Maha Shivratri : une célébration sacrée en l’honneur de Shiva

Ce vendredi 8 mars, nos compatriotes de foi hindoue célèbrent Maha Shivratri, l’une des fêtes les plus importantes du calendrier hindou. Après avoir effectué le pèlerinage vers le Ganga Talao à Grand-Bassin et observé un jeûne de plus de 10 jours, les fidèles se préparent à entamer la Grande Nuit de Shiva. Une prière sera prononcée en hommage aux six jeunes disparus dans des circonstances tragiques, le 3 mars, à Arsenal.

«Maha Shivratri rend hommage au Dieu Shiva, aussi connu comme Mahadev, et à son union sacrée avec la déesse Parvati. En outre, c’est le jour où Shiva a ingéré le poison pour sauver l’univers, le maintenant dans sa gorge, qui est rapidement devenue bleue. Il a ensuite reçu de l’eau du Gange pour atténuer sa douleur. C’est pourquoi de l’eau sacrée est versée sur le Shiva lingam, la pierre sacrée représentant Shiva », explique le Dr Acharya Sharad Pandey Bhugwant Ji.

Cependant, suite aux événements tragiques ayant coûté la vie à six jeunes pèlerins le dimanche 3 mars à Arsenal, une prière sera dite en hommage aux personnes décédées avant que ne débutent les prières de la Grande Nuit de Shiva ce vendredi 8 mars. 

« Lorsque quelqu’un décède lors d’un pèlerinage, il obtient directement la libération et rejoint Mahadev. C’est le cas de ces six jeunes, désormais aux côtés de Shiva. Bien que les familles endeuillées souffrent de ce départ soudain, elles peuvent se consoler en sachant que leurs enfants ont trouvé leur place auprès de Shiva », soutient le Dr Acharya Sharad Pandey Bhugwant Ji.

Ainsi, pour célébrer le Dieu Shiva, les fidèles observent un jeûne de 10 jours, voire de 21 jours ou encore jusqu’à 40 jours pour certains. Tout commence avec la construction des « kanwars ». Pendant cette période, les croyants s’abstiennent de consommer de la viande et récitent leurs prières ‘shiv abhishek’, tout en entonnant des chants dévotionnels chaque jour.

Quelques jours, voire une semaine, selon l’endroit où résident les fidèles, avant la Grande Nuit de Shiva, ces dévots entreprennent un pèlerinage, ‘Yatra’ vers le Ganga Talao afin de rapporter de l’eau du lac sacré. Certains portent les « kanwars » ornés de statues du Dieu Shiva et d’autres divinités.

Une fois arrivés à Grand-Bassin, les pèlerins s’adonnent à des prières sur les berges du lac, adressées à la déesse Ganga, qui est la divinité de l’eau. Ensuite, les fidèles collectent l’eau sacrée qu’ils rapportent chez eux pour les célébrations. Une partie de cette eau est utilisée pour purifier leur maison.

Ce vendredi 8 mars, les fidèles se lèvent tôt et se rendent au shivala (temple) de leur localité. Ils apportent avec eux une partie de l’eau sacrée ainsi qu’une offrande composée de feuilles de Bael, de lait et de fruits, etc. Le pandit procède alors à un rituel, et l’eau sacrée ainsi que le lait sont versés sur le Shiva lingam. 

De retour à la maison, des prières sont récitées et les fidèles se préparent pour le ‘Chaar Pahrr Ki Puja’, la Grande Nuit de Shiva qui se déroule dans les temples de 18 heures à 6 heures le lendemain matin.

Ce rituel s’étend sur quatre séances, de 18 heures à 21 heures, de 21 heures à minuit, de minuit à 3 heures et de 3 heures à 6 heures du matin. Les dévots récitent des mantras, dont le « Om Namah Shivaya » et d’autres prières pendant les rituels d’Abhishekam. Ils versent du lait, du miel, du lait caillé, du beurre clarifié et de l’eau sucrée sur le Shiva lingam.

En effectuant ces prières, ils demandent la bénédiction du Dieu Shiva pour leur vie quotidienne, leur santé, leur guidance dans la pratique de bonnes actions, l’harmonie et la protection contre les ténèbres.

Pranesh Appunah : « Le ‘yantra’ est très important. »

Le pèlerinage est un moment que Pranesh Appunah ne rate jamais, sauf pendant le confinement. Comme chaque année, l’habitant de Nouvelle-France quitte sa maison la veille des célébrations pour se rendre au Ganga Talao. « Nous nous rendons au Ganga Talao en famille. Le ‘yantra’ pour moi est très important. Nous nous rendons au pied de Shiva en chantant des chants dévotionnels dans la ferveur », dit Pranesh Appunah.

Pranesh Appunah s’apprête également à entamer la Grande Nuit de Shiva. « Pendant cette nuit de prière, je prie pour mes parents, mes proches et l’île Maurice entière. Je demande la santé, la paix, la prospérité et le bonheur. »

Akash Jankee : « C’est dans la tristesse que nous avons entamé ce pèlerinage »

Akash Jankee, résidant de Piton, a commencé son pèlerinage en compagnie de sa famille et de ses amis de la société Piton Saraswatee Arts, depuis le lundi 4 mars, et est rentré chez lui jeudi. Cependant, il admet que l’ambiance était différente par rapport aux années précédentes.

« C’est dans la tristesse que nous avons entamé ce pèlerinage. La mort de ces six pèlerins a été un choc et nous avons effectué notre pèlerinage sans musique que ce soit à l’aller comme au retour. Nous avons une pensée spéciale pour les parents des six jeunes, à qui nous présentons nos sympathies », souligne Akash Jankee.

Akash Jankee effectue le pèlerinage au Ganga Talao depuis l’âge de 13 ans, et cette fête revêt pour lui une grande importance. Il a d’ailleurs entamé son jeûne d’un mois. « Ce mois de jeûne a été marqué par de nombreuses séances de prières. »

Pour lui, la Grande Nuit de Shiva est le moment le plus important de cette fête. Il s’apprête d’ailleurs à entamer cette nuit de prière dans la ferveur.

Anista Tacouri : « Chaque famille partage un gâteau chaque jour et nous prions ensemble »

Anista Tacouri, mère de deux enfants et habitante de Triolet, jeûne depuis un mois, son carême ayant débuté avec la fabrication du kanwar avec le ‘Om Vedanta Group’.

« C’est toute la famille et d’autres fidèles qui se réunissent pour la fabrication du « kanwar » dans un esprit de partage. Chaque famille partage un gâteau chaque jour, et nous prions ensemble », confie Anista Tacouri.

Bien qu’elle se rende au Shivala ce matin pour les rituels, elle ne pourra cependant pas se rendre au temple pour la Grande Nuit de Shiva en raison de ses enfants en bas âge. « Même si je ne pourrais pas me rendre au Shivala, je vais faire mes prières à la maison. »