Le manque de main-d’œuvre demeure un casse-tête pour les opérateurs de plusieurs secteurs. Ils sont nombreux à demander un assouplissement des procédures pour l’emploi de travailleurs étrangers et la révision du ratio actuel de trois étrangers pour un Mauricien.
Textile
La compagnie textile Wensum Ltd compte actuellement 400 employés, dont 300 Mauriciens et 100 étrangers. Cet effectif n’est pas suffisant pour honorer les commandes urgentes, déplore le directeur, Avinash Goburdhun. « Nous peinons à remplir les postes vacants. Les Mauriciens ne sont pas intéressés par une carrière dans le textile. La seule solution est d’avoir recours aux travailleurs étrangers », dit-il. Cependant, avec le quota imposé de trois étrangers pour un Mauricien, l’importation de main-d’œuvre est limitée. « Nous demandons donc au gouvernement de revoir ce quota. En tenant compte du contexte actuel, pour que nous puissions atteindre une productivité soutenue, il faudrait qu’il y ait au moins cinq étrangers pour un Mauricien », affirme-t-il.
Boulangerie
La main-d’œuvre étrangère est encore plus prisée dans le secteur de la boulangerie. « Je dis toujours que s’il n’y avait pas de Bangladais pour travailler dans les boulangeries, les Mauriciens n’auraient pas de pain à manger », déclare Nasser Moraby, président de l’Association des propriétaires de boulangeries. Pour lui, il est grand temps que le ministère du Travail augmente le quota autorisé pour permettre le recrutement de davantage de travailleurs étrangers. « On ne peut plus se limiter à trois étrangers pour un Mauricien. Il en faut au moins cinq. » Par ailleurs, il explique que lorsque des travailleurs étrangers s’enfuient, le nombre n’est pas déduit dans le quota. « Il faut que les services de l’immigration arrivent à mettre la main sur ces travailleurs et informent le ministère du Travail pour que l’ajustement soit fait. Or, cela peut prendre des années. »
Construction
Même si le secteur de la construction propose des salaires attractifs, les jeunes mauriciens ne sont pas intéressés, indique Deepak Doolooa, directeur de RD Construction. Il souligne qu’un maçon touche entre Rs 1 200 et Rs 1 400 par jour, ce qui fait un salaire mensuel de Rs 30 000. Un manœuvre, précise-t-il, gagne entre Rs 900 et Rs 1000 par jour. « Il y a des projets dans le secteur mais nous n’avons pas assez d’effectif. Revoir le quota de trois à au moins cinq étrangers serait bien accueilli », dit-il.
Accélérer les procédures pour l’octroi des permis
La lenteur administrative est un autre obstacle auquel font face les opérateurs économiques pour le recrutement de main-d’œuvre étrangère. Pour Avinash Goburdhun, une fois que la demande de permis est soumise par l’employeur, la procédure doit être plus rapide au niveau des autorités concernées. « Très souvent, quand on reçoit le permis, les travailleurs étrangers ont déjà trouvé d’autres opportunités d’emploi et ne sont plus disponibles pour venir travailler à Maurice », déplore le directeur de Wensum Ltd. Il dit avoir fait des demandes pour recruter des Indiens et des Malgaches mais être dans l’attente des permis.
Nasser Moraby abonde dans ce sens. « À Maurice, il faut compter au moins trois mois pour que la procédure pour l’octroi des permis soit complétée alors qu’à Dubaï et en Malaisie, les formalités sont effectuées dans un délai d’un mois », indique-t-il. Ainsi, c’est le principe de « first come first served » qui s’applique. « Les travailleurs iront aux employeurs qui seront les premiers à être en mesure de les faire travailler. »
Pour sa part, Deepak Doolooa avance que la procédure peut prendre jusqu’à six mois. « Ce n’est pas possible que le monde des affaires soit en train d’évoluer et que les procédures administratives restent toujours ‘outdated’. » Maintenant, avec la Covid-19, poursuit-il, il faut faire le va-et-vient dans divers organismes. Le directeur de RD Construction propose la création d’un one-stop-shop pour effectuer toutes les formalités relatives à l’importation des travailleurs étrangers.
Une évolution imminente
Le ministre des Affaires, Sunil Bholah, a déclaré sur Radio Plus qu’une série de mesures sera bientôt introduite pour favoriser l’importation de main-d’œuvre.
Selon lui, il est fort probable que ces mesures soient mises en place avant la présentation du budget 2022/2023. Voici les grandes lignes :
- La mise en place d’un « fast track » au ministère du Travail pour s’occuper des demandes de permis pour les travailleurs étrangers.
- Le ratio de trois étrangers pour un Mauricien sera revu à la hausse.
- La publication d’annonces légales dans la presse concernant les permis ne sera plus obligatoire.
Évolution de la main-d’œuvre à Maurice
• 31 800 travailleurs étrangers recensés en 2020 | ||
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Année | Nombre de travailleurs mauriciens | Nombre de travailleurs étrangers |
2013 | 571 200 | 26 300 |
2014 | 575 700 | 28 300 |
2015 | 584 600 | 28 300 |
2016 | 581 000 | 28 600 |
2017 | 586 900 | 28 400 |
2018 | 583 800 | 29 400 |
2019 | 591 000 | 30 900 |
2020 | 570 100 | 31 800 |
Source : Statistics Mauritius. |
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