Étant signataire de la Convention 182 (pires formes de travail des enfants) de l’Organisation internationale du Travail depuis juin 2000, l’État mauricien interdit le travail des enfants. Mais quoi que minime, celui-ci existe sous différentes formes.
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D’après l’Employment Rights Act, un enfant est défini comme une personne de moins de 16 ans. Cette loi stipule clairement que faire travailler un enfant, quelque soit la nature du travail, constitue un délit. Mais pour Reeaz Chuttoo, secrétaire de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), le travail des enfants existe toujours sous différentes formes mêmes si leur nombre est très minime.
Selon le syndicaliste, ce problème se pose davantage pour les enfants défavorisés ou vivant dans des familles à risques (drogués, repris de justice). « Ces enfants sont livrés à eux-mêmes. Ils ne vont pas à l’école et souvent, ils sont obligés de faire de menus travaux pour subvenir à leurs besoins, s’ils ne finissent pas eux-mêmes dans la délinquance », dira-t-il. Le travail des enfants est plus commun dans le secteur informel. Il cite notamment les ateliers de bicyclette, les petits commerces et autres petites entreprises familiales. Il y a aussi des enfants qui aident leurs parents pour la vente des légumes ou qui travaillent dans la tabagie parentale après les heures de classes.
« Généralement, les gens ferment les yeux sur ce phénomène, car ils pensent que ces enfants ne travaillent pas, mais aident leurs parents ». Et Reeaz Chuttoo de poursuivre : « En réalité, ils sont doublement exploités. D’un côté, ils ne sont pas rémunérés et de l’autre, on leur vole leurs temps de loisir après l’école. » Cependant, il reconnaît que dans le secteur formel, le travail des enfants n’existe pas. Pour le syndicaliste, le Nine-Year Continuous Basic Education aura un effet dissuasif sur le travail des enfants. Il s’en réjouit d’autant plus que si un enfant ne réussit pas sur le plan académique, il aura la chance de choisir la filière vocationnelle.
Il insiste que la place des enfants est à l’école et qu’ils ne sont pas destinés à se faire exploiter sur les sites de travail pour quelques deniers et devenir des êtres frustrés. Pour le syndicaliste, plusieurs enfants sont obligés d’abandonner leurs études pour aller travailler afin de subvenir aux besoins de leurs familles. L’un des moyens de combattre le travail des enfants, estime-t-il, est d’introduire un salaire décent qui permettra aux familles de vivre correctement tout en assurant l’éducation de leurs enfants.
Ce que dit la Convention 182
- Tout membre signataire doit prendre des mesures nécessaires pour s’assurer de la mise en pratique des dispositions de cette convention incluant les actions pénales ou autres sanctions appropriées contre les contrevenants.
- Tout membre signataire doit mettre l’accent sur l’éducation pour éliminer le travail des enfants et autres actions dans le temps pour protéger les enfants contre les pires formes de travail.
- Les mesures nécessaires doivent être prises pour non seulement libérer les enfants des pires formes de travail, mais assurer aussi leur réhabilitation sociale.
- L’accès des enfants à une éducation basique doit être assuré et, quand c’est possible, une formation vocationnelle pour tous les enfants libérés des pires formes de travail des enfants.
- L’identification des enfants à risque.
Les actions gouvernementales
Le gouvernement a pris un certain nombre de mesures sociales pour combattre le travail des enfants à Maurice, a indiqué un haut fonctionnaire. Parmi ces mesures, il y a l’« Income Support Program » visant à soutenir les familles les plus défavorisées tout en les encourageant à envoyer leurs enfants à l’école. Il y a aussi le transport gratuit dont bénéficient les enfants qui fréquentent un établissement d’enseignement, ce qui soulage les familles pauvres d’un fardeau financier. Selon le haut fonctionnaire, d’autres programmes ont été mis en place en faveur des enfants pauvres, dont le « Summer and Winter School Programmes ». Il y a aussi d’autres mesures pour protéger les enfants contre toute forme d’exploitation. La Child Protection Unit est ainsi responsable de la protection des enfants.
La population invitée à dénoncer le travail des enfants
Le 12 juin dernier, pour marquer la Journée internationale contre le travail des enfants, les officiers du ministère du Travail, des Relations industrielles, de l’Emploi et de la Formation, ont distribué des pamphlets dénonçant le travail des enfants. Ils ont invité la population à venir dénoncer les cas d’enfants au travail, sous le sceau de l’anonymat si elles le souhaite.
Témoignages
Rashid : «J’ai pu poursuivre mes études grâce à la vente des journaux»
« Enfant, je vendais les journaux avant d’aller à l’école et l’après-midi, après les heures de classe. Mes parents étaient pauvres et par mon travail, je contribuais aux dépenses familiales », explique Rashid, un fonctionnaire. Pour lui, c’est grâce à ce travail qu’il a pu poursuivre ses études secondaires et bâtir sa carrière.
Ashok : «Ce travail m’a valorisé»
« L’après-midi, après les heures de classe, et durant les week-ends et les vacances scolaires, je travaillais avec mon père, qui avait un atelier de réparation de bicyclettes. Ce qui ne m’empêchait pas d’étudier le soir et de poursuivre mes études jusqu’à la Forme V », raconte Ashok.
Pour son père, c’était une façon de lui faire apprendre un métier. « À la fin de mes études, je me suis lancé à plein temps dans ce travail et aujourd’hui, je gère mon propre atelier de bicyclette. J’importe même des bicyclettes neuves durant le mois de décembre », dit-il.
Et d’ajouter : « Mais je reconnais que les temps ont changé. La vie n’est pas aussi difficile que dans le passé. Les enfants ont toutes les facilités pour poursuivre leurs études tant académiques que vocationnelles. » Il conseille aux enfants et aux jeunes de continuer autant que possible leurs études, « car aujourd’hui, avec les nouvelles technologies, même les métiers les plus simples exigent une bonne base d’éducation tant académique que vocationnelle. »
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