Ayant perdu son époux, il y a plusieurs années, Monique, 82 ans, vit le martyre au quotidien. Son arrière-petit-fils, qui vit avec elle, la menace, l’insulte et la frappe. Le 11 mai dernier, dans un accès de colère, Ryan, 15 ans, l’a tellement cognée qu’elle s’est retrouvée à l’hôpital.
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« Combien de temps encore vais-je devoir endurer cette situation ? » demande Monique (prénom modifié), qui vit dans une maison qu’elle loue à Rivière-des-Anguilles. La vieille dame a les traits tirés. Après avoir dénoncé son arrière-petit-fils à la police vendredi, elle craint son retour. « J'ai eu dix enfants, dont quatre sont morts, et je n'ai jamais eu de soucis avec eux. Je m'occupe de mon arrière petit-fils depuis qu'il est âgé de 11 jours mais il n'a aucune reconnaissance. »
Tout a commencé il y a 15 ans. Alors que son époux et elle vivent sur la propriété de Britannia, une de ses petites-filles débarque chez eux avec un nouveau-né dans les bras. « Quand je l’ai vue, j’ai pleuré. Li ti ena enn bout baba 11 zour dan so lame. » Monique reconnaît que l’arrivée de l’enfant l’a prise au dépourvu.
Dans un premier temps, sa petite-fille lui aurait dit qu’elle cherchait du travail dans la région de Rivière-des-Anguilles. « Elle est repartie et est revenue au bout de quatre jours, se souvient Monique. Elle a vécu quelque temps chez nous, puis elle a commencé à délaisser son bébé avant de disparaître à nouveau. Elle est retournée après quatre mois. Mon époux et moi n’étions pas d’accord. Puis, elle n’est jamais revenue. Nou mem inn get zanfan la. » La vieille dame indique qu'ils n'ont jamais su qui était le père de Ryan.
Monique consacre son temps au petit alors que les visites de ses enfants se font de plus en plus rares. « Mo pas ti pe les li tousel. » Au fur et à mesure que Ryan grandit, son attitude change. « Mo misye ti dir mwa ena move dan li. » Son mari meurt et elle se retrouve seule à élever et subvenir aux besoins du petit, âgé de deux ans.
« Si ce canapé pouvait parler… »
« Monn avoy li lekol me kot met li gaygn repros. Li kontan bate e enn zour linn pran enn ross linn avoy lor enn tifi. » À maintes reprises, il est rappelé à l’ordre. « Je lui ai expliqué que ce n’était pas bien de se battre, mais il ne m’écoutait pas. » Et plus les années passent, plus cela devient difficile pour Monique de s’occuper de Ryan.
À un certain moment, ils quittent la propriété de Britannia pour s'installer dans une maison à Rivière-des-Anguilles. Après le primaire, Ryan entre en secondaire. « Trwa mwa linn fer dan Form 1 avan li aret lekol », explique Monique. Ses ennuis empirent. « Enn sel kout linn pousse, linn pousse, linn vinn pli long ki mwa. » Dès lors, l’adolescent s’en prend à son arrière-grand-mère. Cette dernière, en larmes, raconte que Ryan a commencé à fréquenter des gens qui ne sont pas de son âge. « Je ne peux rien acheter à la maison, car il vole tout, même ma pension y passe. Quand je le gronde, il m’insulte, il me frappe à coups de poing, il me donne des coups de pied. Si ce canapé pouvait parler, il vous dira le nombre de fois où il m’a agressée. J’avais un vase, vieux de 26 ans, et en une fraction de seconde, il l’a réduite en poussière lors d’une querelle. »
Ryan grandit et Monique ne sait plus à quel saint se vouer. Elle consigne des plaintes pour vol mais au bout de quelques jours de détention, il revient. « Mo bizin dormi lizie ouver, li mem pa konpran sa soufrans ki li pe fer mwa sibir », confie Monique. Un jour, raconte-t-elle, Ryan a pris un déodorant et l’a aspergé aux yeux de son arrière grand-mère. Il lui a dit que c’était une plaisanterie, mais depuis elle voit mal d’un œil. « Kan li lakaz mo bizin bouss mo zorey. Mo dir li aret koze, li tro koz brit. Li fer mwa trouv nwar ! »
Le vendredi 11 mai, l’adolescent rentre avec un sabre. « Il m’a dit qu’il l’avait trouvé en chemin et il l’a nettoyé. Apre li dir mwa enn zour li pou servi sa kont mwa. » Vers 19 heures, Ryan s’apprête à sortir et Monique lui demande où il se rend. « Linn an koler e li dir mwa ‘get sa lipie la, mo pou fer twa vomi disan par la bous ek nene’. » Il joint le geste à la parole et roue son arrière-grand-mère de coups. « Linn donne mwa koud pwin, monn gaygn di mal partou, apre linn ale. »
Monique se couche, le corps endolori. Ce n’est que le lendemain qu’elle fait une déposition contre l’adolescent pour maltraitance avant d’être hospitalisée. Ryan est arrêté, lundi, par la police de Rivière-des-Anguilles. Il passe la nuit dans un centre de détention. Le lendemain, il comparaît en cour.
« Mo per li, mo kone li pa pou sanze me se pa so fot, dit Monique. Si enn dimoun inn trouv li fer kikchoz pas bizin bat li, amen li la polis. » Elle pensait qu’à son âge, elle pouvait passer le reste de sa vie dans le calme. Désormais, elle prie pour que son enfer cesse.
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