Economie

Marché local - Lait: une production de 4 M de litres attendue en 2016

Michaël Valère s’attend à ce que la production de lait baisse d’année en année.
4,5 millions de litres de lait ont été produits à Maurice en 2015 contre 5 millions en 2014, indique Statistics Mauritius dans son dernier rapport. Une baisse qui ne fera qu’accentuer, préviennent les petits éleveurs. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2015, le pays a produit moins de 500 000 litres de lait par rapport à 2014. Une tendance qui devrait également se refléter cette année-ci. « La production devrait tourner autour de 4 millions de litres », indique Veer Sohawon, secrétaire de l’Association Cow Breeders de Nouvelle-Découverte. Prévision que partage Michaël Valère, directeur de Michaël Valère Dairy and Beef Production Ltd. « Il faudra s’attendre à ce que la production baisse d’année en année », prévient-il.

Coûts élevés

Plusieurs facteurs expliquent ce déclin. « Ceux qui produisent du lait font partie de la génération des 50-60 ans. Chaque année, un certain nombre d’entre eux abandonnent leurs activités pour des raisons liées au départ à la retraite ou pour des problèmes de santé », explique Raj Gaya, directeur de Best Dairy, compagnie qui commercialise actuellement 1 000 litres de lait par jour (par sachet de demi-litre) comparativement à 6 000 ou à 7 000 litres par jour, il y a une vingtaine d’années. Là où le bât blesse, c’est que les jeunes ne sont pas intéressés à faire ce métier. « Il n’y a donc pas de relève », se désole Veer Sohawon. Le secteur, poursuit Raj Gaya, n’est, en effet, pas assez professionnalisé pour attirer la jeune génération. Autre explication : les coûts de production sont de plus en plus élevés.  « Le budget consacré à l’achat des aliments pour bétail ne fait qu’accentuer d’année en année », déplore Michaël Valère, qui élève une quinzaine de vaches qui produisent, en moyenne, une centaine de litres de lait par jour. Il y a aussi le fait qu’une vache produit moins de lait à Maurice comparativement à d’autres pays tels que l’Australie. « En Australie, une vache occupe, à elle seule, cinq arpents de terre. Elle mange autant qu’elle veut et quand elle veut avec pour résultat qu’elle produit 40 litres de lait par jour. À Maurice, on ne peut pas jouir des mêmes conditions. Ce qui fait que la vache ne produit que 10 à 15 litres de lait quotidiennement », explique Raj Gaya. La superficie des terrains consacrés à l’élevage, ajoute Michaël Valère, est, en effet, restreinte. Il y a également le facteur économique. « Les Mauriciens préfèrent consommer du lait importé, qui est moins cher que le lait frais, d’une part, et plus rentable de l’autre, notamment en termes de nombre de verres obtenus par sachet d’un kilo », souligne Raj Gaya. Toutefois, tous les petits éleveurs s’accordent à dire qu’il y a une demande pour le lait frais sur le marché local. « Nous pouvons facilement écouler 1 000 litres de lait frais par heure », avance Raj Gaya. Pour booster la production de lait, il faudrait, recommande Veer Sohawon, que le gouvernement encourage les jeunes à s’y intéresser, en leur accordant des incitations. Il faudrait, préconise, pour sa part, Michaël Valère, que le gouvernement accorde des subventions notamment sur l’achat des aliments pour bétail. Et Raj Gaya de conclure : « Il faudrait des subsides pour professionnaliser le secteur et ainsi inciter des gens à s’y lancer. Ce qui permettra d’alléger notre note d’importation des produits laitiers et diminuer parallèlement le nombre de chômeurs dans le pays. »
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