Main-d’œuvre bangladaise : les agents recruteurs out

Le gouvernement mauricien compte durcir le processus de recrutement de la main-d’œuvre étrangère originaire du Bangladesh. Le Memorandum of Understanding (MoU) qui sera bientôt signé entre les deux pays vise à mettre hors d’état de nuire les agents recruteurs illégaux qui exploitent ces ouvriers.

Les Bangladais souhaitant travailler à Maurice pourront s’enregistrer en ligne sans passer par des recruteurs. Un Memorandum of Understanding (MoU) sera signé entre Maurice et le Bangaldesh. Des proches du dossier affirment que cette démarche vise à « en finir avec les recruteurs qui prennent de fortes sommes d’argent aux étrangers souhaitant travailler à Maurice, ce à leur détriment ».

Le ministère du Travail veut donner la chance aux Bangladais souhaitant travailler dans le pays d’être indépendants. Dans les mois à venir, l’enregistrement gratuit par voie électronique sera disponible. Des recoupements démontrent que des représentants du ministère du Travail ont déjà entamé des pourparlers avec les autorités bangladaises depuis deux mois en vue de signer le MoU.

Dans la pratique, expliquent des proches du dossier, c’est le gouvernement bangladais qui aura la tâche de s’occuper des dossiers de recrutement. Une fois à Maurice, les ressortissants étrangers seront à la charge du ministère du Travail. Des agents recruteurs attitrés et opérant au noir, ont tendance à réclamer de fortes sommes d’argent aux ouvriers lors des procédures de recrutement.

Service gratuit en ligne

Le ministre du Travail, Soudesh Callichurn, explique que des négociations sont en cours en vue de « mettre un contrôle en place au Bangladesh et d’éliminer les agents recruteurs locaux. Cette initiative vise à se débarrasser des agents recruteurs qui assument les rôles d’intermédiaires ».

Le ministère du Travail veut à tout prix mettre fin aux abus qui sont commis lors du recrutement de la main-d’œuvre étrangère dans le pays. Ces agents ont tendance à « saigner » des travailleurs en réclamant des sommes exorbitantes par tête, fait ressortir Soodesh Callychurn au Défi Quotidien.

Le ministre souligne que, dans la pratique, les Bangladais intéressés à travailler à Maurice devront s’enregistrer dans leur pays d’origine. « Le gouvernement du Bangladesh publiera une liste officielle des agents recruteurs. Le service sera gratuit et se déroulera de gouvernement à gouvernement. Les compagnies désirant recruter de la main-d’œuvre étrangère devront faire le déplacement au Bangladesh », précise le ministre du Travail.

21 967 Bangladais à Maurice

À ce jour, le nombre d’ouvriers bangladais travaillant dans le pays est de 21 967. Ces ouvriers opèrent principalement dans les secteurs du textile et de la construction. L’Inde est en seconde position avec 8 401 ouvriers, puis Madagascar (3 898) et la Chine (2 421).

Par ailleurs, les chiffres du ministère du Travail démontrent qu’il y a un total de 31 330 ouvriers travaillant dans le secteur manufacturier et 5   001 dans le secteur de la construction.

Les recruteurs ont recours aux ouvriers bangladais en raison de la pauvreté extrême et la rareté de l’emploi auquel leur pays fait face. Pour régler leurs frais de déplacement, ils vendent terrains et animaux de ferme ou encore empruntent de l’argent auprès de leurs proches.

Feizal Ally Beegun, représentant syndical des travailleurs étrangers, salue cette initiative du gouvernement. « Il était temps de mettre de l’ordre dans ce secteur. Le ministère du Travail ne devrait pas se limiter qu’aux travailleurs bangladais. Je serais ravi si les ouvriers malgaches et népalais pouvaient bénéficier des mêmes traitements », fait ressortir le représentant des travailleurs.

« On ne connaît rien du Bangladesh et de son ministre du Travail. Le recrutement de la main-d’œuvre étrangère, qui se fait de gouvernement à gouvernement, est délicat en soi. Il faut effectuer des examens avant d’enclencher tout recrutement, mais le plus important demeure de mettre la main sur des personnes performantes pouvant répondre à l’appel », dit Feizal Ally Beegun.

Travailleurs étrangers par pays et par sexe

Source : Ministère du Travail