Interview

Mahen Jhugroo, ministre des Collectivités locales : «Pas de partage du poste de Premier ministre aux prochaines élections»

Le ministre des Collectivités locales indique que le MSM ne fera pas d’accord à l’israélienne pour la prochaine joute électorale. Il s’explique aussi sur l’affaire des biscuits, des projets à Agaléga et le cas Dewdeen.

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Trente-quatre ans après avoir adhéré au Mouvement socialiste militant (MSM), vous êtes finalement ministre. Est-ce une récompense pour votre loyauté ? 
Oui. Ma fidélité, ma loyauté et ma sincérité au parti ont été reconnues par Pravind Jugnauth. C’est vrai que d’autres, des juniors, ont été nommés ministres dès leur premier mandat. Je suis conscient qu’il y a plusieurs considérations à prendre en compte en désignant un ministre. Je ne me suis jamais rebellé et je n’ai pas non plus menacé de quitter le parti.

C’est durant mes années au collège, au New Eton, à Rose-Hill, que j’ai décidé de faire de la politique active. J’ai été inspiré par les membres du Mouvement militant mauricien (MMM) qui s’y réunissaient. Parmi, il y a avait sir Anerood Jugnauth. En 1983, lorsqu’il a fondé le MSM, j’ai décidé de me rallier derrière lui.

Vous ne le savez peut-être pas. J’ai fait mes premiers pas en politique comme colleur d’affiches. J’ai d’abord été un militant de la base avant de gravir un à un les échelons au sein du parti.

N’y a-t-il pas tout de même une différence entre la philosophie du MMM et celle du MSM ?
Les deux épousent la même école de pensées. Ils ont fonctionné correctement lorsqu’ils étaient en alliance. Notamment entre 2000 et 2005. Tel n’a cependant pas été le cas avec le Parti travailliste, voire le Parti mauricien social-démocrate. Il y a une grande différence dans la façon dont les leaders de ces deux formations opèrent, comparé à ceux du MSM et du MMM.

Il n’est un secret pour personne que les ministres de Navin Ramgoolam peinaient pour obtenir un rendez-vous avec lui. Quand le MSM était en alliance avec le Parti travailliste en 2010, j’ai moi-même sollicité une rencontre avec Navin Ramgoolam. Sa secrétaire m’avait fixé un rendez-vous dans trois mois.

Est-il possible que le MMM et le MSM affrontent les prochaines élections en alliance ? D’autant que les mauves ne sont pas chauds à l’idée d’une union de l’opposition...
Rien n’est impossible en politique, mais il est trop tôt pour en débattre. Puis, nous nous entendons très bien avec notre partenaire, le Muvman liberater.

«On ne peut comparer Nandanee Soornack à Sheila Hanoomanjee. Nandanee Soornack, elle, a été protégée.»

Est-ce à dire qu’il n’y a aucune autre alliance en vue ?
Le leader du MSM en décidera à l’approche des élections. Je suis certain qu’il nous mènera vers la reconquête du pouvoir. Cette fois, il n’y aura pas de partage du fauteuil de Premier ministre. Nous avons un jeune leader. Il présentera son bilan au moment opportun et les Mauriciens pourront apprécier ce qu’il a accompli.

Un des dossiers brûlants sous votre responsabilité ministérielle concerne les marchands ambulants. Comment comptez-vous résoudre ce problème ?
Je dois d’abord saluer le travail accompli par sir Anerood et mon prédécesseur, Anwar Husnoo. Nous devons respecter les verdicts de la Cour suprême. Les administrations régionales se plaignant du manque de collaboration des forces de l’ordre, j’ai contacté le commissaire de police afin qu’il s’assure que chacun fasse son travail.

Qu’en est-il des soucis avec les pompiers ?
J’ai eu une rencontre avec les responsables du Mauritius Fire and Rescue Service pour discuter des problèmes liés à leur flotte de camions. Des contrats pour l’entretien de ces véhicules ne sont jamais respectés. Des entretiens sont effectués dans des garages non conformes et par des mécaniciens pas suffisamment formés. Les dégâts causés aux camions peuvent alors être énormes.

Il est grand temps que ce service ait son propre Mechanical Engineer et sa propre équipe de mécaniciens. L’entretien des camions de pompiers est très complexe. Le fait d’enlever une batterie peut endommager le système électronique d’un véhicule. J’ai adressé une demande au ministère des Infrastructures publiques pour qu’un ingénieur mécanique soit seconded on duty à ce service. J’attends une réponse.

Que s’est-il passé avec le camion acheté à Rs 15,7 millions il y a quatre ans pour Agaléga ?
C’est un gros scandale. Je n’arrive pas à comprendre la logique derrière cette acquisition. Le camion ne peut être débarqué dans l’archipel en raison de l’absence d’une piste d’atterrissage pour un gros porteur et il n’y a pas de jetée non plus pour débarquer ce véhicule. Il dort donc au garage et n’est mis en marche que de temps en temps.

Quand la jetée et la nouvelle piste seront-elles construites  à Agalega ?
D’ici 2018. Aussitôt que j’ai prêté serment, j’ai été en Inde pour participer à une réunion de haut niveau à New Delhi en compagnie du haut-commissaire de l’Inde à Maurice. Un appel d’offres sera lancé incessamment. Une jetée ainsi qu’une piste d’atterrissage de 3 000 mètres seront construites. La piste pourrait même être utilisée en urgence par des appareils en route vers Maurice, ou vice versa. Ces infrastructures auraient dû avoir été installées depuis bien longtemps. En tant que directeur de l’Outer Island Development Corporation, j’avais prévu que ces deux installations allaient être opérationnelles sous le gouvernement de Navin Ramgoolam.

Est-ce que ce sont des Mauriciens ou des Indiens qui vont construire des hôtels à Agaléga ?
Aucune demande n’a été faite jusqu’ici. Dans le passé, le groupe IBL se proposait d’y construire des chalets. Nous n’allons pas permettre des développements sauvages. Nous allons favoriser des projets d’éco-tourisme qui seront dans l’intérêt des Agaléens. Tout le volet de dessalement de l’eau de mer et de production d’électricité a été évoqué à New Delhi dans l’éventualité que des bateaux de croisière puissent mouiller dans l’archipel.

Vous avez été un des grands détracteurs de Nandanee Soornack à l’Assemblée nationale. Comment analysez-vous le commerce de biscuits de Sheila Hanoomanjee avec les boutiques hors taxes de l’aéroport?
Ce n’est pas parce qu’elle est la fille de Maya Hanomanjee qu’elle ne peut traiter avec la Mauritius Duty Free Paradise. Elle peut faire du business avec qui elle veut. Les boutiques hors taxes ont décidé de traiter avec la fille de Maya Hanoomanjee, car ses produits en valent la peine.

Pourtant, vous vous plaignez que Nandanee Soornack ait obtenu des contrats sans appel d’offres…
Est-ce que les boutiques hors taxes lancent des appels d’offres ?

Le gouvernement a pourtant annulé le contrat de Dufry. Et il y a la perception que Sheila Hanoomanjee a obtenu le contrat à cause de son patronyme. Esko aurait-il pu vendre ses biscuits à l’aéroport ?
Il faut donner l’occasion à ceux qui font du commerce localement de placer leurs produits à l’aéroport. Il y a eu pire dans le passé. Elle a fait une proposition qui a été acceptée. On ne peut comparer Nandanee Soornack à Sheila Hanoomanjee. Nandanee Soornack, elle, a été protégée.

Est-il normal que la maison de la Speaker serve de QG pour une compagnie fournissant des biscuits à une société de l’État ?
Sheila Hanoomanjee a parfaitement le droit d’utiliser la maison de ses parents. Vers qui d’autres devait-elle se tourner ? C’est la coutume à Maurice que des parents hébergent leurs enfants. Mahen Jhugroo, ministre des Collectivités locales : «Pas de partage du poste de Premier ministre aux prochaines élections»

 

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