Interview

Mahen Govinda : «Apporter de la valeur ajoutée aux flux d’investissements passant par Maurice»

Mahen Govinda (Regional Head of Client Services chez Ocorian)

Comment optimiser l’investissement étranger qui passe par Maurice ? Pour Mahen Govinda, Regional Head of Client Services chez Ocorian, il n’y a que deux façons d’y arriver : ajouter de la valeur aux flux d’investissements et améliorer la connectivité entre Maurice et l’Afrique.

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Quel est le rôle de Maurice par rapport à l’Afrique en sa capacité de centre financier international ?
Maurice a démontré que le pays a l’écosystème nécessaire pour attirer les capitaux étrangers et faire que ces capitaux puissent être diffusés, canalisés vers des pays émergents en Afrique. La raison principale pour laquelle des investisseurs, des fonds d’investissements ou même des bailleurs de fonds utilisent Maurice, c’est notre gouvernance. C’est l’élément-clé qui a permis d’attirer les capitaux qui sont structurés chez nous pour être ensuite dirigés vers des projets de développement sur le continent africain.  

Quelle est la contribution de Maurice en matière de flux d’investissements vers  l’Afrique ?
Si vous regardez les statistiques de la Financial Services Commission (FSC), elles montrent qu’en 2012 il y avait 15 milliards de dollars de structuration à Maurice qui sont partis vers l’Afrique. En 2017, ce montant a doublé, passant à 30 milliards de dollars. Donc, de plus en plus d’investisseurs ont confiance dans la juridiction mauricienne. Il y a tout un écosystème qui contribue à cela : la bonne gouvernance, le système bancaire, ainsi que des sociétés comme Ocorian, qui connaissent bien l’Afrique.
Je pense toutefois qu’on peut aspirer à plus. Il y a à peu près 47 milliards de dollars d’investissements directs étrangers (IDE) qui partent vers l’Afrique tous les ans. Je pense qu’on a donc la possibilité d’attirer beaucoup plus d’investissements à Maurice, et surtout d’ajouter de la valeur à ce flux de capital qui passe par le pays, que ce soit en matière de légalité, de ‘corporate finance’, ou de gestion d’actifs, entre autres.

Quels sont les défis auxquels sont confrontés les services financiers ?
Les grands défis, bien que l’écosystème soit favorable pour la structuration du capital en Afrique, restent la connectivité. Nous sommes très peu connectés avec les pays africains, mis à part l’Afrique du Sud et le Nairobi. Donc, nous prenons beaucoup de temps pour voyager et aller en Afrique, et vice-versa, nos clients perdent du temps pour venir à Maurice.
L’autre élément-clé, c’est qu’il faut absolument que nous apportions de la valeur ajoutée aux flux d’investissements qui passent par Maurice. Nous avons très bien fait dans tout ce qui est ‘middle office’ (sociétés financières qui gèrent les risques, calculent les profits et les pertes, entre autres). Cependant, les grandes décisions ne sont généralement pas prises à Maurice, et c’est ce qui fait défaut. Il faut vraiment qu’on fasse en sorte que les gestionnaires de fonds, gestionnaires de fortunes et autres acteurs de la finance, qui peuvent apporter de la valeur ajoutée, viennent s’installer à Maurice. Pour réussir cela, tout l’environnement de vie à Maurice doit être amélioré afin d’attirer ces gens-là.

Justement, comment procéder pour améliorer cette connectivité ?
Il va falloir attirer certaines grandes compagnies aériennes. Je pense principalement à Ethiopian Airlines, car Addis-Abeba, la capitale de l’Éthiopie, est devenue un hub pour l’Afrique. Air Mauritius a fait quand même pas mal d’efforts pour nous connecter vers l’Asie, avec plus de couloirs aériens.

 

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