. Ce que nous faisons ici, c’est envoyer un signal fort à ceux qui prennent les décisions : nous voulons que la réforme de la pension soit revue. » À ses côtés, d’autres activistes, dont Dominique Seedeeal (Darren L’Activiste) et Georges Ah Yan, déjà retraité, mais « solidaire avec ceux qui approchent l’âge de la retraite ».
La foule témoigne de la diversité des citoyens venus des quatre coins de l’île. Une femme âgée de Bambou-Virieux confie : « J’ai tenu à venir aujourd’hui. Ce n’est pas juste pour moi, mais pour tous ceux qui se battent pour une retraite digne. » Un manifestant de Quartier-Militaire, déjà retraité, explique que certaines personnes meurent avant 60 ans : « Repousser l’âge d’éligibilité, c’est inacceptable ! Je suis ici parce qu’on doit tous se battre ensemble. »
Le mécontentement dépasse la simple réforme. Un citoyen dénonce : « Nous ne sommes pas responsables des erreurs des politiciens, de la mafia. Ce n’est pas à nous de payer les pots cassés. » Des représentants de groupes de travailleurs sont également présents. Un représentant du Regroupman Artizan Morisien défend les ouvriers : « Les maçons, les charpentiers… nous aussi, nous travaillons dur. Nous aussi, nous méritons notre pension. Il est temps que nos voix soient entendues. Il faut cesser de nous ignorer ! »
Le message de la marche est aussi relayé par des membres de l’opposition. Adrien Duval, whip de l’opposition et membre du PMSD, présent parmi les manifestants, critique le gouvernement : « Il avait promis des bénéfices pour les retraités. Et maintenant, il reporte l’âge de la pension. Où sont les sacrifices de ceux qui gouvernent ? » Il dénonce l’absence de consultation : « Li met saret devan bef. Il est temps de mettre les points sur les i. » Le député estime qu’une contestation en justice s’imposera si le gouvernement maintient sa position : « Kontan, pa kontan, gouvernman pou bizin rekile. »
La marche avance dans le calme, les organisateurs ayant prévu de la conclure au Plaza, où une estrade avait été installée pour célébrer la Fête de la musique. Bruneau Laurette précise qu’une demande avait été faite pour y terminer la marche afin de « s’amuser un peu » et profiter de la musique en toute convivialité.
Mais l’accès est initialement bloqué par les forces de l’ordre. Bruneau Laurette dénonce une « entorse aux droits fondamentaux » : « Nous avons tous le droit d’être au Plaza. On a terminé notre marche, et maintenant on veut juste écouter un peu de musique. » Après discussions, les manifestants peuvent finalement pénétrer dans l’enceinte. Bruneau Laurette se laisse même aller à quelques pas de danse.
Cette marche pourrait être le début d’un mouvement plus vaste. Les organisateurs annoncent une manifestation synchronisée devant les ambassades mauriciennes à travers le monde si le gouvernement ne recule pas. Bruneau Laurette s’attaque à l’argument gouvernemental de « lakes vid » : « Lakes vid azordi inn vinn enn zouti propagann pou fer dimounn per. Inn bidzete 180 milyar roupi pou infrastriktir piblik. Ou ena 180 milyar roupi pou infrastriktir, ou pena inpe kas pou fon pansion ? »
Son message est ferme : « Si le gouvernement ne recule pas, nous porterons le combat sur le plan international avec le soutien de la diaspora, à Maurice comme à Rodrigues. » Il prévient : « Gouvernman inn dir zot bizin zwenn dan lasemenn, nou pou atann zot. Si zot anvi ki fer zafer-la eskale, nou pou fer li eskale. »
Deonarain Lokee exhorte les avocats Adrien Duval et Sanjeev Teeluckdharry à contester la réforme devant la cour : « Si bann-la pa tir sa bout-la dan sa Finance Bill-la, nou pou al lakour. »
À 12 h 30, le cortège se disperse dans le calme, mais la détermination reste intacte. Comme le résume Sanjiv, un manifestant : « Pas kapav zis ser sintir touletan. Kan nou pou gagn nou gato ? »
S.L. / Thirooven Gengan

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