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Malversation dans l’affaire CorexSolar International Ltd : les lanceurs d’alerte sous pression 

Les lanceurs d’alerte du CEB sont sous les feux des projecteurs. Cela, alors que les autorités et la direction de l’organisme réagissent aux allégations de malversation liées au contrat attribué à CorexSolar International Ltd pour le développement d’une ferme solaire estimée à Rs 5 Md.

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La protection des lanceurs d’alerte à Maurice suscite une nouvelle fois des débats. Contrairement à de nombreux pays européens, comme la France, qui mettent en place d’importantes mesures de protection pour ceux qui dénoncent des actes de corruption, la situation à Maurice semble différente. Les révélations concernant le contrat attribué par le Central Electricity Board (CEB) à CorexSolar International Ltd pour le développement d’une ferme solaire d’une valeur de Rs 5 milliards ont provoqué une réaction hostile de la part de la direction de l’organisme.

Rajden Chowdarry, Officer-in-Charge du CEB, a pris des mesures en faisant deux dépositions deux jours après que Joanna Bérenger, députée du Mouvement militant mauricien (MMM), a fait des dénonciations. La première déposition concerne la députée mauve, tandis que la seconde dénonce la fuite d’informations. La police prend cette plainte au sérieux, et le Central Criminal Investigation Department (CCID) a mis en place un comité d’enquête pour découvrir l’identité de ceux qui sont à l’origine de ces allégations de malversation concernant l’attribution de ce contrat.

Selon nos sources, c’est Chavan Dabeedin, Renewable Energy and Strategic Projects Manager au CEB, qui est sous les feux des projecteurs. Il devrait être convoqué aux Casernes centrales bientôt. L’ancien juge Vinod Boolell est d’avis que la situation à Maurice concernant la protection des lanceurs d’alerte est « préoccupante ». « Actuellement, un article de la loi indique que ceux qui dénoncent des actes répréhensibles doivent être protégés. Cependant, il n’existe pas de loi globale spécifique à cet égard », fait-il ressortir. 

Selon lui, si l’on veut véritablement lutter contre la corruption, il est essentiel « d’encourager le whistleblowing ». « Dans de nombreux pays, les lanceurs d’alerte sont encouragés à signaler des comportements malhonnêtes. Il est donc absurde de mener des enquêtes sur les lanceurs d’alerte », dit-il. 

Vinod Boolell fait d’ailleurs ressortir qu’il est « ironique et inconcevable » qu’au lieu de mener des enquêtes, l’accent soit mis sur l’identification des lanceurs d’alerte. « Cela va à l’encontre de l’objectif de lutter contre la corruption. Par exemple, dans le cas du CEB, lorsque des modifications sont apportées aux dossiers après l’obtention du contrat, cela vient tout simplement fausser le jeu de la bonne gouvernance », fait-il ressortir.

Encadrement légal

Shakeel Mohamed, qui a siégé sur le comité parlementaire de l’Independent Commission Against Corruption (Icac), soutient avoir, en plusieurs occasions, voulu interpeller la commission anticorruption sur la nécessité de proposer un cadre légal autour des lanceurs d’alerte, mais cela a toujours été une perte de temps. « Je me souviens qu’à chaque fois qu’on voulait interpeller les représentants de l’Icac sur des réformes à apporter dans le cadre de la lutte contre la corruption, ils se montraient souvent sur la défensive, avec l’impression qu’ils bénéficiaient du soutien de certains membres du gouvernement », avance le député du Parti travailliste (PTr). 

Selon lui, toutes les institutions devraient être soumises à un examen approfondi, en mettant l’accent sur la liberté d’information et la totale transparence. « La persécution des lanceurs d’alerte suit un schéma récurrent, où l’Icac collabore avec la police pour cibler les dénonciateurs, sans que cela ne change au fil du temps, que ce soit sous le règne du gouvernement actuel ou précédent », constate-t-il. 

Financial Crime Commission

Le député rouge se dit aussi surpris par le fait que malgré les recommandations répétées faites à l’Icac en vue d’améliorer la situation de la bonne gouvernance et de la transparence à Maurice, aucune modification significative des lois n’a été mise en œuvre. « Il semble y avoir une impression que l’Icac et le gouvernement jouent dans la même équipe, avec la Commission suggérant des réformes au gouvernement, mais sans voir de réels changements. Un autre exemple concerne une personne souhaitant fournir des informations sur l’affaire du bail d’un terrain à Grand-Bassin, mais qui a été rejetée par l’Icac sans protection ni immunité », déclare-t-il.

Dans le cercle proche de l’Icac, des annonces ont été faites à plusieurs reprises quant à la volonté de renforcer la protection des lanceurs d’alerte à Maurice. Cette décision semble suspendue à la création de la Financial Crime Commission, qui devrait donner un nouvel élan à la lutte contre la corruption.

 

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