À Mahébourg hier : une histoire de plantes dégénère en arrestation musclée

• Georges Ah Yan : « Je suis victime d’une vengeance »

La vidéo a enflammé les réseaux sociaux en quelques heures. Le mercredi 14 mai, Mahébourg a été secoué par une scène surréaliste : des policiers, accompagnés d’agents du Conseil de district de Grand-Port, ont procédé à l’arrestation musclée de Georges Ah Yan pour ce qui semble être... une histoire de pots de fleurs. Sur les images, on voit l’activiste être traîné sur plusieurs mètres avant d’être embarqué de force dans une fourgonnette de la police. Le motif avancé : une obstruction sur la voie publique. Nos tentatives pour obtenir des explications auprès du Conseil de district sont demeurées vaines.

Joint par téléphone peu après sa libération, Georges Ah Yan soutient qu’aucun avertissement formel ne lui aurait été adressé par le Conseil de district. « Je n’ai jamais reçu de papier m’intimant l’ordre de retirer mes plantes. J’étais dans mon restaurant avec mon frère quand j’ai vu débarquer la police et les officiers du Conseil. Je leur ai demandé où était le document signalant une quelconque obstruction. Ils n’ont rien pu me montrer », confie-t-il, encore bouleversé par l’intervention.

Il affirme que la situation s’est envenimée après qu’il a demandé des explications. Un policier aurait été blessé dans la bousculade, ce qui aurait justifié l’arrestation. Mais l’intéressé parle d’un geste d’autodéfense et surtout d’un usage excessif de la force.

Georges Ah Yan déplore, par ailleurs, les circonstances de sa détention. Il avance avoir passé cinq longues heures au poste de police, sans explication claire sur les accusations retenues contre lui. « Ils m’ont retenu pendant cinq heures, sans m’expliquer ce qu’on me reprochait. Je n’ai pas eu droit à une défense, ni à une assistance légale », avance-t-il.

Georges Ah Yan en est convaincu : il serait victime d’une vengeance ciblée dont l’origine serait une vidéo qu’il avait publiée en octobre 2024. À l’époque, il dénonçait les retards dans l’ouverture de la foire de Mahébourg, s’adressant directement aux autorités. Depuis, aucune réponse ne lui aurait été apportée, et il souligne avoir intensifié la pression ces dernières semaines. « J’ai demandé des comptes, j’ai voulu mettre de l’ordre. Voilà ma récompense aujourd’hui », lâche-t-il.

Connu pour ses prises de position tranchées et ses critiques publiques à l’encontre de certaines décisions des autorités locales, il estime que son engagement dérange: « Je n’ai aucun bord politique, mais j’aime mon pays. J’ai souvent dénoncé des dysfonctionnements, notamment autour de la foire de Mahébourg. Je pense que je paie aujourd’hui le prix de ma franchise. ‘Mo fer lagel, mo denonse’. »

Georges Ah Yan entend porter l’affaire devant la justice. Il a déjà pris contact avec l’avocat Rama Valayden pour entamer une procédure. « Mes avocats préparent une injonction pour que je puisse récupérer mes plantes. Mais il ne s’agit pas que de cela : ceux qui ont mal agi devront assumer. Nous allons organiser une manifestation très bientôt », indique-t-il.