Penser Maurice autrement. Réinventer la République. Moderniser le pays et le préparer pour les générations futures. C’est l’intention du sociologue Malenn Oodiah qui a lancé, le vendredi 6 septembre, à La Plage Factory, Port-Louis, le Manifeste de l’Avenir. Fruit de sept années de réflexion collective, ce document de 57 pages se veut une contribution citoyenne à l’approche des élections générales de 2024.
Malenn Oodiah espère que ce manifeste « retiendra l’attention des partis politiques à l’approche des élections et qu’il servira de point de départ pour des discussions sur les réformes essentielles pour l’avenir du pays ». L’ouvrage sera en vente à Rs 300 à certains points de vente.
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Appel à la transformation
Ce manifeste met en lumière les défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels le pays est confronté et propose des réformes structurelles pour repenser le développement de Maurice.
Dans l’avant-propos de son livre, Malenn Oodiah explique que l’exercice « se veut responsable, sérieux, réfléchi, honnête et résolument engagé pour une meilleure société. Il ne prétend pas être la vérité ni contenir des recettes magiques. La démagogie n’est pas porteuse d’avenir. J’invite à un débat démocratique et aux critiques constructives. Pour jeter les bases d’une république mauricienne démocratique avec ses droits, devoirs et libertés. Une société fondée sur des valeurs humaines, valorisant le vert et animée par une vraie modernité ».
Le Manifeste de l’Avenir aborde des thématiques variées, allant de la gouvernance à la santé publique, en passant par l’éducation et la jeunesse.
Vers une société plus équitable
Parmi les grands axes développés, l’accent est mis sur la nécessité de repenser le modèle de développement économique. Selon Malenn Oodiah, la course effrénée à la croissance économique au détriment de l’environnement a atteint ses limites. Le manifeste prône une alliance étroite entre écologie et économie, en appelant à un modèle de développement plus inclusif, durable et résilient face aux changements climatiques. Maurice, en tant que petite nation insulaire vulnérable, se doit d’adopter des politiques qui placent la durabilité au centre de ses préoccupations.
Un autre point crucial abordé est la refonte du système démocratique. Le manifeste appelle à un rééquilibrage des pouvoirs. Il propose une séparation plus claire entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. « Il convient de bloquer et de renverser la dynamique autocratique mortifère de ces dernières années. Le passage obligé pour construire l’avenir est le rassemblement de toutes les forces vives, des acteurs du développement et des acteurs sociaux. »
Appel aux jeunes générations
Le manifeste réserve une place particulière à la jeunesse, considérée comme l’avenir du pays. Pourtant, le constat dressé est sombre : beaucoup de jeunes Mauriciens se sentent désillusionnés par l’absence de perspectives et le manque de méritocratie. Ce qui pousse certains à envisager l’émigration. Pour contrer cette fuite des talents, Malenn Oodiah propose des politiques innovantes destinées à réengager les jeunes dans la construction de l’avenir du pays. « Pour lutter contre la fuite des cerveaux et des talents, une politique innovante est nécessaire pour redonner confiance dans le pays et pour éviter que le pays se vide d’une bonne partie de sa jeunesse », insiste-t-il.
L’éducation, vecteur fondamental de ce changement, nécessite également une révision en profondeur. Le manifeste appelle à une « révolution éducative » qui valoriserait la diversité des intelligences et permettrait l’épanouissement des talents dès le plus jeune âge. Il souligne l’importance d’une formation adaptée des enseignants et la nécessité de lutter contre les inégalités scolaires, pour faire de l’éducation un véritable levier de l’ascenseur social.
Réformes indispensables
Le Manifeste de l’Avenir n’élude pas la question cruciale de la santé publique, un domaine fortement éprouvé durant la pandémie de covid-19. Malgré des promesses de réformes, les problèmes structurels demeurent : manque de personnel soignant, pénuries de médicaments, infrastructures vétustes. Malenn Oodiah dénonce la tendance croissante du gouvernement à privilégier le secteur privé au détriment des soins publics, exacerbant ainsi les inégalités d’accès aux soins.
Enfin, le manifeste met en lumière la nécessité d’une refonte en profondeur de la gouvernance. « La corruption et la mauvaise gouvernance gangrènent notre système », estime le sociologue. Il appelle à la modernisation de l’État et à la numérisation des services publics, dans un souci de transparence et d’efficacité.
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