Des marchands d’oignons, de pommes de terre, d’ail et de gingembre du marché central accusent l’Agricultural Marketing Board de leur faire de l’ombre. Explications.
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Des marchands se plaignent du fait que l’Agricultural Marketing Board (AMB), qui a des étals au Marché central, propose l’oignon à Rs 32 le kilo, alors qu’eux sont contraints de vendre cette commodité à Rs 36 pour faire des profits.
« Autant que je sache, selon le règlement de la Local Government Act, l’AMB n’a pas le droit d’avoir un étal au Marché central », déclare un marchand, âgé de 56 ans. Il exerce cette profession depuis au moins une quarantaine d’années.
« De plus, la vente de l’oignon à un prix plus bas que les autres marchands du Marché central et qui sont enregistrés auprès de l’AMB est très mal reçue. N’est-ce pas une concurrence déloyale ? L’AMB doit, au contraire, respecter le rôle qui lui a été confié, celui de régulateur sur le marché local », dit-il. Il ajoute que ce problème ne concerne pas que l’oignon.
« Nous devons vendre entre 40 et 50 kilos d’oignons par jour pour espérer faire des profits. Idem pour la pomme de terre. Déjà que la concurrence est rude avec les foires de Sainte-Croix et de Résidence Martial et les autres marchands dans Port-Louis. Il ne faudrait pas qu’on ajoute cette concurrence à notre fardeau », déplore un autre marchand d’une trentaine d’années.
« L’oignon est acheté à Rs 30 le kilo de l’AMB. À cela, il faut ajouter les frais de transport, ce qui fait que l’oignon nous revient finalement à Rs 32 le kilo. Nous mettons les oignons à sécher, puis nous les traitons avant de les vendre. Souvent, dans un sac de 25 kilos, nous trouvons un kilo d’oignons avariés. Nous vendons l’oignon au détail. L’AMB le vend dans des sachets de 1 kilo, à un prix inférieur », ajoute-t-il.
Réponse de l’AMB
Dans sa réponse aux griefs des maraîchers, l’AMB apporte les précisions suivantes par la voix de son responsable, Benny Ramchurrun. « Nous avons effectivement deux points de vente au Marché central, l’étal 240 et l’étal 241. À vrai dire, ils avaient été confiés à un appointed dealer pendant au moins quarante ans », explique ce dernier. Cependant, à la suite de plaintes du public auprès de la mairie de Port-Louis à l’effet que les oignons ou les pommes de terre étaient vendus plus cher que prévu, l’AMB a repris la situation en main.
C’est-à-dire qu’à la fin du mois courant, l’appointed dealer sera sommé de se mettre aux normes de l’AMB et devra vendre les oignons dans les sachets préparés par l’AMB et au prix fixé par cette instance. « Nous rappelons que le prix de l’oignon et de la pomme de terre n’est pas fixé par l’AMB, mais recommandé... Chez certains marchands de ce marché, on trouve l’oignon à Rs 36, même à Rs 50. Comme la mairie continuait à recevoir des plaintes, elle a menacé de nous retirer les étals si on n’agissait pas », explique Benny Ramchurrun
Pour l’AMB, cette décision ne devrait pas poser de problème à la trentaine de maraîchers dans ce secteur au Marché central. « Nous avons des points de vente dans tous les marchés de l’île et tous les marchands continuent à gagner leur vie. Alors pourquoi pas ceux du Marché central ? », se demande Benny Ramchurrun. Pour lui, la décision de l’AMB semble les contrarier, d’où leur mécontentement.
Importateurs et détaillants
Les deux marchands qui soulèvent la question de concurrence déloyale déclarent être des petits marchands qui doivent dépendre de l’AMB et des autres gros importateurs indépendants pour leur survie.
« Je n’ai pas les moyens d’être un importateur. Pour cela, il faut disposer d’un capital de Rs 500 000, d’une chambre froide et d’acheter 28 tonnes au minimum pendant une période déterminée par l’AMB. Un petit détaillant peut seulement acheter entre deux et quatre tonnes d’oignons ou de pommes de terre par mois. Un gros acheteur peut lui acheter 40 kg par mois », explique le marchand âgé de 56 ans.
L’ail est importé uniquement par l’AMB, précise-t-il. Et d’ajouter qu’une tonne d’oignons coûte au maximum Rs 16 000 à l’importation. Quand la tonne est revendue aux petits marchands, le prix peut monter jusqu’à Rs 30 000, dit-il.
« La marge de profits est énorme pour les importateurs », fait-il remarquer.
Les marchands achètent des gros importateurs indépendants, parce que ces derniers vendent à un prix inférieur à l’AMB. Mais cela peut parfois jouer contre eux. « Quand il y a pénurie chez les importateurs indépendants, nous sommes obligés de revenir vers l’AMB. Et celui-ci peut refuser de nous en vendre… »
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