
Le Dr Samia Hafez Amir, de Diabetes Prevention & Care, tire la sonnette d’alarme. Les cas de diabète, d’obésité et d’hypertension liés à la malbouffe se multiplient, y compris chez les enfants. Elle revient sur l’évolution inquiétante de la situation, les difficultés rencontrées dans la prise en charge médicale, les répercussions sur la société mauricienne et les pistes de prévention.
L’obésité, le diabète et la malbouffe deviennent une tendance inquiétante et l’évolution est sans appel selon le Dr Samia Hafez Amir de Diabetes Prevention & Care. Les complications liées à la malbouffe augmentent à Maurice, et ce phénomène touche désormais les plus jeunes. « C’est particulièrement visible chez les enfants et les jeunes adultes », explique-t-elle. Lors d’un dépistage organisé récemment dans une madrassah, sur 35 enfants examinés, 17 étaient en surpoids ou obèses. « C’est un constat véritablement alarmant », insiste-t-elle.

Les produits les plus problématiques sont ceux que petits et grands consomment le plus notamment les boissons sucrées (sodas, boissons énergétiques, jus en brique), snacks industriels (chips, biscuits, crackers), nouilles instantanées et plats préparés riches en sel et en conservateurs, ainsi que les céréales de petit-déjeuner destinées aux enfants mais extrêmement sucrées.
Fréquence ou quantité ?
Pour le médecin, c’est la fréquence qui pose le plus de danger. « Manger du fast-food fréquemment entraîne une surcharge chronique en calories, sucres et graisses malsaines. Cela conduit au surpoids, à la résistance à l’insuline, à l’hypertension et, par conséquent, aux maladies cardiaques et à certains cancers », fait-elle comprendre. À l’inverse, le corps peut généralement supporter une consommation occasionnelle si l’alimentation est équilibrée au quotidien.
Cependant, les jeunes générations sont en première ligne. « Les aliments transformés et ultra-transformés sont désormais accessibles partout. Cela installe des habitudes de dépendance au sel, au sucre et aux graisses, rendant difficile l’appréciation des aliments sains », explique le Dr Hafez Amir. Elle constate également un changement de profil des patients au fil du temps. « De plus en plus de jeunes adultes consultent, parfois sans antécédent familial de diabète. Cela touche toutes les classes sociales, car la malbouffe est omniprésente », observe-t-elle.
Un problème national
Contrairement à certaines idées reçues, les différences entre zones urbaines et rurales n’existent plus. « C’est la même chose partout sur l’île », affirme-t-elle. Et cela devient un vrai challenge pour le corps médical. En effet, stabiliser les patients reste un défi de taille. « Les envies alimentaires (cravings) et le coût des produits plus sains sont des freins majeurs », soutient-elle. Le manque d’adhésion aux recommandations est également fréquent car les patients veulent essayer, « mais notre mode de vie rend difficile le suivi régulier d’une alimentation saine, d’une activité physique et des traitements. »
Le coût des soins peut aussi constituer une barrière. Pourtant, des gestes simples peuvent améliorer la situation selon elle. « Marcher davantage chaque jour, par exemple, peut aider à perdre du poids, améliorer la gestion des maladies chroniques et parfois même réduire les doses de médicaments », fait-elle ressortir.
Une société fragilisée
Et avec une population devenue peu à peu obèse, la malbouffe n’affecte pas seulement la santé des individus, mais aussi celle du pays tout entier. « Avec de plus en plus de jeunes adultes affectés et développant des complications précoces, la population active diminue », déplore le Dr Hafez Amir. Elle parle sans hésiter d’une « épidémie silencieuse » qui pèse lourdement sur l’économie nationale.
Pour freiner cette tendance, la clé est la prévention, en commençant par les plus jeunes. « Il faut sensibiliser dès l’enfance », insiste-t-elle. Les écoles et les réseaux sociaux ont, selon elle, un rôle crucial à jouer. La directrice de Diabetes Prevention & Care soutient aussi l’idée d’un étiquetage nutritionnel plus strict sur les produits transformés. « Je suis totalement pour », affirme-t-elle. Cela permettrait aux consommateurs de faire des choix plus éclairés.
L’activité physique, une arme essentielle selon l’OMS
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) rappelle que bouger régulièrement est l’un des meilleurs moyens de prévenir les maladies chroniques. Chez l’adulte, il est conseillé de pratiquer entre 150 et 300 minutes d’activité physique modérée par semaine, comme la marche rapide, le vélo ou la natation. Les plus sportifs peuvent opter pour 75 à 150 minutes d’effort intense, par exemple la course ou le fitness, à compléter par des exercices de renforcement musculaire au moins deux fois par semaine.
Pour les enfants et adolescents, la barre est placée plus haut ; l’OMS recommande au moins 60 minutes d’activité par jour, de préférence soutenue, sous forme de jeux, de sports ou simplement d’activités physiques de plein air. L’inactivité physique est aujourd’hui considérée comme l’un des principaux facteurs de risque de diabète, d’obésité, de maladies cardiovasculaires et même de certains cancers.

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