Malgré l’intervention de la Banque de Maurice - Importations, inflation, spéculation... : le casse-tête du marché des devises 

La Banque de Maurice a vendu 310 millions de dollars sur le marché des changes de janvier au 24 novembre 2023. Cependant, certains opérateurs rencontrent toujours des difficultés à obtenir des devises pour régler leurs factures d’importation. 

Comment se porte le marché des devises à l’approche de la période festive ? Le gouverneur de la Banque de Maurice (BoM) disait, en septembre dernier, que la demande de devises connaît, chaque année, « un pic à cette période », avec l’influence des importations supplémentaires. 

Les chiffres de Statistics Mauritius démontrent une tendance haussière des importations de Maurice lors du dernier trimestre. En novembre 2019, les importations totales ont augmenté de 6,1 % par rapport à octobre 2019. Trois ans plus tard, en octobre 2022, les importations totales grimpaient de 19,9 % par rapport à octobre 2021. En novembre 2022, le niveau d’importation affichait une hausse de 14,3 % par rapport au mois précédent. Poussant ainsi la BoM à intervenir sur le marché des changes. En cas de nouvelle intervention cette semaine, le montant total d’injection pour le mois de novembre serait supérieur à celui d’octobre (75 millions de dollars). En effet, la BoM a vendu 25 millions de dollars à trois reprises sur le marché des changes en ce mois de novembre. 

Pour autant, des importateurs peinent à obtenir des devises. Ce n’est pas Anand Ajoodha, directeur de Funny Traders Co. Ltd, qui dira le contraire. Il va jusqu’à affirmer que l’approche de la période festive n’est pas l’unique cause de la situation actuelle : « Cette situation compliquée perdure depuis sept, voire huit mois. » Funny Traders Co. Ltd, qui requiert 500 000 dollars chaque mois pour ses importations, a été contrainte d’annuler certaines commandes à l’étranger pour la période de fin d’année. L’entreprise s’est rabattue sur des fournisseurs locaux, ce qui a affaibli sa compétitivité en termes de prix sur le marché. « Certains fournisseurs étrangers étaient en colère car nous ne parvenions pas à régler nos factures d’un seul trait, alors que nous obtenions la quantité de devises par tranche. Nous avons diminué le nombre de conteneurs d’importation », concède-t-il.  

Maurice a accueilli 1 026 771 touristes entre janvier et octobre dernier. Les revenus touristiques pour les huit premiers mois de l’année se chiffrent à Rs 54,68 milliards, contre Rs 36,29 milliards pour la période correspondante en 2022. Interrogé sur une éventuelle pénurie de devises sur le marché en dépit des recettes touristiques, un banquier admet qu’il aurait dû y avoir une normalisation du marché des devises. Or, dit-il, l’élément cyclique d’octobre et novembre traduit une période de pointe sur le marché des devises. Le banquier explique que le jeu des spéculations est toujours d’actualité, ce qui n’est guère favorable pour un pays qui affiche un déficit commercial. De plus, ajoute-t-il, l’inflation globale, la crise en Ukraine et au Proche-Orient influent aussi sur le marché des devises.