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Maisons de retraite : quand la résignation et l’oubli s’installent

Vivre dans une maison de retraite est souvent l’ultime recours de certaines personnes âgées, alors que d’autres le font par choix. Rencontre des pensionnaires.

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À la maison de retraite Grand-mère Grand-père à Baie-du-Tombeau, nous rencontrons un groupe de femmes qui font un brin de causette. C’est ainsi qu’elles passent leur journée, confient-elles. Elles préfèrent passer leur retraite dans un « home » ; être parmi les gens de leur âge et ne pas être un fardeau pour leurs enfants.

« C’est ma première année ici. Je ne sais pas quand je vais les voir, mais je sais qu’ils m’apporteront de jolis cadeaux. Je les aime tant…» Clarisse

Toutefois, concernant la fête des Mères, Midgie, Anne et Anne-Marie ne partagent pas le même avis. Midgie, 70 ans, fêtera pour la deuxième fois cette fête à la maison de retraite. Cette mère de quatre enfants, dont deux sont à l’étranger, confie qu’elle ne sait pas encore si ses enfants viendront la voir. Mais, si ce n’est pas le cas, elle n’a aucun problème à passer cette journée avec ses meilleures amies.

« Quand j’étais jeune, j’allais chez ma mère accompagnée de mon mari. Cette année, je pense que les enfants vont venir me voir et m’apporter des cadeaux. Quand j’étais plus jeune, on était tous ensemble à profiter de cette fête, mais maintenant les enfants travaillent et je les comprends parfaitement. Je passe beaucoup de temps chez ma sœur », explique-t-elle.

Le mari d’Anne, 79 ans, habitait aussi la maison de retraite avant de décéder en 2010. Anne est restée à la résidence, car elle estime que c’est mieux ainsi. Elle a fini par créer son univers à la maison de retraite. Elle est d’avis que désormais ses enfants ont leur vie personnelle et professionnelle.

« Au lieu de rester seule toute une journée pendant que mes enfants travaillent, je suis bien mieux ici. De plus, j’ai des problèmes de santé. Ici, on se sent bien, car la solitude ne nous ronge pas. J’ai maintenant l’habitude de passer plus de temps avec mes amies ici. Nous faisons des plaisanteries et nous nous confions. J’ai trois enfants qui sont à Maurice et j’ai cinq petits-enfants. Mes enfants m’emmènent chez eux de temps en temps. Ils viennent me voir pour toutes les fêtes, y compris la fête des Mères. Mes petits-enfants m’offrent des cadeaux et on joue ensemble », dit-elle.

Anne-Marie, 96 ans, devient nostalgique, quand elle parle de ses quatre enfants qui vivent en France. Elle habite la maison de retraite depuis plus de deux ans. Son fils est à Maurice, mais ne peut pas se déplacer souvent pour la visiter, car il est souvent malade.

« Ma petite fille m’appelle de l’étranger et pour moi c’est très important. J’aime parler avec elle. Je ne me souviens pas de la dernière fois qu’on a fait la fête des Mères ensemble. Mes filles m’appellent chaque année pour me dire “Bonne fête maman” et j’aimerai bien les voir et passer du temps avec elles. En même temps, je comprends que c’est cher de venir souvent à Maurice », indique-t-elle.

Clarisse, 90 ans, est mère de sept enfants. Ces derniers, qui sont en Australie, viennent au pays à tour de rôle pour s’occuper de leur mère. Selon le responsable de la maison de retraite, sa fille compte lui faire une surprise et rentrer au pays pour la fête des Mères.

Quand on l’interroge sur ce qu’elle va faire cette année pour la fête des Mères, elle a du mal à retenir ses larmes. Bien qu’elle ne s’ennuie guère et passe sa journée à regarder la télévision et à faire des blagues avec les autres résidents, elle attend ses enfants avec impatience. « C’est ma première année ici. Je ne sais pas quand je vais les voir, mais je sais qu’ils m’apporteront de jolis cadeaux. Je les aime tant… », fait-elle observer.

Ambiance de fête

« C’est très jovial pendant les fêtes, mais je pense toujours à mes enfants pendant ces moments. Cette année, je ne sais pas encore si mon fils viendra me voir. Je n’ai aucune attente » Marie Thérèse Vaillant

Marie Thérèse Vaillant, 78 ans, est divorcée et ses quatre enfants habitent avec son mari. Elle est allée en France pour travailler pendant plus de 35 ans. Quand elle est rentrée au pays, son fils la conduite à la maison de retraite Rosie Le Même Home.

« Je ne m’ennuie pas ici. Il y a des visiteurs qui viennent pour les fêtes et qui nous apportent plein de bonnes choses. C’est très jovial pendant les fêtes, mais je pense toujours à mes enfants pendant ces moments. Cette année, je ne sais pas encore si mon fils viendra me voir. Je n’ai aucune attente. S’il vient, je serai très ravie de le voir, mais si ce n’est pas le cas, je me contenterai de ce qu’on organise pour nous ici », fait-elle comprendre.

« J’aurais voulu être avec mes enfants pour la fête des Mères. Ils me manquent », témoigne Noëlla Baya, 54 ans, quand on lui annonce que c’est la fête bientôt. Cette mère de trois enfants se souvient de l’époque quand elle passait la fête des Mères en famille.

« Une mère pense toujours à ses enfants, peu importe où elle se trouve. Je crois que ma fille viendra me voir. En général, elle m’appelle la veille pour confirmer » Noëlla Baya

« Je leur préparais leurs plats préférés. Une mère pense toujours à ses enfants, peu importe où elle se trouve. Je crois que ma fille viendra me voir. En général, elle m’appelle la veille pour confirmer. Si elle vient, je suis sûre qu’elle m’offrira de jolis vêtements ou m’emmènera chez elle. Je voudrai qu’elle m’emmène faire une promenade. Je veux juste passer du temps avec mes enfants. Je sais que je dois retourner ici après, mais ce n’est pas grave. Leur travail est exigeant et ils sont mariés et ont des responsabilités familiales », ajoute-t-elle.

Noëlla Baya raconte que son quotidien se résume à regarder la télévision, à se détendre et à jouer le loto. « J’aime bien sortir et changer d’air et si c’est avec mes enfants, c’est encore mieux. »

Il n’y a pas que les mamans qui se sentent seules dans les maisons de retraite, en particulier pour la fête des Mères. Régis Nurkoo parle de sa famille et confie que deux de ses trois enfants ne sont pas à Maurice et que son épouse est décédée… Puis il fond en larmes.

« J’aime jouer avec mon petit-enfant. Parfois, mon fils nous emmène faire un tour en voiture. Sinon, je me contente de leur parler au téléphone. C’est notre sort après tout. On vit ici et on passe notre temps à regarder la télé » Régis Nurkoo

« Celui qui est à Maurice vient me voir rarement et je vais chez lui. J’aime jouer avec mon petit-enfant. Parfois, mon fils nous emmène faire un tour en voiture. Sinon, je me contente de leur parler au téléphone. C’est notre sort après tout. On vit ici et on passe notre temps à regarder la télé. On parle avec les visiteurs qui viennent pour faire des dons. Nos amis deviennent notre nouvelle famille. On finit par se sentir bien, car on s’habitue à être loin de sa famille », poursuit-il.

Padmini, 84 ans, a passé plus de huit ans à Ruth Résidence. Mère de quatre enfants, elle confie qu’elle ne se souvient pas de la dernière fois qu’elle a profité d’un moment de famille. Elle voit ses enfants quand ils viennent passer les vacances au pays. Entre-temps, elle se consacre à la couture, à la lecture et à faire des exercices avec les autres résidents.

« Le dernier dîner en famille date de plusieurs années. Mon fils qui vit à Maurice vient me voir quand il a le temps. Pour ce qui est de la fête des Mères, je ne sais pas ce qu’il a prévu.

J’irai à l’église pour prier pour toutes les mères. Je pense qu’il viendra dans l’après-midi et m’apportera le déjeuner pour qu’on mange ensemble. Il apporte des cadeaux tels que des vêtements ou des parfums », relate-t-elle.

« De temps en temps, j’avais la tête ailleurs quand je pensais à mes enfants. Cette semaine, j’ai hâte de voir mon fils. Je ne veux pas de cadeau, car j’ai déjà tout ce qu’il faut » Marie Thérèse Mooken

« J’aurai aimé passer la fête des Mères avec vous tous l’année prochaine », c’est le message de Marie Thérèse Mooken, 92 ans. « Gilber mo kontan zot, mwa zot mama mo kone zot ousi zot bien kontan mwa ». La gorge nouée et d’une voix tremblante, cette mère de six enfants se remémore les moments passés avec eux.

« Je me souviens encore de la dernière fête qu’on a passé ensemble. J’avais préparé du poulet, de la viande et de la salade. J’ai perdu deux enfants et deux autres sont à l’étranger. Les deux qui sont à Maurice viennent avec mes petits-enfants, quand ils ont un peu de temps. Sinon, je passe la journée dans ma chambre à faire des prières. Je sors pour faire des exercices, pour parler avec les autres pendant le déjeuner et le dîner. »

Elle a déjà célébré la fête des Mères avec les résidents la semaine dernière et elle s’est bien amusée. « De temps en temps, j’avais la tête ailleurs quand je pensais à mes enfants.

Cette semaine, j’ai hâte de voir mon fils. Je ne veux pas de cadeau, car j’ai déjà tout ce qu’il faut. Mais j’aurai aimé qu’il m’apporte un gâteau pour qu’on le déguste ensemble », souhaite-t-elle.

  • defimoteur

     

 

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