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Malaise à la NADC : Sam Lauthan sur un siège éjectable

Sam Lauthan, président de la NADC, critiqué pour le manque de plan d’action concret.

La NADC peine à convaincre depuis sa création. Son président, Sam Lauthan, est sur la sellette, entre controverses sur le cannabis et inquiétudes face aux drogues synthétiques.

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À peine cinq mois après sa création, la National Agency for Drug Control (NADC) est déjà au cœur de la tourmente. Chargée de piloter la nouvelle politique antidrogue nationale, l’agence peine à convaincre. Et son président, Sam Lauthan, semble désormais assis sur un siège éjectable.

Ses récentes déclarations sur la dépénalisation du cannabis ont ravivé les tensions, au moment même où les drogues synthétiques continuent de se propager à un rythme inquiétant. Dans ce contexte explosif, même Rezistans ek Alternativ (ReA), partenaire du gouvernement au pouvoir, prend ses distances et critique ouvertement la NADC. Et ReA n’est pas seule. Au sein même du Cabinet, des ministres travaillistes ainsi que du MMM se disent plutôt mécontents de la performance de la NADC jusqu’ici.

C’est toute la stratégie nationale de lutte contre la drogue qui est remise en question. Ce qui alimente le malaise, c’est avant tout le silence de l’agence et l’absence d’un plan d’action concret. Pourtant, dans le National Agency for Drug Control Bill présenté à l’Assemblée nationale, le gouvernement affichait de grandes ambitions : distinguer les trafiquants des usagers, adopter une approche multidisciplinaire et renforcer la surveillance maritime contre les importations de stupéfiants.

La participation de Sam Lauthan à l’élaboration de ce projet devait asseoir sa crédibilité. Mais cinq mois plus tard, les choses n’ont pas beaucoup avancé. Pire encore, ses prises de position sur la légalisation et la dépénalisation du cannabis ont semé la confusion. Un jour, il rejette toute légalisation ; le lendemain, il laisse entendre que la dépénalisation pourrait être envisagée.

Un discours jugé flou et contradictoire, qui fragilise la NADC et son président. Les voix de plusieurs travailleurs sociaux se sont élevées pour réclamer sa démission pure et simple. Lors d’une conférence de presse samedi, Rezistans ek Alternativ a sévèrement critiqué la lenteur et le manque de structure de l’agence.

Le parti parle d’un organisme sans feuille de route claire, doté d’un comité ministériel de 16 membres « qui n’a pas produit de directives tangibles ». « Le dossier n’a pas trop avancé », déplore ce partenaire du gouvernement.

Face à la polémique, Sam Lauthan n’a pas souhaité réagir. Dans son entourage, on parle d’une pression jugée injuste, rappelant que la NADC n’en est qu’à ses débuts. Une source proche du dossier estime que ReA aurait dû faire ses critiques en interne, plutôt que de les exposer publiquement. « Il faut nous donner du temps pour mettre les choses en place », plaide-t-elle. Mais sur le terrain, l’impatience grandit.

Alors que la crise des drogues synthétiques s’aggrave, des citoyens passent à l’action, excédés par l’inaction des autorités. Des opérations coup de poing ont eu lieu ces dernières semaines à Plaine des Roches et Plaine-Magnien, symboles d’un ras-le-bol face à une criminalité qui semble gagner du terrain.

Le public, lui, ne réclame plus de discours. Il veut des résultats et vite.

Qu’est-ce que la NADC ?

La National Agency for Drug Control (NADC), ou Agence nationale de contrôle des drogues, est l’organisme suprême à Maurice chargé de lutter contre la consommation et le trafic de drogues. Créée par la National Agency for Drug Control Act de 2025, elle fonctionne comme un corps paraétatique indépendant.

Ses objectifs principaux visent la réduction de la demande de drogues via la prévention, le traitement, la réhabilitation et la réintégration sociale des usagers, ainsi que la minimisation des risques sanitaires comme la transmission du VIH/SIDA et de l’hépatite C. Elle coordonne également la réduction de l’offre en empêchant l’entrée, la production et la disponibilité des stupéfiants.

Structurée autour de divisions spécialisées – Politique, Recherche et Stratégie ; Services de traitement et réhabilitation ; Prévention et sensibilisation publique ; Coordination de la prévention et des soins pour le VIH/SIDA ; et Coordination de la réduction de l’offre –, la NADC est dirigée par un Conseil de contrôle des drogues présidé par un nommé du Premier ministre. Ce conseil inclut des représentants des ministères (Affaires intérieures, Santé, Éducation), de la police, des prisons et de la société civile, dont des ONG. Un directeur général, nommé pour trois ans, gère les opérations quotidiennes.

Récemment, la NADC a dévoilé une Stratégie nationale pour contrer l’abus et le trafic de drogues, adoptant une approche holistique couvrant l’application des lois, la prévention et le traitement. Elle mène aussi des campagnes contre les drogues synthétiques.

 

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