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Manque de main-d’œuvre locale : des chauffeurs d’autobus népalais et indiens appelés à la rescousse

Le manque de main-d’œuvre dans le secteur du transport amène le gouvernement à autoriser le recrutement d’étrangers.

Les compagnies d’autobus ont du mal à recruter des employés, notamment des chauffeurs et receveurs. Avec l’accord du ministère du Travail, des Népalais, Indiens et Malgaches devraient prendre le volant des autobus mauriciens dans les semaines ou mois à venir.

D’une compagnie d’autobus à une autre, c’est le même constat : la relève n’est pas assurée pour les postes de chauffeur, receveur, et même de mécanicien. Conséquence : des autobus en bon état doivent rester au garage le matin, faute de chauffeurs pour prendre le volant. 

Mais le salut pourrait venir de l’étranger à l’avenir, avec le recrutement de chauffeurs de divers pays. Le Népal, l’Inde et Madagascar sont ainsi cités comme des marchés potentiels pour le recrutement de chauffeurs étrangers pour pallier le manque de main-d’œuvre locale.

Viraj Nundlall, Managing Director de Triolet Bus Service (TBS), Krishna Kistnen, HR Manager de la RHT Holding Ltd, Rao Ramah, General Manager de la National Transport Corporation (NTC), Dhiraj Dosieah, Managing Director de la Mauritian Bus Transport Ltd (MBT), et Swaleh Ramjane, Managing Director de United Bus Service (UBS), expliquent que les différentes campagnes de recrutement sur le marché local se sont avérées infructueuses. « Il n’y a presque plus de main-d’œuvre locale dans ce secteur, il y a un grand manque d’intérêt pour occuper ces postes », affirme Viraj Nundlall. 

Absence de candidats

Rao Ramah abonde dans le même sens et révèle que l’avis lancé pour le recrutement de 70 chauffeurs a effectivement atteint ce chiffre, alors qu’auparavant, il aurait fallu faire une sélection parmi les quelque 300 à 500 inscriptions que la compagnie recevait habituellement. « Depuis ces quatre dernières années, nous avons de moins en moins de candidatures. Il y a peu d’intérêt, voire une absence de candidats potentiels sur le marché », fait-il comprendre. Eu égard à cette situation, il est d’avis que la prochaine campagne de recrutement risque de ne pas attirer grand monde non plus.

Situation difficile

La situation est difficile, d’autant que les procédures pour être chauffeur d’autobus sont longues, poursuit Viraj Nundlall. « Il faut d’abord avoir la licence et il y a une formation qui est indispensable. Mais il se trouve que nous n’avons pas d’aspirants à former », constate-t-il. Dhiraj Dosieah ajoute que les receveurs, par exemple, doivent détenir un certificat de caractère vierge, selon les règlements. Or, avec la politique de la maison qui exige une bonne conduite de la part des employés, ce précieux sésame ne serait pas indispensable avec la formation qui est dispensée.

« Dans l’intérêt de notre entreprise, nous dispensons des sessions de formation à nos employés. Il est dans l’intérêt de la compagnie qu’ils aient une bonne attitude envers les passagers. Ainsi, tout manquement peut être noté et corrigé au cours de cette étape, ce qui rend ‘obsolète’ le certificat de caractère, qui peut prendre trois semaines à un mois pour être délivré », selon lui. 

De plus, les aspirants receveurs ont des examens à passer auprès de la National Land Transport Authority (NLTA), ce qui prend plusieurs semaines. Si ces étapes pouvaient être évitées, ce serait une bonne chose, fait comprendre Dhiraj Dosieah. Les sessions de formation en interne sont là pour forger le personnel selon la ligne de conduite de la compagnie, afin qu’il donne un bon service aux clients, souligne-t-il.

Ce manque de main-d’œuvre n’est ainsi pas sans conséquences sur le fonctionnement quotidien des diverses compagnies, avec des autobus en bon état de marche qui doivent demeurer au garage faute de chauffeurs. Cela entraîne ainsi des retards sur certaines routes, amplifiés par les embouteillages, mais aussi parfois par les absences. Certains passagers évoquent ainsi les retards récurrents sur certaines lignes, alors que le délai de passage d’un bus est passé de 15 ou 20 minutes à trente minutes en semaine et jusqu’à une heure le week-end.

Nos différents interlocuteurs affirment cependant que des dispositions sont prises pour minimiser les contraintes au public voyageur avec des chauffeurs à temps partiel qui sont appelés à la rescousse. Ici, il s’agit bien souvent de chauffeurs employés dans d’autres secteurs qui profitent de leur jour « off » pour travailler dans ces compagnies, ce afin d’arrondir leur fin de mois. Les employés à plein temps sont également plus sollicités, ajoutent Viraj Nundlall, Krishna Kistnen et Swaleh Ramjane. Ils sont ainsi appelés à doubler leur shift, ce qui fait grimper les frais en termes d’heures supplémentaires. Swaleh Ramjane et Dhiraj Dosieah soutiennent qu’ils doivent remercier ces employés qui acceptent, après leur shift du matin, de travailler l’après-midi, et que leur compagnie respective n’a d’autre choix que de leur payer leur dû.

Cette baisse de la main-d’œuvre locale est aussi structurelle, selon Rao Ramah et Swaleh Ramjane. Notamment en raison du vieillissement de la population et de la baisse de la population active. Cette situation est palpable dans tous les secteurs, selon le directeur général de la CNT.

Recrutement et formation des étrangers

La RHT a fait une demande pour le recrutement de 33 chauffeurs qui viendront du Népal, de Madagascar ou de l’Inde, suivant le plan mis en place par le ministère du Travail, explique Krishna Kistnen. Ces chauffeurs devront suivre des sessions de formation auprès du MITD et passer le test de conduite de la police pour obtenir leur licence pour pouvoir rouler sur les routes mauriciennes. « Nous avons eu un quota de 33 chauffeurs en fonction du nombre de nos employés, selon la formule un chauffeur étranger pour trois chauffeurs locaux », dit-il.

Le recrutement de chauffeurs étrangers risque d’être difficile pour les petites compagnies, soutient Dhiraj Dosieah, notamment au niveau salarial, alors que Viraj Nundlall évoque les longues procédures comme étant un frein pour le recrutement des chauffeurs étrangers, mais des démarches ont été enclenchées, nous a-t-il fait comprendre. 

Du côté de UBS, des logements sont en voie d’aménagement pour accueillir 16 chauffeurs du Népal. La compagnie envisage même d’augmenter la capacité d’accueil jusqu’à 80, si cela s’avère nécessaire.

Au niveau de la CNT, Rao Ramah indique qu’il n’y a pas beaucoup d’options. Des discussions ont déjà été entamées avec les divers syndicats. « Nous ne sommes pas encore arrivés au stade de recrutement de la main-d’œuvre étrangère. Nous allons lancer une nouvelle campagne de recrutement. Si elle est aussi infructueuse que les précédentes, nous allons devoir envisager d’autres solutions. »

Il souligne cependant que rien n’a été finalisé concernant le recrutement de travailleurs étrangers, car les pourparlers sont encore en cours. Mais à l’avenir, il va falloir trouver des solutions nouvelles, dit-il.

Le comportement des voyageurs décrié

Au dire de Swaleh Ramjane et Dhiraj Dosieah, le comportement du public voyageur serait une des raisons qui n’incitent pas les jeunes à entrer dans ce secteur. De plus, ajoute Swaleh Ramjane, d’anciens employés, qui connaissent le milieu, n’encourageraient pas leurs enfants à emprunter le même chemin, mais à trouver un travail avec des horaires moins contraignants. « Être chauffeur ou receveur est un travail difficile. Il faut commencer tôt ou finir tard », ajoutent Krishna Kistnen et Dhiraj Dosieah.  

 

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