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Marché de l’emploi - Travailleurs étrangers : un apport incontournable

C’est dans le secteur manufacturier qu’on compte le plus grand nombre de travailleurs étrangers. C’est dans le secteur manufacturier qu’on compte le plus grand nombre de travailleurs étrangers.

La question fait toujours débat dans le monde du travail. Dans le milieu patronal, on justifie l’emploi des travailleurs étrangers par un manque de main-d’œuvre alors que dans le milieu syndical, on pointe du doigt un recrutement qui se fait au détriment des Mauriciens.

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On compte

39 203 travailleurs étrangers à Maurice à ce jour. Le nombre de Bangladeshis est en hausse constante, passant de 3 636 en 2006 à 21 719 en 2017. En revanche, il y a eu une baisse de la main-d’œuvre indienne, qui est passée de 9 970 en 2006 à 8 341 en 2017. Le  nombre de Malgaches travaillant à Maurice a connu une hausse, passant de 723 en 2006  à 3 957 à fin mars de cette année.

Presque 50 % des travailleurs étrangers sont engagés dans le secteur manufacturier. D’autres secteurs emploient un nombre important de travailleurs étrangers, notamment la construction, le tourisme et la boulangerie. Par contre, la nécessité de la main d’œuvre se fait sentir dans les domaines de l’agriculture et la restauration, où l’on envisage d’avoir recours aux étrangers.

Selon le secrétaire de la Small Planters’ Association, Kreepalloo Sunghoon, les planteurs font face actuellement à un manque cruel de main d’œuvre. Les jeunes, dira-t-il, refusent de travailler la terre et avec une communauté de planteurs vieillissante, on devra tôt ou tard se tourner vers les travailleurs étrangers.

Doit-on vraiment avoir recours aux travailleurs étrangers ? Consultant en relations industrielles, Dev Luchmun, est d’avis que Maurice ne pourra pas se passer des travailleurs migrants dans les court et moyen termes. Les Mauriciens, note-t-il, boudent plusieurs secteurs d’activités, notamment  la zone franche. « Sans l’apport des travailleurs étrangers, plusieurs entreprises auraient déjà fermé leurs portes », a-t-il fait ressortir. Et d’ajouter que ce sont des travailleurs étrangers qui maintiennent l’emploi des Mauriciens dans plusieurs entreprises. 

Plus productifs

Ainsi, selon un propriétaire de boulangerie qui emploie une douzaine d’étrangers, sans ces derniers, il aurait depuis longtemps fermé son entreprise. Grâce à ces travailleurs, a-t-il fait valoir, il est en mesure de nourrir une partie de la population de sa localité.

Un avis que partage l’économiste Vishal Rughoobur. « Plusieurs usines auraient déjà fermé leurs portes sans les travailleurs étrangers, car elles se seraient trouvées dans l’impossibilité d’honorer leurs commandes ». Certes, observe-t-il, les travailleurs étrangers coûtent plus chers, mais au final, les entreprises sortent gagnantes pour ce qui est de la productivité. Une étude devrait être faite, selon lui, pour déterminer les raisons qui poussent les Mauriciens à bouder certains secteurs. Cette étude devrait aussi proposer des solutions pour relancer ces secteurs. Il pense que le pays a toujours besoin de l’expertise étrangère dans plusieurs secteurs d’activités. Et de souligner que les étrangers peuvent assurer la formation des Mauriciens. Pour l’économiste, les Mauriciens et les étrangers sont complémentaires.

Pour sa part, le consultant Dev Luchmun note qu’en général, les travailleurs étrangers acceptent de faire des heures supplémentaires et de travailler durant le week-end et les jours fériés. Tandis que les Mauriciens préfèrent leur vie familiale et sociale. Il est en faveur d’une politique plus flexible sur l’importation des travailleurs étrangers. Il est aussi d’avis que les conditions dans le secteur manufacturier devraient être plus attrayantes pour intéresser les Mauriciens.

Des cartes d’identité

Depuis plus de deux ans, Dev Luchmun a demandé que chaque travailleur étranger ait obligatoirement une carte d’identité spéciale comportant son  nom, son âge, le numéro de son passeport, le nom de son employeur, son adresse et la validité de son permis de travail. C’est une pratique courante dans plusieurs pays, selon  Dev Luchmun. Cette carte permettrait aussi de mieux contrôler le travail au noir à Maurice.

Quant à la classe syndicale, elle n’est pas opposée à l’emploi des travailleurs étrangers, mais estime que ceux-ci ne doivent pas affecter la main-d’œuvre locale.

Un cadre légal

Y a-t-il un abus en ce qui concerne l’emploi des travailleurs étrangers ? Dev Luchmun, consultant en relation industrielles, reconnaît qu’au temps où il était conseiller au ministère du Travail, des Relations industrielles et de l’Emploi, plusieurs plaintes relatives à des abus sur des travailleurs étrangers avaient été enregistrées. Plusieurs manifestations avaient eu lieu devant le ministère.

Selon Dev Luchmun, le gouvernement doit proposer une « Migrant Workers Policy » cohérente et pragmatique pour mieux assurer la protection des travailleurs étrangers contre des abus. Il cite notamment l’abus des heures supplémentaires, qui pourraient avoir des effets néfastes sur la santé de ces travailleurs. Il faut, a-t-il dit, que des facilités de loisirs et des journées récréatives leur soient proposées. Il faut aussi une politique plus rigoureuse pour protéger les étrangers contre des agents recruteurs véreux. Et leurs contrats de travail devront être assez explicites quant aux salaires et autres conditions qui pourraient faire l’objet d’une vérification à tout moment par des inspecteurs de la « Migrant Unit » du ministère du Travail, des Relations industrielles, de l’Emploi et de la Formation.  Pour cela, a dit Dev Luchmun, il faudra renforcer le personnel de cette unité.

 

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