Maladies cardioasculaires : 40 000 Mauriciens touchés

3 % de la population, soit quelque 40 000 Mauriciens, sont touchés par les maladies cardiovasculaires. Le pays connaît aussi un rajeunissement de ceux touchés  par cette maladie. En cause, les nombreux facteurs de risques : le diabète, l'hypertension, l'obésité et le manque d'activités physiques.

Les maladies cardio-vasculaires représentent la première cause de mortalité à Maurice, avec 1 934 cas l'année dernière, selon les chiffres du Health Statistics Report de 2016. Est pointée du doigt la mauvaise qualité de vie des Mauriciens.

C'est ce qu'explique le Dr Rabindranath Kowlessur Jugessur, consultant en charge en cardiologie à l'hôpital Dr A.G. Jeetoo. Il était l'invité de l'émission Xplik ou Cas Santé de Radio-Plus.

« Quand on parle de maladies cardiaques à Maurice, c'est principalement des artères qui sont rétrécies en raison d’une mauvaise hygiène de vie », nous explique le cardiologue. En sus d'une mauvaise alimentation et le manque d'activités physiques, le tabagisme, le diabète, l'hypertension, le stress et l'abus d'alcool sont parmi les facteurs principaux qui provoquent ces maladies.

Le Dr Jugessur souligne aussi qu'il y a un rajeunissement des maladies cardiovasculaires en raison de ces facteurs de risque. À son avis, le nombre de personnes souffrant de ces maladies est alarmant, d'autant plus qu'il est possible de les prévenir à travers une meilleure hygiène de vie.

Le médecin ajoute que l'insuffisance cardiaque est une forme de complication des maladies cardiovasculaires, mais qui vient en dernier lieu. L'angine de poitrine, les artères rétrécies, l'hypertension, le diabète, la maladie des valves mitrales (La valve mitrale (VM) ou valve bicuspide, anciennement appelée valvule mitrale, est la valve cardiaque qui sépare l'atrium gauche du ventricule gauche. La valve mitrale est également appelée valve atrio-ventriculaire gauche) apportent des déformations des muscles cardiaques.

En cas d'insuffisance cardiaque, le cœur n'arrive pas à pomper avec suffisamment de force le sang dans l'organisme pour lui permettre de bien fonctionner. Ce qui provoque des rétentions d'eau.

« Le cœur a pour rôle de pomper le sang pour alimenter l'organisme dans son ensemble. Quand il ne peut jouer son rôle, c'est la stase, c'est-à-dire que le sang va rester plus longtemps dans les membres inférieurs ou les organes comme dans le poumon, ce qui fait que l'on a des signes d’une insuffisance cardiaque », explique-t-il. Le Dr Jugessur ajoute que le sang doit circuler. Quand il reste plus longtemps dans les pieds, par exemple, cela provoque un œdème des membres inférieurs, c'est-à-dire que les pieds vont enfler.

Mais cela peut aussi survenir dans les poumons. Le cœur étant dans l'incapacité de pomper tout le sang qu'il reçoit dans les poumons parce qu'il est malade, le sang va rester dans les poumons et se transformer en eau. Ce qui va provoquer chez le malade un étouffement ou un essoufflement à l'effort ou encore une toux sèche le soir quand il est allongé. Le cardiologue ajoute qu’il arrive un stage où il y a trop d'eau dans les poumons et que le patient entre dans une phase de décompensation. Il doit alors être admis à l'hôpital et être placé sous ventilation afin qu’il puisse respirer.

D'autres signes peuvent aussi indiquer que l'on souffre d'une insuffisance cardiaque : douleurs abdominales, s'il y a une congestion hépatique avec de l'eau qui est accumulée dans le foie. Le patient se retrouve alors dans une situation où il n'a pas faim ou n'a pas envie de manger. Il va ressentir aussi de la fatigue, car le cœur n'arrive pas à pomper ou va vite se fatiguer. Il y aura aussi de l'essoufflement à l'effort, des palpitations avec le cœur qui bat vite.

Types d'insuffisance cardiaque

Ce sont les insuffisances cardiaques d'ordre ischémique, c'est-à-dire que l'artère s'est rétrécie et le muscle du cœur est abîmé que l'on retrouve le plus souvent à Maurice. Il y a aussi, les maladies valvulaires avec des patients qui ont des valves serrées. En raison d'une négligence, l'âge avancé du patient ou des comorbidités qui n'ont pas pu être opérés,  entraînent une insuffisance cardiaque.

Il y a aussi, les cardiomyopathies. Avec une épidémie de grippe, au bout de deux à trois semaines, certaines personnes peuvent avoir une inflammation du cœur qui par une réaction immunitaire va dilater les artères. Ce n'est pas très commun, mais ce sont des choses qui arrivent.

Les patients qui subissent des traitements contre le cancer peuvent avoir des problèmes cardiaques du fait que les médicaments qu'ils prennent tuent les cellules cancéreuses. Cela peut aussi endommager les cellules musculaires. Ce qui fait, qu'il y a des cas de coeurs dilatés chez les patients cancéreux. L'insuffisance cardiaque touche 3 % de la population et est mortelle dans 50 % des cas.

Nouvelles tendances

Les hommes étaient plus affectés par les maladies cardiovasculaires que les femmes par le passé. Avec l'évolution, c’est la tendance inverse qui est notée. Selon le Dr Rabindranath K. Jugessur, cela est dû au fait que les femmes travaillent dans les mêmes conditions de stress que les hommes. Mais, il note aussi qu'il y a plus de femmes qui fument et qui ne font pas autant d'exercices physiques.

Le rajeunissement des maladies cardiovasculaires est provoqué par le tabagisme. Dans la plupart des cas, cette maladie est génétique ou est liée au diabète qui touche de plus en plus les jeunes. Ajouté à cela, il y a la malbouffe. Dans le cas d’antécédents familiaux, il est recommandé, dès l'âge de 30 ans, de faire un bilan de santé régulièrement.

Traitements

Il y a différents niveaux de traitements pour l'insuffisance cardiaque. Le premier a trait à un régime hygiéno-diététique : diminuer le sel (sodium) dans les aliments, car cette substance provoque une accumulation dans le corps. Les patients qui souffrent d’une insuffisance cardiaque font aussi de la rétention d'eau. Pour cela, ils ne doivent pas prendre plus de deux litres d’eau par jour.

Il y a des traitements médicamenteux mais aussi non-médicamenteux pour combattre le stress. On note la méditation, le yoga ou le tai-chi. Pour les patients qui sont sous médicaments, ils doivent suivre leur prescription à la lettre en dépit du nombre de médicaments qu'on leur a donné pour prendre chaque jour qui peut-être de 4 à 5, dépendant des cas. Si la personne souffre du diabète ou d'une autre pathologie, elle doit aussi prendre ses autres médicaments afin d'éviter toute complication de santé. « Il ne faut jamais mettre ses médicaments de côté sous prétexte qu'il y en a trop à prendre », fait ressortir le Dr Jugessur.

Dans les cas les plus graves, il y a des traitements chirurgicaux : invasifs et non-invasifs. Les traitements invasifs sont l'angiographie pour déboucher l'artère et améliorer la circulation du sang. Les muscles du cœur ont été faits de telle façon qu'il y a des cellules hibernantes qui sont dans les muscles du cœur.

Elles vont être en hibernation pendant un certain temps si elles ne sont pas stimulées. Si ces cellules arrivent à avoir le sang nécessaire, elles vont recommencer à travailler. Certains patients peuvent bénéficier de piles (pacemaker) pour stimuler le cœur en cas d'insuffisance cardiaque, mais il y a des critères bien établis qu'il faut respecter. Cela va aider à la synchronisation du cœur du côté gauche comme celui du droit.