Économiste et conseillère en stratégie d’investissement et commerce international, notre interlocutrice affirme que le moment est opportun pour donner une nouvelle impulsion à l’économie en créant de nouveaux projets plus inclusifs.
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Le gouvernement devrait-il poursuivre avec son agenda économique tel qu’énoncé dans son premier budget de mars 2015 ?
Certains des éléments de l’agenda économique sont est en train d’être mis en place. Le groupe ENL a lancé son projet de ville intelligente. Landscope a appelé le public pour des discussions sur la mise en application de ses projets de villes intelligentes. À part le rapport sur les Petites et moyennes entreprises dévoilé le mois dernier, le secteur de la production est toujours mis à l’écart. Nous sommes un pays qui, tout en visant à devenir une économie à hauts revenus, a aussi un fort taux de personnes qui vivent en-dessous du seuil de la pauvreté. Les projets économiques se focalisent sur les secteurs des services. Souvent il y a peu d’emplois rémunérateurs dans ces secteurs pour ceux qui n’ont pas un diplôme ou des connaissances appropriées.
Êtes-vous confiant que la reprise économique est bel et bien là ?
Si reprise veut dire que nous aurons un certain degré de croissance, je pense que oui, même si c’est faible. Le secteur financier axé sur le marché indien a été boosté car des entreprises voudraient bénéficier des clauses transitoires du nouvel accord.
Cependant, une vraie reprise de l’économie veut dire développer des secteurs d’activités pour le grand nombre de sans-emplois qui existent à Maurice. En décembre 2016, il y avait presque 40,000 sans-emplois dont presque la moitié était des jeunes de moins de 25 ans. Pour une vraie reprise, il faut avoir un nouveau focus sur des activités micro-manufacturiers à forte valeur ajoutée, mettre en valeur l’agro-industrie et moderniser les systèmes des chaînes de valeur existants et promouvoir des secteurs de l’innovation. Le secteur financier devrait aussi suivre et accompagner ces nouveaux axes de développement économique.
Le gouvernement a nommé une commission d’enquête sur la vente des actions de Britam. Un enquêteur a été nommé pour se pencher sur les transactions boursières concernant la New Mauritius Hotels (NMH). Quelle en est votre lecture ?
Le cas de la NMH est intéressant car un premier communiqué de la Financial Services Commission (FSC) disculpe les protagonistes de tout soupçon. Toutefois, la récente mise en place d’un investigateur pour le même cas, émet des doutes sur la cohérence au sein de l’institution financière. Certes, de nouvelles informations ont fait surface mais on aurait pensé que la FSC, étant le régulateur, aurait eu déjà vent de ce qui se passait autour de la place boursière. Les achats et ventes en grande proportion de certaines actions par des compagnies qui ont pas mal de points en commun devrait être déjà dans le viseur des autorités.
Est-ce un signe que notre système financier ne s’est pas encore hissé au niveau des grandes places mondiales ?
À Maurice, nous avons adopté les meilleures pratiques internationales qui nous ont été imposées, à grand frais d’ailleurs, et peut être aussi au coût du maintien de la compétitivité de notre secteur financier. Ainsi à Maurice, les due diligence respectent la FACTA et nous nous efforçons de suivre les normes de l’OCDE et Basel III parmi d’autres. C’est une chose de mettre les lois en place, et une autre d’avoir la capacité à comprendre des transactions de plus en plus complexes pour pouvoir tirer la sonnette d’alarme.
L’efficacité des institutions dépend de cette capacité à gérer les abus du système. (…) Il faut aussi qu’on réfléchisse sur les récentes saisies record de drogue. Pour cela, je salue le travail de ces policiers qui recherchent ces barons de drogue souvent au péril de leur vie. (…) Un niveau accru de vigilance des institutions financières est nécessaire pour ne pas se hisser au niveau mondial du marché noir financier.
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