Elle n’arrondit pas les angles et estime qu’il est de son devoir de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Manisha Jooty, porte-parole de la Mauritius Broadcasting Corporation Staff Association (MBCSA), affirme que les journalistes de la MBC sont tout, sauf des paillassons du pouvoir en place.
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Quelle est votre lecture de la mise en congé du directeur général de la MBC et du directeur de l’Information par intérim de la MBC ?
La décision de mettre en congé le directeur général est venue du Board, Cela même si ce dernier a été nommé par le Premier ministre. Pour ce qui est de Jugdish Jatoo, c’est le conseil d’administration qui l’a suspendu, comme cela aurait été le cas pour n’importe quel autre membre du personnel. Au niveau du syndicat, nous sommes derrière Jugdish Jatoo qui n’a été qu’un bouc-émissaire.
Est-ce dans la normalité des choses que ce soit le PMO qui s’en mêle pour ces suspensions ?
Normalement, non. Mais…
On reproche à la MBC de ne pas couvrir tel ou tel événement. Est-ce que la station a les mains liées ?
Pour ce qui est de la couverture ou non d’événements liés à l’actualité, c’est la rédaction-en-chef qui décide, d’un commun accord avec les journalistes. C’est la ligne éditoriale officielle de la MBC qui garantit notre indépendance et notre fairness dans le traitement de l’information.
Vous avez quand même les mains liées quelques fois, avouez-le…
Effectivement, quelques fois, nous avons les mains liées, mais je ne veux pas entrer dans les détails. Concernant les événements de La Butte et de Résidence Barkly, on a soulevé la question au briefing… Mais, je dois souligner qu’il y a des événements, comme stipulé par la MBC Act, qu’il nous est strictement défendu de couvrir, comme pouvant inciter à la haine raciale. On connaît nos paramètres.
La présence du responsable de la communication du PMO sur le Board de la MBC a été mal perçue »
Pour ces sujets dits sensibles, faut-il impérativement avoir l’aval du directeur général et, si c’est le cas, devrait-il avoir une notion du métier de journalisme au préalable ?
Dans des cas sensibles, le rédacteur-en-chef doit avoir l’aval du directeur général et, si ce dernier n’est pas journaliste de formation, c’est là où surgit le problème. C’est pour cela qu’on ne peut porter le chapeau de directeur général de la MBC sans avoir une notion de l’audiovisuel et de l’information. Cela aurait été mieux pour lui-même d’avoir ces deux qualités afin qu’il soit au courant des affaires courantes du pays et agir en conséquence avec prudence.
Comment prenez-vous le fait qu’un responsable de la communication du PMO siège sur le Board de la MBC ?
C’est la toute première fois que le responsable de communication du PMO siège au sein du conseil d’administration. Sa présence sur le Board de la MBC a été mal perçue.
Pourtant, la MBC Act prévoit la présence au sein de son Board d’un représentant du PMO, il en est un…
Selon la MBC Act, le conseil d’administration doit être composé de sept membres : le président est nommé par le Premier ministre, puis un Supervising Officer du Government Information Services (GIS), deux personnes avec une expérience dans l’éducation et le broadcasting, une autre en administration et les relations industrielles et une dernière personne ayant des compétences en économie et finances. Jamais dans les annales de la MBC n’aura-t-on vu une personne responsable de la communication du PMO siéger sur le Board. Je ne sais comment il a atterri là.
Est-ce que la MBC deviendrait, même à un degré moindre, comme la Pravda ?
La comparaison vient de vous. L’une des clauses de la MBC Act stipule qu’il y a un représentant du PMO au sein de son conseil d’administration, mais aucunement celui responsable de sa communication. C’est malsain.
Est-ce que ce représentant du PMO a le droit de choisir celui ou celle qui présente le JT de 19 h 30 ?
Absolument pas. De quoi se mêle-t-il ?
Est-ce que c’est la tête de la présentatrice qui ne lui plaisait pas ou alors qu’elle ne passait pas bien aux yeux de ceux qui nous gouvernent ?
Le responsable de communication du PMO a fait comprendre que la MBC ne devrait plus permettre à cette présentatrice du JT de passer de nouveau à l’antenne. Ce qu’il ne sait pas, c’est que le choix de celui ou celle qui passe à l’antenne pour le JT relève du rédacteur-en-chef. Point barre.
L’ingérence politique au sein de la MBC ne nuit-elle pas aux initiatives des journalistes ?
Bien sûr que l’ingérence des politiciens met un frein à toute initiative des journalistes. À titre d’exemple : souvent ce sont les politiciens qui choisissent l’angle des reportages, alors qu’à notre niveau on tente de garder le fairness. Notre ADN de journaliste prend heureusement souvent le dessus, malgré des consignes des politiciens.
Il y a une pétition signée par des journalistes de la rédaction qui a été envoyée au PMO et à qui de droit. Dites-nous les principaux points soulevés ?
Il y a eu une pétition signée par une vingtaine de journalistes de la télévision et de la radio de la station. Elle a atterri sur la table du Board et celle du PMO.
Les points saillants de cette pétition reposent sur quoi ?
Entre autres points, c’est l’exigence du responsable de communication du PMO d’ouvrir les infos de 19 h 30 avec les activités des ministres et du gouvernement dans son ensemble. Pour nous, journalistes, « it’s fallacious and most unfair and that belittle our professional integrity and shamefully criticized the editorial policy and news coverage of the MBC while rebuting any intrusion and implication. We are dismayed and this attacks our self-respect ».
Expliquez-nous pourquoi il n’y a pas de directeur de l’Information depuis de longs mois et ceux qui sont nommés par intérim refusent le poste…
Un refus veut tout dire. Celui qui fait l’intérim au poste de directeur de l’Information ne peut travailler dans ces conditions avec les mains liées.
Ne serait-il pas l’heure de rehausser le niveau de la station de radio-télévision nationale avec des programmes locaux et autres ?
It’s long overdue, cela fait longtemps que la MBC aurait dû rehausser son niveau, surtout que les journalistes de la MBC ont des compétences qui sont demeurées jusqu’ici dormant.
On parle d’un effectif surnuméraire, faudrait-il proposer un VRS à certains employés ?
Cette question devrait être canalisée vers le Board de la MBC.
En tant que porte-parole du syndicat des journalistes de la MBC, qu’est-ce qui vous révolte le plus à la MBC ?
Il est révoltant de travailler dans de telles conditions. On ne peut avoir quelqu’un de l’extérieur et qui se fait passer pour Missie konn tou au conseil d’administration. Actuellement, il ne fait pas bon vivre à la MBC. Il faut que l’on sache que les journalistes de la MBC ne sont pas des paillassons du pouvoir en place. Le responsable de la communication du PMO estime que la MBC tombe dans la facilité, alors que nous, on veut bien faire, mais…
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