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Mahébourg Espoir Education Center : l’abcd des délaissés

Au fond de la salle, la rectrice Annick Yeung.
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Ces adolescents ne savaient ni lire ni écrire. Grâce au Mahébourg Espoir Education Center, ils ont pu développer leurs divers talents. Incursion dans une école où l’amour et l’empathie sont les maîtres mots.

À les voir, on dirait un troupeau de moutons. Mais ces adolescents sont, eux, dans des salles de classe. Ou plutôt, des conteneurs. Apprendre à lire et à écrire est leur mission première. Ce qu’ils n’ont jamais su en étant enfants. Même pas l’abcd élémentaire.

Au Mahébourg Espoir Education Center, il y a de l’amour. De l’empathie. De la volonté. De l’espoir. Dans la salle Papillon, les jeunes sont âgés entre 13 et 18 ans. Ils sont du niveau de la Grade 4. « Ce sont des ‘dropouts’ du système éducatif. Ils n’arrivaient plus à suivre le cursus. Chez nous, ils sont à l’aise mais en retard académiquement. On doit leur enseigner avec du visuel, leur apprendre les tables », explique Ginette Rabaye, l’une des éducatrices. Ils en sont à la table 4. Sur le mur, du graphisme, des dessins…

Magdala, elle, est éducatrice en craft art. « Les enfants se défoulent, je leur apprends à mélanger les couleurs pastel, de la cire. Ils font des merveilles avec leurs mains. » Effectivement, à voir les oeuvres qu’ils créent de leurs mains, de la récup de vieux journaux, c’est impressionnant.

La directrice, Annick Yeung, est la cheville ouvière de cette école spécialisée. L’ex-directrice du collège Lorette de Mahébourg se donne à fond avec son équipe. Tous des enfants du Sud. L’ONG est financée par la National Solidarity Inclusion Foundation et est sponsorisée par le secteur privé, dont Vivo Energy.

« Ici, tout est réglé. C’est sérieux. Je voulais une bonne retraite, mais on est venu me chercher car je connais la région et j’ai voulu aider », dit Annick Yeung. Elle est d’ailleurs à la recherche d’une relève.

« Cette école est venue en aide à des quartiers qui étaient dans le besoin. On aide aussi des familles qui sont en détresse financière, comme dans les cités La Chaux et Tôle. Ces adolescents qui viennent chez nous n’ont souvent pas un déjeuner chez eux et ils sont heureux de pouvoir se nourrir. Le repas est comme un appât, ils viennent, mangent, apprennent, s’amusent, se font des amis et s’entraident. C’est une source de vie », souligne-t-elle avec beaucoup de tendresse dans la voix.

mahebourg
Des oeuvres faites main d’élèves qui n’ont pas de bagage académique solide.

Couture : les jeunes s’y mettent

Ils ne savaient pas comment tenir une plume, mais manient l’aiguille avec une dextérité qui étonne. Que ce soit des filles ou des garçons, ils s’adonnent à la couture. Marjorie Berthelot dirige cette salle et a les yeux tout pétillants. « Les jeunes ont du talent, il faut juste les encadrer. Ils font de la couture et de la broderie à la main et à l’aiguille. Ils sont excellents. »

Dans la salle de classe nommée Anthurium, il y a Grace. Elle n’a été qu’à la maternelle. Elle ne savait ni lire ni écrire. Même pas son doux prénom. Elle aurait pu mal finir, eh bien non.

« J’habite St-Hilaire, mes parents sont divorcés, j’ai 15 ans. Je ne savais rien et c’est dans cette école que j’ai tout appris. Je suis des cours et j’arrive désormais à construire des phrases à travers le numeracy et literacy, je comprends les tables et je veux devenir couturière », confie la jeune fille, les mains occupées avec son aiguille à broder et son métier. 

Michella, elle, a 16 ans. Elle a fréquenté le collège Lorette jusqu’au Grade 9 en prevoc et habite Beau-Vallon. « Je voudrais devenir pâtissière », souligne-t-elle. 

L’éducatrice Hedwige Drack, une habitante de Mahébourg, est là depuis l’ouverture du centre en 2011. « Certains élèves se sentent obligés de venir, alors que d’autres le font par plaisir. On les prépare pour un examen afin qu’ils puissent suivre des cours au MITD, mais c’est un traumatisme, ils sont stressés », avance-t-elle.

À la maternelle

Petit détour à la maternelle. C’est l’heure du déjeuner. Sandra est la maîtresse de ces petits bouts de chou, il y en a 23 âgés entre 3 et 5 ans. « Après le naufrage du Wakashio, trois écoles maternelles ont fermé et les parents ne pouvaient plus payer la maternelle ailleurs. La compagnie MOL, à travers I61, une fondation internationale, nous a demandé d’ouvrir une aile maternelle sur deux ans qu’elle va financer jusqu’à ce que le gouvernement mauricien nous subventionne. Les enfants ont à manger et à boire. Souvent nous offrons un food pack à leurs parents », précise Annick Yeung.

Le Mahébourg Espoir Education Center est bien plus qu’une école. C’est une maison de paix, de joie et de tendresse. Un concept qui mériterait d’être promu un peu partout dans l’île.

Banana Circle

banana
C’est un pudding des restes de pain de la semaine qui était prévu pour le petit déjeuner de vendredi.

Il y a un coin qu’il fait bon de visiter. D’abord l’aquaponique où l’on fait pousser des légumes, de la menthe, des laitues et autres. Il y a aussi des poissons. 

Antonio se charge de ce petit coin. Il fait du compostage et fait venir des patates douces et autres légumineuses. Le tout finira dans les assiettes des 63 personnes, élèves et personnel compris.

Au menu en ce mercredi : bouillon « bred mouroum » et du foie sauté et un yaourt nature sucré. Et, pour le goûter de l’après-midi, des biscuits et du thé au lait. Vendredi, au petit déjeuner, un pudding fait avec des restes de pain de la semaine, attendait les enfants.

 

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