L’industrie touristique a fait une demande officielle aux autorités compétentes pour pouvoir importer de la main-d’œuvre étrangère. « Nous sommes en faveur d’un ratio de 1 :3, soit un expatrié pour trois travailleurs mauriciens. Et ce, afin de pouvoir garder une majorité des travailleurs mauriciens dans ce secteur. Cela ne mettra pas en péril l’emploi des Mauriciens », a indiqué Jean-Cyril Julienne, Chief Human Ressource Officer chez Rogers Hospitality.
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C’était lors de l’émission « Au Cœur de l’Info » animée par les journalistes Prem Sewpaul et Florence Alexandre, hier, jeudi 8 septembre, sur les ondes de Radio-Plus. L’émission était axée sur la « grave pénurie de main-d’œuvre locale » dans le secteur de l’hôtellerie à l’approche de la haute saison.
2 500 emplois postes à pourvoir dans l’immédiat
Jean-Cyril Julienne a qualifié la situation comme « une pénurie historique dans le secteur ». Il explique qu’avant la pandémie de la Covid-19, on comptait autour de 24 500 d’emplois directs dans l’hôtellerie. Valeur du jour, précise-t-il, ce chiffre est tombé à 21 000, soit une baisse de 3 500 emplois directs.
« À l’heure où je vous parle, il y a 2 500 postes à pourvoir immédiatement dans les hôtels à Maurice », dit-il. On apprend qu’il y a précisément 250 postes à pourvoir, notamment au niveau de la cuisine, du SPA, de la maintenance et du Sports & Leisure entre autres.
Le Chief Human Ressource Officer attribue cette situation aux séquelles de la Covid-19. « Durant les 18 mois où les établissements hôteliers étaient fermés, plusieurs employés se sont reconvertis dans d’autres secteurs d’activités et ne veulent plus travailler dans l’hôtellerie. Et aujourd’hui, on a beaucoup de mal à les récupérer », avoue-t-il.
Varuna Ramlagun, Chief Human Ressource Officer chez Sun Ltd, autre invitée de l’émission, devait faire remarquer que même l’École hôtelière arrive difficilement à recruter un nombre suffisant d’étudiants pour des cours en hôtellerie. « Généralement, on faisait appel à cette école pour le recrutement. Mais aujourd’hui, c’est le contraire qui se passe. C’est l’École hôtelière qui fait appel à nous pour offrir des cours de formation à nos employés », fait-elle ressortir.
Toutefois, Varuna Ramlagun attire l’attention que les postes au niveau du ‘Middle Management’ sont toujours prisés et que le problème se pose surtout au niveau des opérations. « Il y a, malheureusement, une mauvaise perception à Maurice pour certains types de travail dans les hôtels », explique-t-elle. Par ailleurs, on apprend que chez Sun Resort, il y a autour de 200 postes à prendre.
Outre un salaire décent, la sécurité est importante.
De son côté, Jennifer Webb de Comarmond, directrice de Proactive Talent Solutions, explique qu’après la Covid-19, il y a une perception que les emplois dans le secteur de l’hôtellerie ne sont pas sécurisés sur le long terme. Elle parle de l’importance de revaloriser certains emplois dans ce secteur en vue d’attirer la main-d’œuvre locale. « Les gens ont besoin non seulement d’un salaire décent, mais aussi d’une sécurité et de la possibilité de s’épanouir dans le long terme dans leur travail », affirme-t-elle.
Manque de main-d’œuvre due aux mauvaises conditions de travail
Pour le président de la Fédération des Travailleurs Unis (FTU), Atma Shanto, le problème de la main-d’œuvre dans le secteur de l’hôtellerie relève surtout de mauvaises relations industrielles. « Si bien que les Mauriciens sont de plus en plus attirés par des emplois sur des paquebots où les conditions de travail sont plus attrayantes », fait-il ressortir.
Concernant le recrutement des travailleurs étrangers dans le secteur de l’hôtellerie, Atma Shanto y trouve une contradiction. Il explique que d’un côté, le taux de chômage est élevé et de l’autre, les employeurs insistent sur le recrutement de la main-d’œuvre étrangère. Pour attirer les travailleurs dans ce secteur, le syndicaliste estime qu’il faut améliorer les conditions de travail.
Arvind Bundhun : « Nous atteindrons le cap d’un million de touristes d’ici décembre »
Le directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), Arvind Bundhun, est optimiste que d’ici décembre, Maurice pourrait atteindre le cap d’un million de touristes. « Nous optimisons tous nos efforts pour atteindre cet objectif. Depuis janvier à août 2022, le pays a accueilli 550 000 touristes. Et ce, malgré des conditions difficiles, tant sur le plan sanitaire que géopolitique. On constate une certaine croissance chaque mois. Nous avons réalisé une basse saison très encourageante. À partir du mois d’octobre, nous entamerons la haute saison avec plein d’optimiste », dit-il.
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