Marché des changes : la roupie recule face au dollar après une brève période de stabilité

Après une brève appréciation, la roupie recule face au dollar. Les flux entrants et sortants sur le marché des changes et les actions de la Banque centrale influencent la tendance.

La roupie mauricienne a enregistré une légère dépréciation face au dollar américain au cours des trois derniers mois, inversant une courte période d’appréciation observée au milieu de l’année. Entre le 13 août et le 10 novembre 2025, le taux de change de la roupie s’est déprécié de 0,9 % par rapport au dollar, tout en progressant de 1,7 % face à la livre sterling et de 0,1 % par rapport à l’euro. Cette évolution reflète les mouvements du marché des changes, ainsi que les flux de capitaux entrants et sortants.

Selon les données de la Banque centrale, le chiffre d’affaires sur le marché des changes national s’est élevé à 3,4 milliards de dollars américains sur la période considérée, comprenant 1,6 milliard d’entrées et 1,8 milliard de sorties. Ce total représente une hausse de 296 millions de dollars par rapport à la même période de 2024. Les entrées ont principalement été enregistrées dans les secteurs financier et de l’hébergement, tandis que les sorties concernent surtout le commerce de gros et de détail.

La Banque de Maurice (BoM) a continué d’intervenir pour stabiliser le marché, notamment en ciblant les importateurs de biens essentiels et les petites et moyennes entreprises. Depuis le début de l’année, les interventions de la Banque sur le marché des changes se sont élevées à 190 millions de dollars, contre 335 millions pour la même période en 2024. Ces opérations incluent une vente de 100 millions de dollars effectuée récemment après la dernière réunion du Comité de politique monétaire.

Priscilla Muthoora Thakoor, gouverneure de la Banque de Maurice, a expliqué que le taux de change reflète une combinaison de facteurs, dont les conditions de l’offre et de la demande et les mouvements des principales devises sur le marché international. « Nous avons observé une forte demande de devises étrangères au premier semestre, notamment en juin, et la Banque est intervenue à ce moment-là. Nous assistons actuellement à une légère reprise, alors que la fin de l’année approche et que les importations augmentent », indique-t-elle.

Elle souligne également l’impact des décisions de la Réserve fédérale américaine sur le marché local. Une baisse des taux en octobre a modifié les équilibres entre le dollar et la roupie, tandis que la prochaine décision de la Fed reste incertaine. « L’écart entre le taux d’intérêt du dollar et celui de la roupie est un facteur déterminant. Actuellement, le taux d’intérêt positif tend à limiter une nouvelle dépréciation », précise la Gouverneure.

Régime de taux variable

Pour sa part, Dan Maraye, ancien Gouverneur de la BoM, rappelle que la roupie évolue selon un régime de taux variable. « Nous n’avons pas de taux fixe, contrairement à certains pays disposant de réserves importantes. Les fluctuations sont donc naturelles », explique-t-il. Il mentionne également d’autres facteurs internationaux susceptibles d’influencer le dollar, comme le rôle de l’euro dans le commerce mondial ou l’impact potentiel des BRICS. Selon lui, une dépréciation reste acceptable tant qu’elle reste dans la fourchette définie par la Banque centrale.

Concernant l’impact sur l’inflation et le coût des importations, Dan Maraye note que la majorité des marchandises destinées à la période festive a déjà été importée. La fréquence des interventions de la Banque sur le marché intérieur dépend de l’évaluation de l’équipe dirigeante et des conditions de marché, précise-t-il.

Le contexte international a également pesé sur le dollar. Le 13 novembre, la devise américaine a légèrement reculé après que le Président Donald Trump a signé un projet de loi mettant fin au plus long ‘shutdown’ gouvernemental de l’histoire des États-Unis, stimulant l’appétit pour le risque. À la même date, l’indice du dollar, qui mesure la performance du billet vert face à un panier de six autres devises, a reculé de 0,2 % à 99,150, proche de son plus bas niveau du mois. Dans le même temps, la livre sterling a montré peu de dynamisme, pénalisée par des données économiques jugées décevantes.