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Manipulations, arnaques, violences, meurtre…Suraj Nalimoothoo : un prédateur aux multiples visages

Suraj Nalimoothoo aurait fait une traînée de victimes brisées et traumatisées.

Suraj Nalimoothoo, un homme violent et manipulateur, a été arrêté pour le meurtre de son épouse. Son passé est marqué par de nombreuses plaintes pour violences conjugales, escroqueries et cyberharcèlement. Pourtant, il aurait continué de sévir, en toute impunité, semble-t-il. 

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Suraj Nalimoothoo, 49 ans, arrêté le 26 décembre dernier pour le meurtre de son épouse, Priscilla Vencanah, n’est pas un inconnu de la police. Des plaintes pour escroquerie, sextorsion et violences conjugales émaillent son parcours. Malgré ces antécédents, il a continué à agir en toute impunité, laissant derrière lui une traînée de victimes brisées et traumatisées.

Le récit de ses victimes est glaçant. Sunita, 41 ans, en fait partie. Début 2021, elle brise le silence, dénonçant publiquement les humiliations et actes dégradants qu’elle a subis. Le point de rupture vient lorsqu’il diffuse trois vidéos de leurs ébats sexuels sur les réseaux sociaux ; une « vengeance » motivée par la décision de la quadragénaire de rompre avec lui. 

Sunita dépose alors plainte pour sévices sexuels, violence conjugale et Breach of ICT Act contre son amant. Suraj Nalimoothoo riposte. Utilisant de faux comptes, il publie des photos de toute la famille de Sunita, avec des commentaires grossiers et offensants sur les réseaux sociaux.

Le père de Sunita, âgé de 69 ans, porte plainte contre lui à la police de Brisée-Verdière pour menaces de mort et Breach of ICT Act. « Sa zom-la finn transform nou lavi dan enn veritab kosmar. Mo leker fermal ki li finn touy so madam. Li ti pe dir ki so gran kontak dan lapolis pa pou kapav fer li nanye. Li pa ti ezite fer ‘live’ lor TikTok, sit mo non ek non Sunita, avek bann menas an direk, ek lapolis zame finn fer nanye », déplore le sexagénaire. Au total, les proches de Sunita feront sept plaintes contre Suraj Nalimoothoo. 

Il était comme un prédateur. Une fois qu’il avait dépossédé une femme de tout ce qu’elle avait, il passait à la suivante»

Le modus operandi de Suraj Nalimoothoo était simple, mais efficace : il manipulait ses victimes pour les contraindre à contracter des dettes, puis les menaçait avec des photos intimes pour les maintenir sous son emprise. Une de ses anciennes compagnes, sous le couvert de l’anonymat, révèle qu’il l’a manipulée pour qu’elle contracte des prêts bancaires et achète des produits à crédit. « Il me disait que c’était pour construire notre avenir ensemble. Puis, une fois que j’ai signé les documents, son comportement a radicalement changé. Il est devenu distant et agressif, puis a commencé à me menacer avec des photos intimes qu’il avait prises », confie-t-elle d’une voix tremblante.

Un modus operandi qu’il aurait répété auprès d’autres femmes. « Il était comme un prédateur. Une fois qu’il avait dépossédé une femme de tout ce qu’elle avait, il passait à la suivante », explique une autre de ses ex-compagnes. Bien souvent, ses victimes, paralysées par la honte et la peur, se taisaient. D’autres ont trouvé le courage de déposer plainte, mais leur appel à l’aide est resté sans réponse efficace. 

Ce n’est pas tout. Derrière sa façade de Casanova, Suraj Nalimoothoo cacherait un tempérament explosif. Plusieurs de ses anciennes compagnes décrivent des épisodes de colère incontrôlable. « Il m’a frappée pour des choses insignifiantes, comme si j’étais une poupée », atteste une autre victime.

Ce déchaînement de violence a atteint son apogée lorsque dans la nuit du lundi 23 au mardi 24 décembre, Suraj Nalimoothoo a tué son épouse, Priscilla Vencanah, 47 ans. Le corps sans vie et en sang de cette dernière a été retrouvé aux petites heures dans le garage de la demeure familiale des Vencanah, à la rue La Reine, Stanley. Suraj Nalimoothoo s’était acharné sur elle, la poignardant à plusieurs reprises au visage.

Jeudi 26 décembre, Suraj Nalimoothoo s’est livré à la police de Montagne-Blanche. Il a été ensuite remis à la Major Crime Investigation Team (MCIT), chargée de l’affaire, et placé en détention. Le lendemain matin, il a été provisoirement inculpé devant le tribunal de Rose-Hill.

Pourquoi les nombreuses plaintes contre Suraj Nalimoothoo n’ont-elles pas abouti ? Ces questions hantent les proches de la défunte et ses anciennes victimes. Dans un dernier élan de courage, l’une d’entre elles déclare : « Nous ne pouvons pas ramener cette femme à la vie, mais nous pouvons nous assurer que Suraj ne fera plus jamais de mal à quelqu’un. Il faut que justice soit rendue, pour elle, pour nous, et pour toutes les autres qui ont souffert en silence. »

Arnaques en série

Les anciennes victimes de Suraj Nalimoothoo sont unanimes : le meurtre de Priscilla Vencanah n’est pas un crime passionnel, mais un acte motivé par l’argent. « Nous avons toutes essayé d’alerter les autorités, mais personne ne semblait nous écouter. Si quelqu’un avait agi, Priscilla Vencanah serait encore là aujourd’hui », s’exclament-elles. 

Véritable caméléon, Suraj Nalimoothoo se présentait tantôt comme un ex-officier de la Criminal Investigation Division, tantôt comme un homme d’affaires dans l’import d’or, et même un courtier de terrain, gagnant ainsi la confiance de ses victimes, tout en multipliant les arnaques avec une froide détermination.

Une habitante de Port-Louis, âgée de 35 ans, mariée et mère de famille, en a fait les frais. En 2022, elle l’a accusé de l’avoir escroquée. Tout a commencé lorsqu’elle a rencontré Suraj Nalimoothoo sur Facebook. Il s’était présenté comme courtier et a proposé de l’aider à vendre un terrain appartenant à son père. 

Pour la convaincre, il lui a présenté un soi-disant collègue, prétendument expert en démarches légales. En juillet 2022, sur la promesse que « tous les papiers seraient en règle », elle a versé Rs 70 000 pour les frais administratifs. Mais depuis, aucune formalité n’a été accomplie. Suraj Nalimoothoo a disparu, multipliant les excuses et évitant tout contact. Lorsqu’elle a menacé de porter plainte, il a utilisé des captures d’écran compromettantes de leurs échanges privés pour tenter de la discréditer et la faire taire.

Toujours en 2022, c’est Vilasha, mariée et vivant dans le nord, qui a été victime d’une arnaque orchestrée par Suraj Nalimoothoo. En janvier 2022, elle avait investi Rs 200 000 dans une opération commerciale, via une femme de confiance. Après six semaines, elle avait reçu Rs 35 000 en retour et une promesse de nouveaux produits à vendre. 

Par la suite, Suraj Nalimoothoo, qui s’était présenté comme un distributeur, l’a convaincue d’investir Rs 200 000 de plus, en lui promettant qu’il partirait à Dubaï pour des affaires liées à l’or et à la bijouterie. Un reçu a été délivré, et, après trois mois, il lui a remis Rs 200 000.

Cependant, dix jours plus tard, il est devenu injoignable. Lorsque les deux femmes ont tenté de le confronter, il a commencé à harceler et menacer l’entrepreneuse, l’accusant faussement d’avoir une relation avec lui. Il a revendiqué des connexions avec la CID et un homme au casier judiciaire chargé, pour intimider ses victimes, allant même jusqu’à évoquer des menaces de mort.

Réseaux sociaux

Suraj Nalimoothoo serait également un escroc actif sur Facebook. Razia, une mère de famille de 38 ans, en sait quelque chose. Il l’aurait approchée sur le réseau social en prétendant que son gendre, spécialisé dans l’aluminium, offrait des prix avantageux. Convaincue, la trentenaire lui a remis Rs 25 000, mais n’a jamais reçu les matériaux. 

« Quand je lui ai demandé de me rendre mon argent, il a commencé à me harceler et à me menacer. Début 2023, je suis allée déposer une plainte pour escroquerie au poste de Saint-Pierre. Les autorités ne sont jamais intervenues et le dossier est resté clos, car Suraj connaît bien les policiers de cette région », relate Razia.

TikTok est également un terrain propice à l’arnaque pour Suraj Nalimoothoo. Parmi ses victimes, on retrouve Varsha, 32 ans, coiffeuse à Petite-Julie, qui aurait été escroquée à hauteur de Rs 72 000. Elle confie : « Mo lakaz ti en renovasion, mo finn aste bann meb ek li dir li pou gard zot koe li. Apre li pa oule retourn mo meb. Li koumans menas mwa ek fer bann fos komenter lor mwa ek mo fami lor rezo sosial. »

Suraj Nalimoothoo, ajoute-t-elle, a posté de nombreux messages sur TikTok nuisant à sa réputation et à sa famille. En décembre 2022, elle a déposé deux plaintes pour Breach of ICT Act après la diffusion de posts diffamatoires, incluant des montages photos l’associant à des crimes liés à Suraj Nalimoothoo. 

  • defimoteur

     

 

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